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Actu-Environnement

''Nous connaissons seulement 10 % des espèces présentes en Ile-de-France''

Le 30 juin dernier a été mise en place l'agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France NatureParif. Cette structure entend réunir l'ensemble des acteurs concernés par la biodiversité – associations, collectivités, entreprises – afin d'accroître l'expertise sur la richesse biologique régionale et la protéger. Catherine Ribes, directrice adjointe, nous précise les enjeux et missions de cette agence.

Interview  |  Biodiversité  |    |  S. Fabrégat
   
''Nous connaissons seulement 10 % des espèces présentes en Ile-de-France''

   
Actu-Environnement : La biodiversité est souvent la grande oubliée des débats sur l'environnement. Comment est né le projet de l'agence NatureParif* ?
Catherine Ribes :
Le Conseil régional d'Ile-de-France a commencé à parler de biodiversité en 1999 avec la création du Forum des acteurs de la biodiversité qui réunissait une fois par an un réseau de spécialistes d'associations naturalistes, mais aussi des organismes de recherche, des collectivités territoriales, des fédérations de chasse… Mais les élus régionaux ont souhaité aller plus loin en engageant la région dans une politique cadre de protection de la biodiversité. Est née dans un premier temps la Charte régionale de la biodiversité qui comprenait des orientations, une sorte de guide des bonnes pratiques, mais également un règlement d'attribution des aides régionales en matière de biodiversité. Nous avons mis en place des actions, nous réalisons des diagnostics écologiques des territoires et nous faisons, à partir de ces diagnostics, des propositions de gestion. En 2006, après avoir fait un bilan de la charte, nous avons bâti la stratégie régionale de la biodiversité, dix plans d'actions transversales parmi lesquelles la création d'une agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France. Dès le départ, il y a eu une demande très forte des associations naturalistes pour qu'à l'échelle de la région soit créé un observatoire de la biodiversité. Il y a énormément de données en Ile-de-France et il fallait les regrouper quelque part. Nous sommes partis de cette idée pour aller plus largement vers un projet d'agence qui a aujourd'hui trois missions principales : un pôle observatoire, un pôle forum des acteurs et un pôle sensibilisation et pédagogie.
Aujourd'hui l'agence est installée. Elle rassemble la région, l'Etat, des collectivités territoriales, des associations et des entreprises. Une équipe de 10 personnes est chargée d'animer le réseau.

AE : Quelles sont les urgences en matière de biodiversité en Ile-de-France ? Quelles sont les richesses et les faiblesses du territoire ?
CR :
La première cause de perte de biodiversité est la fragmentation du territoire. Les espèces invasives posent également un gros problème en Ile-de-France, notamment les nouveaux animaux de compagnies (les NAC) que les gens achètent et relâchent parfois dans la nature. La tortue de Floride, qui vit jusqu'à 25 ou 30 ans, a été très fortement relâchée dans la nature. Il y a également dans les forêts franciliennes un petit écureuil qui vient de Sibérie et qui est porteur d'une maladie… Nous travaillons sur ces problèmes aujourd'hui. La pollution et le manque d'espace pour certaines espèces comme les grands mammifères constituent également une cause de perte de la biodiversité.
Nous sommes dans une région extrêmement intéressante au niveau climatique, on y retrouve beaucoup de milieux, donc une richesse très importante d'espèces. Sur 375 espèces d'oiseaux présentes en France, on en trouve 228 en Ile-de-France. Nous sommes très bon sur ce que nous connaissons mais nous avons besoin d'accroître nos connaissances. Nous connaissons seulement 10 % des espèces faune et flore présentes en Ile-de-France. Malgré tout, nous sommes très privilégiés : l'Ile-de-France a été très étudiée, nous avons la chance d'avoir à proximité le Muséum d'histoire naturelle, le conservatoire du bassin parisien, beaucoup d'associations naturalistes très compétentes… Donc un groupe de chercheurs très important mais aussi des écrits anciens, par exemple sur la flore qui datent de 1700, de 1800… Un suivi a été fait au fur et à mesure des années. De ce fait, nous savons ce qui a disparu en Ile-de-France et nous nous devons d'être très vigilants.

