© UNAF/mairie emerainville
Une biologie désormais mieux connue
Depuis cette première découverte, les connaissances ont progressé sur la biologie de l'insecte et ont été regroupées dans le rapport Saddier rendu public en octobre 2008 et consacré à l'apiculture. Vespa velutina peut mesurer jusqu'à 50 mm de long et a le corps noir et le dernier segment de son abdomen jaune orangé ainsi que l'extrémité de ses pattes et le devant de sa tête. Il ne faut pas le confondre avec la seule espèce de frelon endogène, Vespa crabo, dont le corps est brun avec l'abdomen jaune rayé de noir.
Les colonies de Vespa velutina sont organisées autour d'une reine fondatrice. Ces femelles sortent de l'hivernage entre le mois de février et le mois de mai et cherchent à implanter leur nid en général près des points d'eau, dans un arbre, dans le bâti, dans des cavités voire en terrier. Le nid grossit ensuite progressivement jusque fin octobre et passe de la taille d'un œuf à un nid d'1 mètre d'envergure avant d'être abandonné.
Son impact sur les ruchers a été avéré. En Gironde, 150 à 200 ruches ont probablement été détruites par l'action du frelon en 2006. Quelques frelons se postent à l'entrée de la ruche et capturent les abeilles lorsqu'elles rentrent de butinage. Outre cet impact direct sur le cheptel, le frelon a également des impacts indirects : sa seule présence devant le rucher perturbe le fonctionnement de la colonie en induisant du stress. Sont également observés de véritables pillages de ruches : les frelons pénètrent dans une ruche faible et peuvent la détruire en quelques heures, prélevant le miel, les abeilles restantes et les larves.
En présence de l'Homme, Vespa velutina ne semble pas au préalable plus agressif que le frelon européen. Des attaques ont néanmoins été recensées et sont liées à la protection du nid. À la différence du frelon européen, le frelon asiatique attaque collectivement, provoquant des piqûres multiples et douloureuses (dard venimeux). Le risque est plus élevé à partir du mois de juillet, lorsque la colonie est la plus nombreuse.
La lutte s'organise
Les apiculteurs ont été les premiers à alerter les pouvoirs publics. Les départements concernés ont commencé à recenser la présence du frelon en 2007 et depuis les techniques de lutte s'affinent. Pour protéger les ruchers, les apiculteurs peuvent installer des écrans et des réducteurs d'entrée afin de diminuer les postes d'observation possibles pour les frelons et empêcher leur intrusion dans la ruche. Mais ces équipements ne peuvent pas être utilisés en saison, car ils ralentissent la collecte, facilitent la capture des abeilles et empêchent la sortie des mâles.
Il est donc préférable de s'attaquer à la source du mal, à savoir les nids de frelons. Toutefois, la majorité des nids étant située dans les arbres, ils ne sont repérés qu'après la chute des feuilles et au moment où le nid est en fin de vie. De plus, l'élévation de nombreux nids et l'agressivité du frelon rendent l'accès difficile et nécessitent l'utilisation de techniques relativement élaborées à réaliser par des professionnels (désinsectiseurs). L'Association de Développement de l'Apiculture en Aquitaine (ADAAQ) a mis au point une méthodologie qui garantie la destruction du nid entier et protège l'intervenant. En Gironde, entre le 19 octobre et le 19 décembre 2007, les pompiers ont détruit 700 nids.
Il est également possible de capturer les fondatrices au moment où elle commence à construire leur nid. L'ADAAQ propose également une méthodologie et propose l'établissement d'un réseau de piégeage.
Observer mais faire preuve de vigilance
Selon l'ADDAQ, à cette date, l'ampleur de l'invasion est telle que toute tentative d'éradication de Vespa velutina semble vaine. De plus, son expansion vers d'autres pays européens semble inéluctable. L'association appelle donc la population des départements concernés et limitrophes à observer avec attention les insectes de leur jardin et à prévenir leur mairie en cas de doute. Il n'est en revanche pas conseillé d'intervenir sur les nids. Selon les premières observations, le frelon asiatique est peu agressif envers l'homme lorsqu'il est en solitaire. Il n'en est pas de même à l'approche du nid où l'attaque peut être collective et virulente. Huit à douze piqûres peuvent provoquer un empoisonnement nécessitant une hospitalisation, prévient l'ADDAQ.
L'Union National des Apiculteurs Français appelle quant à elle les pouvoirs publics à considérer ce frelon comme un nuisible. Nous espérons que les pouvoirs publics prendront conscience de ce danger et nous aiderons, non pas à éradiquer Vespa velutina, chose qui paraît maintenant impossible mais au moins à en limiter au maximum le développement, c'est devenu un devoir civique, estime l'UNAF. Selon Henri Clément, président de l'UNAF, si nous n'y prenons pas garde dans deux ans le frelon est à Paris !