Bien qu'ils ne recouvrent qu'environ 15 % de la superficie de l'Hexagone, les territoires ultramarins stockent l'équivalent de 20 % du carbone contenu dans les sols de France métropolitaine. Il s'agit de la conclusion d'un état des lieux publié le 1er mars par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad), l'Institut national de recherche agronomique (Inrae) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD) dans le cadre de l'initiative « 4 pour 1000 ». Pour rappel, celle-ci a été lancée en 2015 à l'occasion de la COP 21 dans l'optique d'étudier la possibilité d'augmenter chaque année les capacités de stockage des sols de 0,4 % (ou 4 ‰), afin de réduire la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2). En juin 2019, le Cirad, l'Inrae et l'IRD avaient déjà rendu leurs conclusions sur les sols métropolitains et s'étaient attelés à faire de même pour l'Outre-mer.
Les chercheurs estiment aujourd'hui que les sols guyanais stockent, entre 0 et 1 mètre de profondeur, environ 900 millions de tonnes de CO2 (MtCO2), contre 7,6 MtCO2 pour les sols réunionnais et 6,5 MtCO2 pour les sols martiniquais. À titre de comparaison, ils évaluent la capacité de stockage des sols métropolitains à 4 684 MtCO2. Autrement dit, les sols ultramarins stockent environ 16 % du carbone contenu dans l'ensemble des sols français (5 598 MtCO2). Ils regrettent cependant le manque de données encore disponibles pour la Guadeloupe, Mayotte et les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy.
Les établissements de recherche soulignent par ailleurs l'importance de la nature des sols ultramarins. « Dans les territoires insulaires volcaniques, les andosols (sols volcaniques jeunes) présentent des stocks de carbone plus élevés que les autres sols, avec des valeurs pouvant dépasser les 200 tonnes de CO2 par hectare (tCO2/ha) dans la couche de 0 à 30 cm. Et en Guyane, les ferralsols (sols rouges) présentent des stocks de carbone avec des valeurs d'environ 130 tCO2/ha dans la couche de 0 à 100 cm. Ces valeurs élevées dans les sols ultramarins se distinguent de celles couramment mesurées dans les sols de métropole : 35 à 80 tCO2/ha en moyenne. » Pour en bénéficier comme il se doit, le Cirad, l'Inrae et l'IRD suggèrent notamment d'intégrer dans la Politique agricole commune (PAC) « la rémunération des services écosystémiques associés aux pratiques agricoles et forestières préservant les stocks des sols ».