Dans le cadre du projet européen « Helix » (Early-Life Exposome), l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a participé à une vaste étude qui démontre une diminution du poids de naissance associée à l'exposition au plomb pendant la grossesse. Les travaux ont été publiés en mars 2020 dans la revue International Journal of Epidemiology.
Leur étude a été menée auprès d'une cohorte européenne mères-enfants, coordonnée par Rémy Slama, directeur de recherche à l'Inserm et à l'Institut pour l'avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université de Grenoble). Les scientifiques ont étudié les relations entre l'exposition à 131 facteurs environnementaux au cours de la grossesse, et le poids des enfants à la naissance dans une cohorte de 1 287 paires mères-enfants. « En moyenne, les enfants issus de la cohorte sont nés à 39 semaines de gestation révolues ; 90 % d'entre eux avaient un poids de naissance compris entre 2 550 g et 4 240 g », a expliqué, le 10 septembre, l'Inserm dans un communiqué. L'analyse statistique des chercheurs a permis d'identifier trois facteurs associés à des poids de naissance s'écartant de la moyenne, parmi lesquels l'exposition au plomb. Ainsi, le poids des enfants à la naissance « diminuait de 97 g à chaque fois que la concentration sanguine de plomb chez la mère était multipliée par deux », ont estimé les scientifiques.
Deux autres types d'exposition, ayant un impact sur le poids de naissance, ont également été identifiés. « Même si le lien était statistiquement moins robuste », précise l'Inserm. Au cours du troisième trimestre de grossesse, l'exposition aux particules fines atmosphériques (PM2,5) a aussi été associée à un plus petit poids de naissance.
En revanche, l'exposition des garçons aux éthyl- et propyl-parabènes (des conservateurs utilisés dans les cosmétiques, les médicaments et les aliments pour leurs propriétés antibactériennes et antifongiques), était associée à un poids de naissance « plus élevé ».
Par ailleurs, la partie française du projet Helix s'est appuyée sur environ 200 familles, recrutées et suivies dans le cadre de la cohorte « Eden », mise en place par l'Inserm et les CHU de Poitiers et Nancy. Dans cette étude, chez les femmes françaises, présentant une plombémie inférieure à 10 microgrammes (µg) par litre de sang, « l'association avec le poids de naissance se maintenait », a ajouté l'Inserm. Cette valeur de plombémie est très inférieure au seuil de déclaration obligatoire de saturnisme (50 µg/l de sang) chez la femme enceinte ou l'enfant.