Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

« Une idée complète, objective et comparable du bilan carbone de l'hydrogène consommé est indispensable »

Des travaux de normalisation démarrent sur l'hydrogène, en France et à l'international. Un des objectifs : comparer l'empreinte carbone de l'hydrogène consommé. Détails avec Pierre Serre-Combe, président de la commission hydrogène de l'Afnor.

Interview  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
Hors-série - Février 2023
Cet article a été publié dans le Hors-série - Février 2023
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]
   
« Une idée complète, objective et comparable du bilan carbone de l'hydrogène consommé est indispensable »
Pierre Serre-Combe
Président de la commission hydrogène de l’Afnor
   

Actu-Environnement : Des travaux de normalisation démarrent sur l'hydrogène. Sur quoi portent-ils exactement ?

Les travaux de normalisation sur les technologies de l'hydrogène ont en fait démarré bien avant, dans les années 1990. À l'époque, nous étions dans un environnement qui imaginait une mobilité hydrogène. Aujourd'hui, les choses ont évolué. L'hydrogène est au cœur de stratégies nationales de décarbonation mais aussi, avec la crise énergétique, de diversification énergétique. La stratégie française table, par exemple, sur la mise en place d'une filière de l'électrolyse pour produire massivement et à bas coût de l'hydrogène bas carbone, et sur des débouchés dans l'industrie et la mobilité lourde et intensive (taxis, transport de marchandises…). Cela oriente la feuille de route de nos travaux normatifs en France (à l'échelle de l'Afnor) et nous conduit à être moteur, à l'échelle internationale (au sein de l'ISO), sur l'électrolyse, les piles à combustible, les garanties d'origine et le bilan carbone. Sur l'électrolyse, il s'agit par exemple de travailler à la fois sur la sécurité et la qualité de l'hydrogène produit. La filière ne peut pas se permettre d'avoir un accident et doit s'entendre sur les bonnes pratiques, de la conception à l'usage. Il s'agit également d'évaluer de façon objective la performance des produits à travers un protocole précis et résilient, éventuellement certifiable, pour un service attendu.

AE : Travaillez-vous également sur l'empreinte carbone ?

P. S.-C. : Une activité normative démarre en effet sur le calcul de l'empreinte carbone de l'hydrogène sur l'ensemble de la chaîne de valeur, de sa production à son utilisation finale. L'objectif est d'aboutir à l'élaboration de spécifications techniques, voire de standards Iso à l'horizon 2023-2025. Le Brésil et la France ont été moteurs sur ce sujet. La France anime le groupe de travail sur cette question. La première réunion sera d'ailleurs organisée à Grenoble, en mars prochain. Cette année, la première étape de nos travaux porte sur l'empreinte carbone de la production d'hydrogène. Au fur et à mesure, nous nous rapprocherons de l'utilisateur final notamment, en passant par le transport. Ce point est essentiel, car deux types de stratégies se dessinent aujourd'hui : les productions locales, comme dans la stratégie française qui s'appuie sur son mix énergétique faiblement carboné, et l'import massif d'hydrogène produit dans des pays où le coût des renouvelables est plus faible. C'est le pari que fait l'Allemagne, qui estime que les imports seront indispensables pour couvrir l'ensemble de ses besoins en hydrogène. Il nous est donc indispensable de prendre en compte l'impact carbone du transport pour avoir une idée complète, objective et comparable, du bilan carbone de l'hydrogène consommé.

AE : Justement, comment vos travaux s'inscrivent-ils dans les débats qui agitent l'Europe sur la définition de l'hydrogène bas carbone ?

P. S.-C. : Nous avons convenu dès le départ que nos travaux seraient agnostiques d'un point de vue technologique. Aucune technologie n'est privilégiée, la norme concerne la méthodologie de calcul de l'empreinte carbone indépendamment de la technologie retenue. Il peut donc s'agir du reformage avec captation de CO2 comme de l'électrolyse à partir d'énergie électrique renouvelable ou de procédés électrochimiques moins conventionnels comme la technologie d'Ergosup, qui utilise le zinc.

Nous souhaitons aboutir à une méthodologie de calcul objective et consensuelle. La norme est volontaire, sans caractère obligatoire. Mais lorsque le normatif a fait ses preuves, cela peut inciter ou inspirer le législatif. Lorsque les normes sont établies et consensuelles, les États peuvent s'appuyer dessus pour fixer des seuils, autoriser, interdire ou délivrer des aides. La directive européenne Red II s'appuie ainsi sur la norme européenne sur les garanties d'origine (EN 16325). D'ailleurs, notre travail actuel sur les garanties d'origine vise à adapter ce dispositif aux particularités de l'hydrogène. Bien que très lié à l'énergie électrique pour sa production, et parfois au gaz naturel, son marché présente de grandes différences.

AE : Quid des dérivés de l'hydrogène ?

P. S.-C. : L'introduction de dérivés de l'hydrogène (ammoniac…) dans le périmètre de la norme sur le calcul de l'empreinte carbone de l'hydrogène fait encore débat et nous devons trouver un consensus à l'échelle internationale.

AE : Dans son dernier rapport sur la chaîne de valeur de l'hydrogène, l'Agence internationale de l'énergie estimait cette norme indispensable à l'émergence de marchés de l'hydrogène, afin de supprimer et/ou réduire les obstacles réglementaires. Qu'en pensez-vous ?

P. S.-C. : La norme est en effet un facilitateur pour le marché international. Parce qu'elle est validée par une majorité de pays, cela facilite les échanges. Les industriels, les acteurs économiques vont pouvoir s'appuyer sur ces normes pour adapter leurs stratégies de manière objective. De la même manière, cette méthodologie va permettre de comparer deux solutions de manière objective. Ce qui est compliqué lorsque l'on a, par exemple, deux architectures différentes pour des véhicules fonctionnant avec une pile à combustible hybridée de manière plus ou moins importante avec une batterie. Pour prendre une décision d'investissement, une collectivité peut avoir besoin de comparer leurs performances.

Réactions1 réaction à cet article

Peut-être eut-il fallu commencer par ça.

Quid | 30 janvier 2023 à 13h05 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Sophie Fabrégat

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires