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L'environnement, ça commence à… coûter trop cher !

Une étude publiée le 9 décembre par la direction générale du Trésor évalue les impacts macroéconomiques de la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement et conclut qu'à long terme, ces investissements seraient néfastes pour le PIB et l'emploi...

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
L'environnement, ça commence à… coûter trop cher !
   

450 milliards d'euros, c'est ce que devrait coûter la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement, dans les domaines du transport, du bâtiment et des énergies renouvelables, pour atteindre les objectifs du Paquet Energie Climat. Ce chiffre n'est pas nouveau : il a été annoncé dès 2008. Ce qui change par contre, c'est l'analyse qui en est faite et les conclusions qui sont tirées…

Une étude publiée le 9 décembre par le Trésor (et qui ''n'engage que ses auteurs'' comme le précise le document) note en effet que si les investissements devraient, dans un premier temps, être bénéfiques à la croissance et à l'emploi, après 2020, ''le ralentissement  puis l'arrêt des investissements, la hausse des prix, et celle des prélèvements obligatoires nécessaire au  financement des investissements, annulent les gains économiques du Grenelle''. Pour finir, le Grenelle aura un impact négatif sur le PIB et l'emploi (1) .

''Un éclairage plus complet de l'impact du Grenelle''

L'étude prétend intégrer les effets positifs et négatifs des investissements publics et privés liés à la mise en œuvre des engagements du Grenelle de l'environnement sur l'ensemble de l'économie et sur les finances publiques. ''La prise en compte des effets macroéconomiques permet de donner  un éclairage plus complet de l'impact du Grenelle que certaines études examinant uniquement les effets directs'', expliquent ses auteurs.

Selon ces économistes, le Grenelle de l'environnement conduit à anticiper un certain nombre de dépenses  d'investissements (450 milliards d'euros) et à les concentrer sur la décennie 2010, ce qui représenterait entre 0,3 et 1,6 point de PIB chaque année. Ces dépenses devraient être portées dans des proportions comparables par les ménages, les entreprises et les administrations publiques, autrement dit, par le citoyen et l'usager/consommateur.

La ''première phase expansionniste'' du Grenelle (décennie 2010) devrait être marquée par ''un pic en 2014 que ce soit pour le PIB ou l'emploi. Au plus fort, entre 1,6 et 1,9 point de PIB et entre 200.000 et 250.000 emplois environ sont créés par le Grenelle à court terme, selon que le prix du pétrole est à 62, 80 ou 130 $/baril, et que l'on prend ou non en compte des gains de productivité dans l'économie''. On est loin des 600.000 emplois créés par le Grenelle et annoncés par le Boston Consulting Group en juin 2009 !

D'autant qu'à partir de 2020, ''l'impact sur le PIB devient négatif. Les économies d'importations ne peuvent contrebalancer le fort ralentissement des investissements prévus par le Grenelle et le coût du financement des mesures. (…) Au total, le PIB est dégradé de 0,5 à 0,7 point au plus bas en 2023 selon les scénarios, ce qui correspond au même moment à la suppression de 140.000 à 180.000 emplois en écart au scénario sans mise en œuvre du Grenelle''.

Des résultats à nuancer ?

La taxe carbone changerait la donne...

Dans une note de bas de page, le document précise qu'un ''autre scénario de référence pourrait être le sentier de croissance optimal qui permet d'atteindre les objectifs du Paquet Energie Climat au moindre coût'', basé sur la mise en place d'une ''taxe carbone d'un niveau approprié''.
Ainsi, ''sous réserve d'un recyclage adéquat des recettes de la taxe'', la mise en place d'une taxe carbone ''créerait sur le long terme plus d'activité et d'emploi que dans un scénario tendanciel'', tel qu'étudié par les économistes du Trésor.
Les auteurs nuancent en préambule les résultats de leur étude : ''ces résultats font appel à plusieurs hypothèses, y compris de modélisation, et doivent être considérés avec  prudence. En particulier, le Grenelle de l'environnement pourrait, à long terme, enclencher des effets positifs  durables sur l'économie via un surcroît d'innovation par rapport à nos partenaires commerciaux qui  améliorerait notre compétitivité hors-prix. Ces effets sont imparfaitement pris en compte ici : seuls les gains  socioéconomiques induits par les infrastructures de transport ont pu être valorisés. Pour autant, ces gains ne  suffisent pas à compenser l'effet macroéconomique négatif du Grenelle à long terme''.