AE : Quelles sont les premières actions de NatureParif ?
CR :
L'agence est toute récente. Aujourd'hui, nous faisons d'abord un recensement de ce qui existe : inventaires, études… Des scientifiques nous proposent également des études phares. Par exemple, sur la récupération des anciennes carrières et la réutilisation de ces milieux. L'enjeu est double : utiliser les ressources locales (sable…) dans notre région pour limiter l'impact du transport de ces matières mais il faut le faire de manière intelligente, en récupérant les lieux d'extraction. Nous pouvons réhabiliter ces carrières en créant des milieux artificiels, certes, mais qui peuvent être intéressants dans une région urbaine pour la réinstallation d'espèces.
Nous devons également évaluer l'aspect socio économique de la biodiversité dans l'inventaire faune et flore si nous voulons que nos concitoyens prennent plus en compte la biodiversité. Il faut montrer au public comment la biodiversité est importante pour notre survie, quels services la diversité biologique nous rend au quotidien.
Nous souhaitons également créer un fichier d'expériences et le mettre en avant au niveau international. Il faut valoriser les bonnes pratiques, faire savoir son savoir-faire et échanger avec d'autres collectivités, d'autres pays. Nous allons organiser des rencontres sur des thèmes précis pour regrouper tous les acteurs. Le site Internet va également servir de lieu d'échange pour des acteurs qui n'ont pas toujours l'occasion de se rencontrer. Enfin nous aurons un rôle d'évaluation des politiques publiques régionales.

AE : Beaucoup de travail pour une équipe de 10 personnes !
CR :
Notre travail n'est pas de faire à la place de… Il y a des gens très compétents dans les collectivités, dans les associations… Notre rôle est de les mettre en réseau, de les aider à travailler, d'orchestrer…



Quelques chiffres :
- 20 % de l'Ile-de-France sont couverts par la ville, 52 % sont occupés par des espaces agricoles, 24 % par la forêt, 4 % par des espaces naturels,
- 4 parcs naturels régionaux couvrent 14 % de la région,
- 34 sites sont classés Natura 2000 (réseau européen pour la préservation de la biodiversité),
- 200 espèces sont protégées sur l'ensemble du territoire francilien,
- la région accueille 228 espèces d'oiseaux, 18 000 espèces d'insectes, 60 espèces de mammifères, 17 espèces de reptile, 12 espèces d'amphibiens et 1500 espèces de végétaux vasculaires.

* NatureParif est présidé par Jean-Vincent Placé, président du groupe des élus Verts au conseil régional d'Ile-de-France et président de la Fédération nationale des élus pour la promotion des énergies propres (Fneppep).

Réactions9 réactions à cet article

En pratique quelle action ?

On peut vous appeler sur un territoire ?

pierre | 11 septembre 2008 à 09h36 Signaler un contenu inapproprié
10% ...heu... vous êtes sur de ce chiffre.

Bonjour.

Cette dame nous annonce avec aplomb que l'on ne connais que 10% des espèces vivantes présentent en Île de France. Je trouve ce chiffre extrêment BAS.

A par les NAC (Nouveaux animaux de Compagnies) relachés par des abruptis dans la nature, et quelques espèces invasives, aucune nouvelle décourverte d'espèce n' a été faite un Île de France depuis plus de 100 ans.
Ce qui veut dire que grosso-modo, plus de 95% des espèces présentent sont répertoriées, inventoriées et classifiées.
Mais peut-être que ce dame ne connais pas les collections du Muséum National d'Histoires Naturelles...

Il ne faut pas confondre Île de France et Île de Madagascar. La région parisienne n'est pas l'Amazonie, ni la forêt pluviale de Bornéo...

je pense que ces associations veulent simplement obtenir de l'argent des collectivités. Et pour cela elles inventent bien des besoins inutiles.
Le conseil général ferait mieux de s'appuyer sur les chercheurs universitaires, du MNHN, sur le réseau "RENECOFOR", sur l'ONF et l'ONCFS, sur l'ONEMA etc. Car tous ces gens sont bien plus sérieux que ces associations, et ils sont payés pour faire ces inventaires, c'est leur travail.
Alors pourquoi dépenser encore de l'argent pour faire faire un travail par des associations alors que ce travail est déjà réalisé par des institutions nationales.

