
Aujourd'hui, ces espèces représentent la deuxième cause de diminution de la biodiversité juste après la destruction des habitats. C'est pourquoi, elles font l'objet depuis peu d'un programme européen chargé de les inventorier. Baptisé DAISIE pour Delivering Alien Invasive Species Inventories in Europe, ce programme est mené par 15 institutions des différents pays européens sur la période 2005-2008. En France, l'Institut National de Recherche Agronomique (INRA) a été chargé de coordonner la recherche des invertébrés terrestres et des champignons. Les premiers résultats révèlent que plus de 1.500 espèces exotiques d'insectes, d'acariens, de vers et d'autres mollusques terrestres se sont déjà établies sur le continent européen même si tous ne sont pas envahissants. Si le phénomène n'est pas récent, il semblerait que la mondialisation l'ait accentué : Une moyenne de 19 espèces exotiques d'invertébrés, en grande majorité des insectes, s'est ainsi établie par an en Europe durant la période 2000-2007 contre 10 en moyenne par an entre 1950 et 1975, explique l'INRA. Originaires principalement d'Asie et d'Amérique du Nord, ces espèces ont majoritairement été importées suite au transport de marchandise. Seul 10% ont été délibérément introduites pour la lutte biologique ou à des fins récréatives comme certains papillons pour le plaisir des collectionneurs. La plupart des espèces se sont installées dans des milieux liés à l'activité humaine comme les champs, les parcs et jardins ou les habitations mais beaucoup moins dans les milieux naturels.
Les invasions biologiques par les espèces exotiques peuvent avoir des effets de grande envergure et souvent nocifs sur la diversité et la fonction biologique des écosystèmes envahis. Elles peuvent également agir en tant que vecteurs de nouvelles maladies et avoir des conséquences sur l'économie notamment dans l'agriculture. Avec ce programme d'inventaire, l'INRA espère faciliter la gestion des invasions par une meilleure prédiction des caractères susceptibles de faciliter l'établissement d'espèces exotiques, la définition de groupes d'espèces et de marchandises à risque, ainsi que par l'analyse de la susceptibilité des écosystèmes. Un échange des données est prévu avec les bases similaires chinoises (Académie des Sciences) et nord-américaines (USDA Forest Service).