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Interpol saisit 1,5 million de tonnes de déchets illégaux

A l'issue d'une opération menée sur trente jours, l'Organisation internationale de police criminelle a intercepté 1,5 million de tonnes de déchets illégaux. La majorité est liée à l'industrie automobile.

Déchets  |    |  D. Laperche
Environnement & Technique N°372
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°372
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Dans la lignée de la saisie de pesticides illégaux ou contrefaits par leurs confrères au niveau européen en juillet, l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol) vient également de réaliser un nouveau coup de filet. Elle a découvert plus d'1,5 million de tonnes de déchets illégaux au cours d'une opération menée du 1er au 30 juin avec la collaboration de 43 pays.

Lors de ses précédentes actions, Interpol s'était concentrée sur les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Elle avait ainsi montré que 65% de ces déchets (6,15 Mt) sortaient des circuits officiels de collecte : ils ont été exportés (1,5 Mt) ou recyclés dans des conditions non conformes en Europe (3,15 Mt) mais également jetés parmi d'autres déchets (750.000 t).

Pour cette opération menée au niveau mondial, l'Organisation de police a élargi son champ d'action à tous les types de déchets illégaux, comme les déchets industriels, de construction, domestiques, médicaux, etc. Toutefois la majorité des déchets retrouvés étaient des déchets métalliques ou électroniques, généralement liés à l'industrie automobile.

Au final, 226 infractions pénales ont été signalées : 141 transferts représentant près de 14.000 tonnes de déchets illégaux et 85 sites où les déchets ont été éliminés illégalement. Interpol a également identifié 413 entorses administratives. Environ 326 personnes et 244 entreprises auraient au total été impliquées au niveau mondial.

Principales destinations pour l'export illégal : l'Asie et l'Afrique

Interpol a pu vérifier que les principales destinations pour les déchets exportés illégalement d'Europe et d'Amérique du Nord étaient l'Asie et l'Afrique. "Les autorités néerlandaises ont découvert plus de 10.000 tonnes de déchets soupçonnés d'être impliqués dans un trafic illégal en Europe et des Pays-Bas vers des pays d'Afrique de l'Ouest, du Sud et du Sud-Est asiatique et des Caraïbes", pointe l'Organisation de police.

De nouvelles voies transnationales de trafic ont également pu être identifiées par l'opération. Interpol a ainsi pu intercepter 300 tonnes de déchets dangereux transférés illégalement de Chypre en Amérique centrale. L'organisation a découvert un circuit de transit passant par l'Egypte, Malte, le Maroc, le Portugal, l'Espagne et les États-Unis.

"Lorsque les déchets dangereux sont mal éliminés, ils contaminent l'eau, le sol et l'air, menaçant la santé et la sécurité dans le monde", déplore Interpol.

Une des dix priorités de l'UE

Le Conseil de l'Union européenne a placé la lutte contre le trafic illicite de déchets parmi les dix priorités pour les cinq prochaines années de l'Union européenne concernant le crime organisé.

Sur ce sujet, les pays de l'UE ne brillent pas par leur action. "Trop d'Etats membres ont fait preuve de mauvaise volonté et n'ont mené aucun contrôle en temps réel concernant les transferts illicites des déchets à partir de leur territoire, dénonçait déjà en 2014 Bart Staes, rapporteur d'un projet européen de renforcement des règles sur la question (Verts/ALE, BE).

La situation pourrait encore se tendre. La Chine a en effet annoncé en juillet dernier son intention d'interdire l'importation de certains déchets pour lutter contre les transferts illégaux. "A ce jour, la capacité des autres usines mondiales n'est pas en mesure de consommer ces volumes aujourd'hui importés par la Chine", avait alors alerté la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec). En France, les centres de tri n'ont pas les capacités de stockage suffisantes. "Cette absence de débouchés oblige notre profession à prendre des mesures drastiques sur les volumes et les qualités aujourd'hui collectés (surtri, lavage, valorisations alternatives) et à chercher en urgence des solutions de substitution afin d'en limiter les productions", a également indiqué Federec.