Daniel | 11 septembre 2008 à 09h51 Signaler un contenu inapproprié
Re:En pratique quelle action ?

Arrête de rêver...tu crois que cette agence a vraiment été créée pour participer à la conservation des milieux et des espèces ? Penses-tu réellement que tu peux leur téléphoner, leur faire part d'une menace sur un territoire particulier et qu'ils vont te dire : "vous avez bien fait de nous appeler, on s'en charge"...s'il y avait une volonté des politiques de mieux connaître et protéger ce qui peut encore l'être, c'est pas 10 personnes qu'ils auraient embauché, et on aurait pas attendu 2008 pour s'y intéresser ! Pierre, soit tu es très jeune et c'est pardonnable, soit tu as plus de 30 ans et tu dois être une cible de choix pour les escrocs !

botanion | 11 septembre 2008 à 14h33 Signaler un contenu inapproprié
Re:10% ...heu... vous êtes sur de ce chiffre.

Si les institutions sont si compétentes que ça et qu'ils font un boulo exemplaire, pourquoi des assos sont montées pour répondre à des besoins bien réels ? Mais que font les institutions !!!!

DOD | 11 septembre 2008 à 17h34 Signaler un contenu inapproprié
Re:10% ...heu... vous êtes sur de ce chiffre.

le chiffre de 10% n'est pas exagéré, il n'y a qu'à lire les revues d'entomologie qui signalent de nouvelles espèces chaque année, à voir aussi les atlas d'ile de france publiés par l'association des coléoptéristes de la région parisienne (ACOREP) association tout à fait sérieuse. Certains de ces membres sont ont le titre d'Attachés auprès du muséum car au muséum il n'y a personne ou presque qui travaille sur la faune de France. Ils sont tous (au moins ce qu'il en reste sur des programmes d'étude des faunes tropicales)
Pouvez-vous citer des noms d'entomologistes du muséum travaillant sur la faune régionale ? je suis preneur.
Sur les 35 000 espèces d'insectes de France de nombreux groupes ne sont pas encore inventoriés (microhyménoptères, nombreux diptères, collemboles, Psoques etc....), seules les coléoptères, lépidoptères, odonates et orthoptères ont un niveau de connaissance passable à bon.
Quant aux structtures que vous citez (ONCFS en particulier), il n'y a aucun entomologistes dans cette administration, pour le réseau RENECOFOR, le suivi est assuré par des établissments publics autres que l'onf par manque de spécialistes.
Il faut prendre les spécialistes où ils sont. Pour le moment ils sont dans les associations il ne faut pas compter sur les universités qui ne forme plus deuis bien longtemps de naturalistes.

Bien sincèrement, coléo

coleo | 11 septembre 2008 à 19h28 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:10% ...heu... vous êtes sur de ce chiffre.

Bonjour Mr Coléo
En tant que spécialiste de science du sol, acarologue et collembologue,
je peux vous dire que la découverte de nouvelles espèces en faune du sol est courante, certe. Des noms de spécialistes biodiversité française (je ne donnerais aucun nom ici, je n'ai pas le droit de le faire) mais je vous conseil d'aller voir l'UMR 5173, UMR 5176 etc etc du muséum, et bien d'autres aussi .Allez faire tour dans les sites des université de Rennes (diptères, faune du sol), grenoble, INRA, CEMAGREF... Vous verrez le nombre de chercheurs spécialistes de la biodiversité française.

Chaque spécialiste travaille sur le national et l'international. Il est normal de développer son travail à l'international, puisque peut de chose reste à découvrir en France.

