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CSR : B+T Group défend un modèle sans subvention

Le groupe allemand B+T s'apprête à mettre en service en Alsace une unité de valorisation de combustibles solides de récupération de 80 MW. Fait rare : le projet est monté sans aide publique. Explications.

Déchets  |    |  P. Collet
CSR : B+T Group défend un modèle sans subvention
Actu-Environnement le Mensuel N°428
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°428
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Le groupe allemand B+T Group est sur le point de lancer les premiers essais d'une installation de combustion de combustibles solides de récupération (CSR) dans la banlieue de Mulhouse (Haut-Rhin). Il s'agira de la troisième unité CSR française, après celle de 15 mégawatts (MW) inaugurée par Séché Environnement en 2017 à Changé (Mayenne) et celle de 22 MW mise en service par le papetier Blue Paper en 2019 à Strasbourg (Bas-Rhin). La future unité, qui entrera en phase d'essais en août pour une mise en service annoncée en décembre, sera de loin la plus importante de France avec un capacité de 80 MW thermiques.

Surtout, l'investissement de 120 millions d'euros a été réalisé hors appel à projets de l'Agence de la transition écologique (Ademe). L'occasion pour le directeur général de B+T Group France de mettre en avant plusieurs aspects du modèle économique qui permettent d'atteindre la rentabilité sans aide publique. « L'accès aux aides est long et complexe, explique Jean-Luc Weber, nous n'avons pas été retenus, alors nous avons préféré travailler sur un projet rentable par lui-même et qui avance rapidement ». Et d'expliquer que l'installation est suivie de près par d'autres industriels qui envisagent de contracter avec l'entreprise qu'il dirige.

Valoriser des déchets d'activité économique

L'investissement de B+T Group, qui dispose déjà de huit centres de préparation de combustibles et de cinq unités de production énergétique, se décompose en deux parties. Cinq millions d'euros sont consacrés à la construction d'une usine de préparation de CSR à Pfastatt et 115 millions d'euros à l'unité de valorisation énergétique (UVE) à Chalampé.

L'usine CSR est réalisée en partenariat avec le groupe strasbourgeois Schroll spécialisé dans la collecte de déchets. Elle peut traiter 100 000 tonnes de déchets activité économique (DAE) par an, ce qui la place parmi « les plus importantes en France ».

Quant à l'unité de combustion, elle est implantée sur le site d'Alsachimie. Elle brûlera chaque année jusqu'à 200 000 tonnes de DAE et de CSR, dont les 100 000 tonnes produites à Pfastatt. Le solde sera composé de déchets de papeterie et de CSR produits sur d'autres plateformes. L'installation pourra aussi accueillir des ordures ménagères lorsque l'incinérateur de la collectivité sera en maintenance (l'installation a un double enregistrement ICPE : 2971 pour la valorisation des CSR et 2771 pour l'incinération des déchets non dangereux).

Indexer la vapeur sur le gaz et réduire la facture CO2

L'objectif est de valoriser des déchets non recyclables qui, aujourd'hui, sont enfouis. La vapeur sera intégralement vendue à Alsachimie. Le contrat court sur 15 ans et impose au producteur de polyamide d'acheter l'intégralité de la vapeur produite. B+T Group doit pour sa part céder toute sa production et assumer (à sa charge) l'approvisionnement en cas de rupture d'approvisionnement. Le contrat, qui porte sur 600 gigawattheures (GWh), a été négocié en indexant le prix de la vapeur sur les cours du gaz naturel, avec un prix plancher et plafond. Point important : le contrat a été négocié en 2020, alors que le prix du gaz était bien plus bas, explique Jean-Luc Weber.

Autre clé du succès : la simplicité des procédés employés. Ici, pas de CSR broyés finement pour atteindre la « qualité cimentière ». Le combustible est essentiellement composé de DAE triés. Dans les grandes lignes, la préparation du CSR se réduit à trois étapes : un tri pour retirer les matières recyclables et les plastiques ; une séparation pour ne retenir que les « lourds » (les « légers » étant destinés aux cimenteries) ; et un broyage grossier. Au-delà de la simplicité, un des intérêts de cette préparation est de réduire la part du plastique, ce qui allège la facture associée aux émissions de carbone. En effet, l'UVE est soumise aux quotas de CO2 et l'essentiel des émissions sont dues au plastique. Le gain est loin d'être négligeable avec un prix du carbone qui oscille entre 70 et près de 100 euros par tonne depuis le début de l'année.

Estimer la valeur des déchets non recyclables

Cette préparation a aussi un impact sur la conception de l'UVE. Celle-ci ne diffère pas beaucoup des installations classiques. Elle peut, par exemple, recevoir certains déchets d'une taille de quelques dizaines de centimètres. Elle a principalement été adaptée au haut pouvoir calorifique des déchets brûlés : l'alimentation en air du four a été augmentée de 50 % et la distribution de l'air mieux répartie pour assurer une bonne combustion.

Enfin, un autre point clé du dispositif est le prix de cession des CSR de la filiale qui les produits (B+T Recyclage) vers celle qui gère l'UVE (B+T Énergie). Bien sûr, ce prix n'est pas public, mais il joue un rôle important. Comment donner un prix au CSR ? Pour Jean-Luc Weber, il faut tenir compte du coût de traitement alternatif. En l'occurrence, il explique que le coût d'enfouissement des déchets est de l'ordre de 100 euros par tonne, un niveau qui, de fait, donne de la valeur à la valorisation énergétique.

Paradoxalement, c'est cet élément qui a joué un rôle clé dans l'absence de subvention. Le projet n'a pas été retenu par l'Ademe parce qu'il était basé sur un prix de session de l'ordre de 90 euros la tonne, à une époque où le prix retenu par l'Agence était de 15 euros par tonnes.

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