Lundi 3 mars, la Commission européenne a publié une étude attestant des bénéfices économiques globaux que représente un investissement opportun dans la protection contre les risques d'inondation.
Selon l'étude, les 363 inondations enregistrées entre 2002 et 2013 dans les 28 Etats membres de l'Union européenne (UE) ont coûté environ 150 milliards d'euros, soit en moyenne 360 millions d'euros par événement, et ont entraîné l'évacuation de plus de 1,7 million d'Européens. Avec une facture estimée à 34 milliards d'euros, l'Allemagne a payé le plus lourd tribu, suivie par la Pologne (24 milliards) et le Royaume Uni (23 milliards). A noter que l'Allemagne et la Pologne ont subi relativement peu d'inondations, respectivement 11 et 10 événements, alors que le Royaume-Uni en a subi 48.
La France a elle aussi subi 48 inondations, mais pour une facture de 8,7 milliards d'euros, un montant 2,6 fois moins élevé qu'outre-Manche. Ces événements ont donné lieu à l'évacuation de quelque 39.000 personnes.
L'étude révèle aussi que les Etats membres affectés par ces inondations ont reçu 1,8 milliard d'euros du Fonds de solidarité et plus de 5,5 milliards pour les projets contribuant à la politique de cohésion.
Par ailleurs, les 38 inondations comptabilisées en 2002 ont coûté environ 32 milliards d'euros, le montant le plus élevé sur une année. De fait, le coût moyen de chaque événement atteint un record de 850 millions d'euros. Les années 2010, avec une facture de 27 milliards pour 34 inondations, et 2013, avec une facture de 16 milliards pour 24 événements, complètent le podium.
La facture des inondations côtières devrait s'envoler
Bien qu'élevés, les chiffres avancés pour la décennie passée pourraient apparaître bien faibles au regard des évaluations réalisées pour la décennie 2080.
Le nombre des personnes touchées par les inondations passerait d'une moyenne annuelle de 167.000 actuellement à 359.000. Si aucune mesure d'adaptation n'était prise, le coût des inondations fluviales s'envolerait à 97,9 milliards d'euros par an. Il est actuellement évalué à "seulement" 5,5 milliards.
Quant aux inondations côtières qui affectent actuellement 10.000 personnes par an, elles pourraient toucher entre 121.000 et 425.000 personnes supplémentaires chaque année si la température moyenne du Globe s'élevait de 2,8°C d'ici la fin du siècle. Quand bien même l'objectif européen de limiter en deçà de 2°C la hausse des températures était atteint, le nombre de personnes touchées augmenterait de 40.000 à 145.000. La facture, évaluée à 1,9 milliard d'euros par an, pourrait atteindre 17,4 milliards (scénario moins de 2°C), voire 25,4 milliards (scénario 2,8°C).
Laisser la nature reprendre (partiellement) ses droits
Face à de tels enjeux, le rapport plaide sans surprise pour que les Etats membres investissent pour se prémunir de ces risques. Cependant, compte tenu du manque de données relatives à ces investissements, le rapport se contente d'évaluer leur impact positif. Il apparaît que mis à part les Pays-Bas et le Royaume-Uni, deux pays menacés par la hausse du niveau des océans, peu d'Etats investissent réellement dans la réduction du risque inondation.
"En moyenne, et en tenant compte d'un nombre important de projet, le bénéfice de l'investissement semble l'emporter sur les coûts d'un facteur 6 à 8, même s'il est important de noter qu'il y a des écarts considérables entre les projets de telle sorte à ce que le bénéfice réel ne peut être déterminé que par une analyse projet par projet", avance le document.
Les projets d'infrastructures vertes semblent les plus adaptés à la réduction du risque d'inondation, selon le rapport. En l'occurrence, les auteurs constatent que les pays ayant la plus grande expérience des grandes inondations, à savoir les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni, ont développé des programmes de développement de zones d'expansion de crues. Certes, la mise en place de telles infrastructures vertes peut s'avérer très onéreux dans un premier temps, mais une fois en place elles combinent bénéfices environnementaux et réduction des dommages causés par les inondations. De même, l'investissement initial limite les investissements futurs dans les infrastructures habituelles de protection des zones inondables.