Mais en ce qui concerne les coléo, ce ne sont souvent que des re-description d'espèces déjà inventoriées depuis bien longtemps.
E
n ce qui concerne les diptères, je vous renvoie à la clé taxonique de Mc Alpine (néarctic).

Le suivi des placettes RENECOFOR est largement fait par les institutions universitaire, cemagref, inra, onf. Les asso comme vous dites ont été inclues par la volonté des pouvoirs publiques.
Souvent elles ne sont de peu d'utilité. Pour les avoir côtoyées souvent, je peux dire que les asso sont des empêcheurs de chercher correctement.

Vous semblez tous encenser les asso, certains demandent pourquoi faire intervenir les asso dans ces inventaires puisque ceux-ci existent déjà. Justement c'est la question que je posais en premier.
Les asso ont un intérêt pour faire un inventaire de zones restreintes, natura 2000 par exemple, ou soumises à des contraintes d'aménagement. Mais les asso n'ont pas (ou très peu) les compétences en matière de taxonomie (sauf cas ou des experts institutionnels travaillent dedans l'asso).

Les vrais manques sont sans nuls contexte au niveau des sols:
acarologie, collembologie, microbiologie, lombricologie, nématologie...etc etc.
Mais hélas, les asso ne se soucient pas du tout de ce qui se passe dans le sol, car c'est pas vendeur auprès du public. Un Allolobophora rosea ou un Tectocepheus velatus sont bien moins qu'un beau Papilio machaon, ou qu'un Lucanus cervus ou bien encore Coenagrion puella

Bien cordialement à vous

daniel | 11 septembre 2008 à 23h47 Signaler un contenu inapproprié
mes fellicitations

bonjours madame.toutes mes fellicitatios pour votre equipe qui active dans ce domaine de biologie fondamentale presque abondonné que c soit du coté des scientifiques ou de la part des autorités.
je ne vous cache pas je suis, algerien et je vien de s'initié à ce domaine (lichenologie), il ya pas mal de problemes sur le terrain et au niveau administratif. bref courage et perseverance, vous allez aboutir a vos objeectifs.

ecolo23 | 14 septembre 2008 à 15h35 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:10% ...heu... vous êtes sur de ce chiffre

je ne suis ni chercheur, ni universitaire, ni spécialiste des espèces ou des sols. Je m'y intéresse depuis longtemps, j'essaie d'apprendre et de comprendre, à partir d'une modeste licence de sciences du vivant, il y a bientôt ...cinquante ans. J'apprécie ce que font les chercheurs et universitaires, mais leurs travaux sont difficilement accessible au grand public, même motivé. Mais le problème de fond à mon avis , concernant la biodiversité et la connaissance du vivant, c'est le fossé qui se creuse avec la population, "le grand public " comme on dit. Et c'est ce grand public qu'il m'importe d'intéresser au Vivant et à sa diversité, dont nous sommes partie prenante... de réconcilier l'Homme avec son milieu, implique qu'il connaisse et apprécie la beauté à multi facettes de son milieu! et là, messieurs les universitaires et les chercheurs et les associations, doivent faire cause commune, développer un vrai partenariat. Car pour protéger la biodiversité, il faut commencer par la connaître, la découvrir, l'aimer, pour la respecter comme soi même.
J'ai une idée et un projet la-dessus. J'aimerais le partager avec des acteurs déterminés.
Michel Mombrun

michel | 18 septembre 2008 à 22h47 Signaler un contenu inapproprié
naïf, vieux et proie pour les escrocs, même combat

oui j'ai foi en le service public. Même à 10 peut-être vont-ils sauver un territoire à la fois, puis deux, puis trois, c'est comme cela qu'on forme des vocations. Il paraît que ceux qui s'y connaissent en plantes sont en voie de disparition, en plus ils sont vieux et n'ont même plus le courage d'arpenter les sites qu'on leur désigne, ils demandent qu'on les défriche à la machine avant ; c'est tant mieux du reste car comme cela il n'y a rien à voir, circulez, il faut faire des routes et des tranches de steak.

pierre | 22 septembre 2008 à 13h57 Signaler un contenu inapproprié

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