Dans une étude rendue publique le 18 octobre, des chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont mis en évidence que de faibles doses de bisphénol A (BPA) - jusqu'à 10 fois inférieures à la dose journalière admissible - favorisent le stockage des graisses dans le foie.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a déjà publié, fin septembre, deux rapports mettant en évidence des effets sanitaires du BPA avérés chez l'animal et suspectés chez l'homme (fertilité féminine, pathologies cardio-vasculaires, diabète) ''même à de faibles niveaux d'exposition''.
Selon l'AFP, les chercheurs de l'unité de toxicologie alimentaire de l'INRA à Toulouse ont constaté une augmentation de 50% de la quantité de graisses stockée dans le foie des souris qui avaient reçu pendant un mois la dose journalière admissible (50 microgrammes de BPA par kg) ou une dose dix fois supérieure (0,5 milligrammes/kg). Mais les souris mâles ayant reçu quotidiennement 5 milligrammes/kg de BPA, soit 100 fois la dose journalière admissible, n'ont pas stocké davantage de graisses dans leur foie, selon cette étude publiée dans la revue médicale spécialisée Hepatology.
L'équipe a ainsi mis en évidence que les faibles doses avaient un impact plus important que des doses plus fortes sur l'activité d'un ensemble de gènes impliqués dans la fabrication des lipides. Elle a également montré que ces effets, focalisés sur le niveau d'expression des gènes, se traduisaient par une augmentation du stockage de graisses dans le foie de souris exposées à de faibles doses de bisphénol A. ''Ces observations remettent en cause le dogme de la toxicologie classique qui fait que la dose fait le poison'', a souligné mardi Pascal Martin de l'INRA. L'accumulation exagérée de graisses dans le foie ''ne constitue pas une pathologie grave, mais elle risque de favoriser l'émergence d'autres altérations métaboliques et tissulaires conduisant à des pathologies plus graves telles que la stéatohépatite non alcoolique ou le diabète de type 2'', selon l'Institut.
Cette étude ''incite à tenir compte davantage des perturbations métaboliques dans l'évaluation du risque associé à l'exposition au bisphénol A''. Des études avaient déjà montré que le BPA était capable de stimuler la production d'insuline par le pancréas, rappelle l'Inra.