L'Institut Ipsos, qui a interrogé 904 agriculteurs, évalue "à plusieurs milliards d'euros" le coût du retrait de l'herbicide glyphosate en France, "dû à une baisse de rendement [des exploitations] et donc un retrait des exportations". Fin août, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a annoncé que la France votera contre la proposition de la Commission européenne de ré-autoriser pour dix ans le glyphosate. Son homologation prend fin décembre 2017. Le ministère a justifié, à l'AFP, son vote, prévu début octobre, par les "incertitudes qui demeurent sur [la] dangerosité" de cette substance dans l'apparition de cancers. Même en cas de ré-autorisation européenne, la France pourra décider une interdiction sur son territoire, a rappelé le commissaire européen la santé et à la sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis.
Hausse des coûts et perte de rentabilité
Une non-réhomologation "engendrerait des impacts tant au niveau micro que macro-économique" en France, indique Ipsos, dans sa nouvelle étude présentée ce 6 septembre. Il chiffre à environ deux milliards d'euros le coût du retrait de la substance "pour les céréales (1,06 Md d'€) et le vin (0,90 Md d'€)". Un retrait du marché représenterait une hausse des coûts de production pour la majorité des utilisateurs de glyphosate, pouvant aller jusqu'à 22% en viticulture et 26% pour les grandes cultures. Cela engendrerait également une perte de rentabilité pouvant aller jusqu'à 33% pour les exploitations céréalières et 20% pour les exploitations viticoles. 72% des agriculteurs interrogés estiment aussi que la rentabilité économique de leur exploitation serait impactée. "Une interdiction à court terme engendrerait donc la mise à mal d'un secteur déjà en difficulté", conclut Ipsos, en soulignant - à l'instar des organisations agricoles (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Jeunes agriculteurs, Coop de France, etc.) -, "qu'il n'existe pas à l'heure actuelle d'alternatives équivalentes (…) pour désherber les sols".
Selon un précédent sondage Ipsos, paru en juin 2016, 9 agriculteurs sur 10 appliqueraient des traitements herbicides supplémentaires avec d'autres matières actives, en cas de retrait du glyphosate. "Sa suppression obligerait les agriculteurs à avoir recours à d'autres herbicides à des doses plus élevées ; ce serait donc un pas en arrière pour l'environnement", ont aussi dénoncé la Coordination rurale et le syndicat céréalier OPG. La Confédération paysanne fait, en revanche, partie des signataires de l'initiative citoyenne européenne qui plaide pour l'interdiction du glyphosate, "outil emblématique de l'industrialisation de l'agriculture", estime le syndicat agricole.