
Présidente du Club Cleantech de l’AFIC
Actu-environnement : Quelle grande tendance retenez-vous de l'année 2013 ?
Sophie Paturle : L'année a été marquée par une croissance du nombre d'opérations de financement. En 2013, 81 opérations ont été réalisées contre 73 l'année précédente. Le dynamisme du secteur se confirme donc. En quatre ans, les 60 acteurs du Club Cleantech ont investi quelque 1,2 milliard d'euros dans plus de 300 entreprises.
Du côté des sommes levées, l'année s'inscrit en recul à 319 millions d'euros, contre 423 millions en 2012. Néanmoins, la baisse des sommes investies est à nuancer puisqu'en 2012 deux opérations réellement exceptionnelles, dont la levée de fonds de Paprec, représentaient à elles seules 150 millions d'euros.
Plus que la somme totale, c'est le nombre d'opérations et la montée progressive des montants levés qui prouvent le dynamisme du secteur. On voit maintenant apparaître régulièrement des tours de table conséquents. En 2013, Lucibel (éclairage LED) a levé 9 millions d'euros, Aledia (éclairage Led encore) 10 millions, GreenBiologics (chimie verte) 7,5 millions et NovaWatt (efficacité énergétique) 7 millions.
AE : Constatez-vous un regain d'intérêt pour les projets en phase d'amorçage ?
SP : Cette année, le capital-innovation, c'est-à-dire le soutien apporté par des investisseurs au tout premier stade de développement d'un projet, affiche une belle santé en France. Pour la première fois, les start-ups françaises concentrent 29% des opérations européennes. L'Hexagone se classe premier en nombre d'opérations devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Ces premières levées de fonds représentent environ la moitié des opérations réalisées en France en 2013. On doit notamment ce dynamisme à la qualité des grands centres de recherche français, tels que le CEA, l'IFPEN ou l'Inra.
C'est aussi le signe d'un intérêt croissant pour les secteurs innovants en France. Cet intérêt se traduit en particulier avec la Commission Innovation présidée par Anne Lauvergeon qui a retenu sept secteurs clés, parmi lesquels trois secteurs des technologies propres : le stockage d'énergie, la chimie du végétal et le recyclage des matières. Même signal positif avec le lancement il y a deux ans du Fonds national d'amorçage (FNA) par la Banque publique d'investissement (BPI).
Le lancement d'activités innovantes en France dans le secteur des cleantech bénéficie donc d'un cadre cohérent regroupant les investisseurs privés et publics ainsi que des centres de recherche parmi les plus performants du monde.
AE : S'agissant des secteurs d'activité, quelles tendances se dégagent ?
SP : On constate une vraie diversité des domaines. Le secteur le plus actif à la fin des années 2000, les énergies renouvelables, ne représente plus que 18% des sommes investies en 2013, contre 55% trois ans plus tôt. Il souffre d'une dégradation des conditions de marché, depuis le moratoire de fin 2010 sur les nouvelles installations photovoltaïques. Et pourtant le coût de production d'un kilowattheure a été réduit de 80% en 5 ans.
Mais de nouveaux secteurs prennent le relais et tirent l'investissement dans les cleantech. Avec pour chacun d'eux 72 et 71 millions d'euros investis, les secteurs de l'efficacité énergétique et du recyclage sont aux avant-postes. Les renouvelables suivent avec 58 millions, puis le secteur de l'air, de l'eau et du sol (40 millions d'euros) et enfin les transports (30 millions). Enfin, des secteurs plus petits ont attiré presque 50 millions d'euros en 2013. On retrouve bien les enjeux actuels d'économie d'énergie, d'économie circulaire, de dépollution et de mobilité.