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Le promoteur Réalités mise sur l'industrialisation de la construction hors-site

De plus en plus d'acteurs s'engagent sur la voie de la construction hors-site. Convaincu du potentiel de cette méthode de préfabrication, le promoteur immobilier Réalités pense néanmoins qu'il faut l'industrialiser pour qu'elle soit rentable.

Bâtiment  |    |  C. Lairy
Le promoteur Réalités mise sur l'industrialisation de la construction hors-site
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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C'est l'une des dernières manifestations d'une tendance de plus en plus marquée en France et à l'international, le développement accéléré de la construction à ossature en bois hors-site, qui consiste à déplacer le chantier au sein d'un atelier ou d'une usine : mardi 16 mai, à La Janais, en banlieue immédiate de Rennes (35), le promoteur nantais Réalités a procédé au lancement officiel de l'entreprise Mayers. Et exprimé symboliquement une nouvelle ambition pour ce qui était jusqu'alors Réalités BuildTech (RBT), un pôle réunissant plusieurs expertises (ingénierie, architecture, bureau d'études environnement, etc.) adossés à un outil industriel : « généraliser l'usage de procédés de fabrication bas carbone pour soutenir la transition écologique du secteur de la construction ».

“ On a des pistes d'optimisation pour gagner en productivité, plus faciles à explorer en usine que sur chantier ” Quentin Goudet, Mayers
Fusion de Makers et Layers (calques en anglais), Mayers est « un clin d'œil à l'addition de couches successives d'expertises indispensables à la construction bas carbone : architecture, ingénierie, industrie hors-site, construction », détaille Bertrand Favre, son nouveau président, jusqu'alors directeur des projets stratégiques et innovants chez Réalités.

La nouvelle entreprise va s'ouvrir à une clientèle extérieure et proposer à tous les acteurs du marché (promoteurs, constructeurs, bailleurs sociaux, etc.) une gamme de services allant de la conception à la réalisation, en passant par la fabrication, partant du principe que « l'avenir réside dans l'industrialisation de la construction hors-site », selon Bertrand Favre. « C'est primordial pour nous de maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur : il faut que nous soyons en capacité d'embarquer nos contraintes industrielles dès la phase de conception des bâtiments (modélisation), jusqu'à l'acheminement et l'assemblage des modules préfabriqués sur le chantier : c'est l'une des clés de la réussite de la construction hors-site », appuie Quentin Goudet, l'un des deux nouveaux directeurs généraux de Mayers, qui occupait précédemment la direction générale de RBT Industrie.

L'industrialisation n'exclut pas la personnalisation

De Tessa Industrie à Mayers

Avec la naissance de Mayers, c'est toute une aventure qui se poursuit pour ce qui était au départ Tessa Industrie, entreprise d'Ille-et-Vilaine (35) spécialisée dans la construction de maisons à ossature en bois. Créée en 2019 par Jérôme Philippe et Arnaud Marchand, l'entreprise avait déjà, à l'époque, cette particularité de pousser assez loin le curseur de la fabrication hors-site, en atelier. Le pli de l'industrialisation s'est accéléré en 2021 avec le déménagement sur un site de plus de 10 000 m2 à La Janais, en banlieue de Rennes, puis sa vente au groupe immobilier nantais Réalités – qui, dans la foulée, pour héberger cette nouvelle activité, a créé Réalités Building Technologies, ou Réalités BuildTech (RBT), son pôle ingénierie, architecture, bureau d'études, construction et robotisation.

Pour l'heure, sur plus de 10 000 m2, l'usine de La Janais peut fabriquer chaque année 75 000 m2 de façades correspondant à 700 modules en 3D, soit trois modules de 18 m2 de surface habitable par jour, avec en amont un niveau d'études-conception, de préfabrication et de standardisation permettant de réduire les délais de production entre 20 et 30 % – la cible est à - 60 % pour la construction modulaire. « On est sur les premières réalisations avec cette méthodologie », confie Quentin Goudet, « et on a des pistes d'optimisation pour gagner en productivité, plus faciles à explorer en usine que sur chantier (rationalisation et segmentation des tâches, maîtrise de la chaîne d'approvisionnements, etc.). »

Plusieurs grosses commandes sont dans les cartons, par exemple la construction de la nouvelle résidence étudiante de Rennes School of Business. Baptisée Constellation, cet ensemble de sept bâtiments proposera 520 logements meublés (type T1) de 17 à 20 m2, ainsi qu'un peu plus de 1 000 m2 d'espaces partagés. « C'est un projet industriel, souligne Isabelle Megnegneau, directrice générale déléguée de Réalités Bretagne et Basse-Normandie. Ce qui n'exclut pas la qualité architecturale. Ce projet innovant par sa conception industrielle a bénéficié de l'expertise de toutes les équipes de Réalités : il a fallu rationaliser, minimiser le nombre de typologies de logements. Celui-ci est tombé à quatre, avec malgré tout dix configurations différentes pour répondre aux demandes de personnalisation des gestionnaires. On s'est aperçu que l'industrialisation n'empêche pas la personnalisation. »

Le jumeau numérique au service de la performance environnementale

Même son de cloche du côté de l'association Arpeje 49 qui, avec RBT-Mayers, a lancé, à Angers (Maine-et-Loire), le projet Amazing de construction d'une nouvelle Maison d'enfants à caractère social (MECS) ; elle accueillera 76 enfants, de 3 à 21 ans, et une centaine de collaborateurs. Comme Isabelle Megnegneau, Stéphanie Choin-Joubert, présidente de l'association, considère que la standardisation n'exclut pas la personnalisation : « Il y aura des fratries dans la maison. Ces modules pourront être personnalisés – on pourra faire une chambre avec deux. »

« 80 % du bâtiment seront fabriqués à La Janais », précise Stéphane Debon, dirigeant de Woop Architecture, à qui l'on a demandé pour ce projet de s'inscrire dans une approche « modulaire et très industrialisée ». Et aussi d'utiliser le jumeau numérique, qui a « remis à zéro son logiciel personnel ». « Véritable outil de communication » auprès des équipes, de l'Arpeje et du Département, « le jumeau numérique embarque suffisamment d'informations pour valider certains choix stratégiques de construction, complète l'architecte, mais il doit être suffisamment mature pour être transmis à l'usine avant fabrication ».

Plus qu'une maquette perfectionnée, « le jumeau numérique est pour nous l'outil central de l'optimisation de la performance environnementale », considère de son côté Samuel Deglise, directeur environnement de RBT : « En effet, cette performance peut s'apprécier grâce à des données statiques (froides) ou dynamiques (chaudes) embarquées dans le jumeau numérique, qui va permettre d'optimiser très rapidement des grandeurs physiques "de stock" (mesures du carbone ou de l'énergie des matériaux à la conception) ou "de flux" (mesures de la consommation de matières ou de la production de déchets en production-exploitation). Si tant est que la donnée est bien gérée et bien exploitée, le jumeau numérique peut alimenter des modèles multiphysiques et établir assez rapidement un certain nombre de scénarios et de variantes. »

Réduire les coûts

Les applications des modules en bois ou à ossature en bois fabriqués hors-site sont a priori infinies, dans le résidentiel, comme dans le tertiaire : la solution de RBT-Mayers a ainsi été retenue par Rennes Métropole pour des habitats provisoires sur du foncier public en attente d'affectation. Ces modules visent la population privée d'habitat personnel, estimée à Rennes à 11 000 personnes. L'une des contraintes de la métropole était la suivante : installer des habitats modulaires déplaçables pour libérer les friches une fois affectées à de nouveaux usages.

Ces hébergements d'urgence font partie de l'offre habituelle des acteurs du secteur, avec les logements sociaux, étudiants, hôteliers… La liste est longue des applications possibles, ainsi que des promesses offertes par les solutions modulaires préfabriquées : performance environnementale grâce à l'utilisation de bois et à la diminution du transport (ouvriers, matériaux) ; rapidité d'exécution et d'installation ; solution à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée ; baisse des coûts.

Le coût, c'est bien « le nerf de la guerre », souligne Yoann Choin-Joubert, P-DG de Réalités. Son objectif en la matière est clair : en industrialisant le plus possible les process, il entend descendre sous le seuil symbolique des 2 000 euros le mètre carré pour les produits usinés par Mayers. Pour continuer à investir dans les robots, le numérique et l'intelligence artificielle (IA), l'entreprise va ouvrir son capital, avec l'espoir de lever 10 millions d'euros en 2023. Une première tranche d'émission doit avoir lieu en juin, sur 2 millions d'euros a minima.

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