Réactions5 réactions à cet article

Merci pour cet excellent article qui, me semble-t-il, appelle les questions suivantes à propos de l'export illégal:
1°) Le départ des déchets dans le pays d'origine est-il légal? Si oui (comme je le suppose) par quel moyen et à quel moment dans le transport sort-il de la légalité pour arriver illégalement à sa destination finale ?
2°) Sachant que le mobile de ce trafic est nécessairement l'intérêt financier, de quelle façon les trafiquants en tirent-ils profit ?

DACPat | 18 août 2017 à 12h42 Signaler un contenu inapproprié

Federec évoque timidement le fait que les producteurs de déchets (nous) ont démantelé leur outil industriel à un tel point qu'ils ne sont pas en capacité de traiter leur production.
Et il faut bien que les conteneurs amenant les merveilles produites en Chine ne repartent pas à vide...

NB: Que ce soit de déchets ou de toute autre matière (même la vente de produits bios) ou d'immatériel, il faudra bien se faire à l'idée que tout mobile de commerce (ou trafic ou négoce) est l'intérêt financier... Et ceci depuis l'Antiquité, période durant laquelle le dieu des commerçant et celui des voleurs ne faisaient qu'un: Mercure.

Albatros | 24 août 2017 à 12h18 Signaler un contenu inapproprié

Réaction au commentaire de « Albatros »:
Je suis bien conscient que c'est l'intérêt personnel (financier ou autre) qui régit le monde et que cet intérêt s’exerce le plus souvent aux dépends de la collectivité. Ma question vise simplement à éclaircir la méthode utilisée par les trafiquants pour contourner la légalité et à estimer le profit qu’ils en tirent. En ce qui concerne l’intérêt financier l’explication est très certainement la suivante :
Une collectivité (ou tout autre producteur de déchets) paie une entreprise spécialisée pour traiter ses déchets. Si on se place uniquement dans une logique de profit maximum, l’intérêt de l’entreprise est de se débarrasser des déchets à un coût minimum (inférieur à sa rémunération et au coût de ses propres traitements). Pour cela elle va chercher à « exporter » ses déchets à moindre coût (transport + rémunération du destinataire).
Cette interprétation a un corollaire: Pour justifier la nécessité d'exporter l'entreprise a intérêt à passer des marchés bien au delà de sa capacité de production et n'a aucun intérêt à investir pour l'augmenter.
Ma question vise à savoir :
1°) Comment s’opère (en pratique) cette exportation qui commence certainement dans la légalité et qui se termine nécessairement dans l’illégalité.
2°) S’il est possible d’en estimer le profit.

SI Dorothée LAPERCHE (ou un lecteur) peut m’éclairer sur ce point je l’en remercie par avance.
Cordialement DACPat

DACPat | 25 août 2017 à 15h10 Signaler un contenu inapproprié

Si l'exportateur admet exporter des déchets, il doit respecter la convention de Bâle et le du R(CE) 1013/2006. Si ce sont des déchets dangereux, ce commerce est soit interdit soit soumis à une procédure de suivi spécifique plus ou moins contraignante (information ou notification)
S'il exporte des matières issues du recyclage (matières premières de recyclage ou MPR), cette exportation s'opère comme toute exportation de biens.
Le hic est souvent la conformité de la matière exportée: il arrive que dans le second cas, subsistent des composants qui disqualifient la matière (à l'appréciation des douaniers des pays destinataires?)

Albatros | 25 août 2017 à 18h29 Signaler un contenu inapproprié

Le problème peut aussi être qu'on exporte par exemple aux US des matériaux dont on ignore en France la composition exacte. Par exemple prenons les plateaux de disque dur de facteur de forme 3.5, dans le meilleur des cas en France ils sont considérés comme aluminium casserole donc 600€/T alors qu'exportés on les considère d'abord pour le substrat (ici du platine) et ils sont rachetés jusqu'à 4000€/T . Pourtant c'est le même matériau.
Pa ailleurs pour échapper à la terminologie qui de fait constitue un problème, on ne parle pas toujours de déchets, mais on vends des matériels d'occasion, rien n'oblige à les vendre au mieux disant à la pièce on peut les vendre au plus offrant en lot... Voilà :-)

BeSnug | 31 août 2017 à 00h27 Signaler un contenu inapproprié

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