Pour  Nathalie Kosciusko-Morizet, interrogée sur cette étude par l'AFP, "en investissant sur les sujets porteurs d'avenir, les technologies propres, les énergies renouvelables, les transports durables, le logement moins consommateur d'énergie, on se positionne sur les technologies qui feront les marchés mondiaux à horizon 2020". La ministre déplore "un regard très insuffisant et très tronqué sur ce qu'est le Grenelle de l'environnement", regrettant notamment la non prise en compte de certains apports indirects du Grenelle. "Par exemple, le Grenelle de l'environnement, avec son Plan santé et environnement, investit dans la prévention. À terme, ce sera moins de coûts pour la sécurité sociale, mais ça, évidemment, ce n'est pas du tout pris en compte".

Autre illustration : les bénéfices d'un investissement massif dans les transports ne sont jugés qu'à l'aune des économies d'énergie réalisées et des gains de productivité par les entreprises. Quid des bénéfices sanitaires à long terme d'un report modal massif ?

1. Consulter l'étude du Trésor
http://www.tresor.bercy.gouv.fr/etudes/doctrav/pdf/cahiers-2010-06.pdf

Réactions8 réactions à cet article

Raisonnement complètement idiot : une étude de ce type n'a aucun intérêt si tout n'est pas pris en compte. C'est comme si on disait : "mes panneaux solaires installés sur le toit me coûtent X milliers d'euros, j'économiserai X euros d'électricité par an, mais je ne tiens pas compte de l'électricité que je pourrai revendre à EDF".

De plus, c'est une vision uniquement économique du problème (en même temps c'est rédigé par le Trésor...). Ils n'ont absolument pas les compétences nécessaires pour évaluer l'impact économique de l'augmentation des catastrophes naturelles, par exemple l'augmentation des inondations avec la réduction des zones humides. Et encore ce n'est qu'un exemple parmi d'autres des conséquences économiques et sociales du réchauffement global, de l'effondrement de la biodiversité, de l'augmentation des pollutions, etc...

Et une dernière remarque : combien vaut un litre d'air selon le Trésor ?

Laurent | 13 décembre 2010 à 20h03 Signaler un contenu inapproprié

Rassurez-vous, NKM pensera à vous et votre bonne volonté pour financer "les sujets porteurs d'avenir" ;)

FCKennedy | 14 décembre 2010 à 10h23 Signaler un contenu inapproprié

Dire de ce rapport qu'il est "complètement idiot" retourne cette appréciation vers son auteur.
C'est un rapport qui vaut ce qu'il vaut, leurs auteurs ne sont membres d'aucun lobby, type SER pour la promotion de l'éolien à tout prix n'importe où ou presque.
Une confiance aveugle, évidemment non, un élément à étudier et critiquer certainement.
Évidemment que les seuls paramètres comptables sont loin, très loin d'être les seuls à considérer, chacun de nous sait fort bien qu'ils doivent pourtant, nécessairement, être pris en compte.
Merci à ce rapport d'être un élément, parmi d'autres, qui alimente la réflexion.
NB Avec des panneaux solaires on n'économise pas d'électricité, on en produit, acheté un très bon prix grâce à l'apport de tous les consommateurs d'électricité. Pourquoi pas d'ailleurs si cela permettait de soulager la production global de kwh ? Voir le bilan et les perspectives est instructif.

micocharly | 14 décembre 2010 à 10h36 Signaler un contenu inapproprié

Premierement, comem bcp l'on remarqqué, ce rapport n'apport qu'une vision economique de la chose, forcement tronquée et en partie fausse. ce base sur les points de PIB pour construire sa conclusion est hallucinant alors meme que le PIB est un faux indicateur, qui ne rend compte de rien si ce n'est du benefice des entreprises (absolument pas en lien avec l'emploi rassurez vous..).
Deuxiemement, le Grenelle ne lui meme est une fausse bonne idée. Tout n'est vu que sous un angle, jamais de recul ni de vision globale. Ou quand il y a vision globale.. cela reste une vision (cf autoroute/aeroport en construction)
Tout le monde est d'accord pour dire que le grenelle n'a quasiment rien apporter et rien changer à l'economie francaise.. je ne parle meme pas de ses avantages environnementaux... a part le soutien au transports publics je ne vois pas.
Les politiques publiques sont toujours aussi depensieres en bétises, aucune ré organisation de notre "industrie", aucune reference a notre soi disant independance energetique, rien sur la densité et l'etalellement urbain toujours autant soutenu (cf grand paris)..etc, etc..
Le grenelle c'est juste nous faire croire que parce qu'on marche au nucleaire on est plus ecolo que les autres..

Sois le changement que tu veux voir dans le monde

Décrois | 15 décembre 2010 à 10h33 Signaler un contenu inapproprié

Si seulement le rapport pouvait croiser leur hypotèses avec la notion d'IDH et Sortir du PIB qui n'est qu'un indicateur Economique qui ne prend pas en compte d'autres aspects .. bref..
une lecture PIB ne serait jamais pertinente. sauf pour ceux qui ne jurent que par l'argent dans la mise en oeuvre de leurs actions.

nanick | 16 décembre 2010 à 08h17 Signaler un contenu inapproprié

Pourquoi toujours penser en termes de coûts et jamais d'investissements? Pourquoi ne pas penser à qualité de la vie, la qualité de la vie améliorée à long-terme, mais seulement aux aspects monétaires. Qui d'ailleurs, vues les turbulences du marché financier mondial, pourraient continuer à contrecarrer toutes les prédictions de ce genre...

Patricia | 16 décembre 2010 à 10h19 Signaler un contenu inapproprié

Ce rapport arrive à point nommé pour conforter la nouvelle politique "écologique" Française, et justifier l'abandon des soutiens financiers aux énergies renouvelables. Tout cela en parallèle au renforcement des investissements publics dans le tonneau des Danaïdes de l'EPR, dont le fiasco technologique et commercial se fait chaque jour plus évident.
Aucune valeur prospective puisqu' on s'appuie sur une grille d'analyse totalement obsolète, incapable de penser et de dépasser la double crise économique-écologique mondiale dans laquelle nous pataugeons :
Le référentiel demeure purement économiste,fondé sur la notion intangible de marché, un bien n'ayant d'existence supposée qu' à partir du moment où il acquiert une valeur monnayable (C'est déjà le cas pour l'eau, bientôt pour l'air dépollué)
Pour mieux asséner des conclusions fallacieuses, on agite le chiffon rouge de la perte d'emplois et des faiblesses de compétitivité, tout en ignorant (volontairement ou par incompétence?) les besoins sociaux, et leurs coûts induits, résultant des effets conjugués de la faillite financière mondiale et du laisser-faire écologique : paupérisation de masse, migrations de population,reconstruction de zones sinistrées, sécurisation de sites à risques, etc.
Ce rapport ne serait-il qu'une nouvel instrument idéologique, destiné à masquer les incohérences de la politique énergétique et au-delà, une incapacité à formuler une vraie stratégie de gestion écologique à long terme ?

moudiblouz | 16 décembre 2010 à 10h32 Signaler un contenu inapproprié

Il est quand même bon que l'on commence à mettre en question toutes les inepties débitées par les écolos ! Dommage que ces réflexions émanent du TRESOR dont la gestion des finances et de la comptabilité d'Etat mériteraient, elles aussi, d'être remises en question. Personne en France n''est en mesure d'évaluer le coût exact et complet du tri sélectif des déchets, ce n(est qu'un exemple. Et il ne s'agit pas que d'un retour sur investissement, objet de critiques de la part de gens dont les connaissance en économie , en macroéconomie sont visiblement limitées, mais d'une dépense colossale d'énergies diverses, humaines, mécaniques et électriques, pratiquement en pure perte. Qui est en mesure d'évaluer cela pour le mettre en balance avec les faux gains acquis en matières premières et emplois ? Paul Chérel

Paul Chérel (je ne pratique pas le pseudo ) | 16 décembre 2010 à 15h34 Signaler un contenu inapproprié

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