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Isolation thermique par l'extérieur : une opportunité de travaux à ne pas négliger

En cas de ravalement de façade, l'isolation thermique par l'extérieur doit être envisagée. Plusieurs conditions la rendent même obligatoire. Les gains énergétiques qu'elle permet facilitent sa rentabilité. La qualité des travaux prime.

TECHNIQUE  |  Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Isolation thermique par l'extérieur : une opportunité de travaux à ne pas négliger

Depuis le 1er janvier 2017, les travaux d'isolation thermique par l'extérieur (ITE) en cas de ravalement important de façade des logements sont obligatoires. Cette obligation (1) se limite aux seules façades constituées en briques industrielles, en béton banché, parpaings, briques monomurs ou bardage métallique. Mais le potentiel de rénovation est loin d'être négligeable. La plupart des bâtiments construits après 1948 situés en métropole à usage d'habitation (individuels et collectifs) sont concernés : bureaux, commerces, établissements d'enseignement ou encore hôtels. De quoi dynamiser le marché de l'ITE qui "profite à la fois de la reprise du marché de la construction, d'une recherche de confort et de bien-être des occupants et d'un environnement réglementaire favorable", confirme Philippe Boussemart, président du Groupement Mur Manteau réunissant les fabricants des systèmes ITE.

Des solutions techniquement éprouvées

L'isolation thermique par l'extérieur permet d'économiser jusqu'à 30% de la consommation d'énergie du bâtiment en limitant les pertes de chaleur par les murs, qui représentent en moyenne 25 à 30% des déperditions totales (exemple d'une maison datant de 1975 non isolée, selon l'Ademe), mais aussi de réduire les 5% à 10% de déperditions correspondants aux ponts thermiques (jonctions avec les menuiseries et les planchers intermédiaires). Elle est donc fortement encouragée par les pouvoirs publics. "Surtout qu'un ravalement représente une véritable opportunité d'embarquer une isolation thermique pour la copropriété. Cette action assure en effet une amélioration notable de la performance énergétique et donc de la facture énergétique pour les copropriétaires", estime Charles Arquin, responsable du pôle rénovation au bureau d'études thermiques Pouget Consultants.

L'obligation concerne les travaux de ravalement de façade selon les techniques de type réfection d'enduit (enlever et refaire à neuf l'enduit existant) ou installation d'un parement (vêture, vêtage, bardage...) sur au moins 50% d'une façade. "Les systèmes d'ITE sont des solutions éprouvées techniquement qui permettent de traiter tous les types d'ouvrages quel que soit le type de support, l'environnement, la situation géographique...., souligne Philippe Boussemart du Groupement Mur Manteau. De plus, au-delà de la performance thermique, l'apport de nouvelles techniques de finitions permet de répondre à l'habitat plus traditionnel : plaquettes de parement, teintes vives, finitions à la chaux...".

Qualité rimera avec performance

L'isolation installée doit conduire à une performance conforme à la règlementation thermique dite "élément par élément" (2) qui a été révisée en janvier 2018. Les murs en contact avec l'extérieur doivent désormais présenter après travaux un coefficient de résistance thermique minimale (appelé R) de 2,9 m2.K/W (3) . "Selon les isolants et leurs performances, l'épaisseur d'isolant ira de 9 à 14 cm. Il faut également prendre en compte pour les propriétaires individuels la nécessité de mettre en place des matériaux ayant une résistance thermique supérieure à 3,7 m².K/W et de faire appel à une entreprise Reconnu Garant de l'Environnement (RGE) pour bénéficier du crédit d'impôt transition énergétique (CITE)", rappelle M. Boussemart.

Mais attention aux malfaçons qui peuvent dégrader la performance et par conséquent les économies d'énergie. Une ITE mal réalisée s'avèrera peu efficace et son coût mal rentabilisé. "Les problèmes sur des ITE en enduit mince sur isolant sont le plus souvent liés à la pose", alerte Bettina Godard Chivé, ingénieur conseil à l'Institut de recherche et d'études de la finition (Iref). La fissuration de l'enduit au joint entre plaques d'isolant ainsi que l'absence de mouchoirs d'armature dans les angles de baie sont les deux cas les plus fréquents de malfaçons rencontrés par l'Iref.

Les enduits sur isolants les moins chers sont les plus utilisés

L'aspect financier reste en effet un frein à la généralisation de l'ITE. Le crédit d'impôt est bien souvent un argument bienvenu dans les décisions de travaux. Si le coût moyen d'une ITE dépend essentiellement de l'importance du chantier et des matériaux utilisés, il se situerait entre 60 et 150 € HT par m2, selon le type de procédé. Ce coût pourrait aller jusqu'à 400 € HT du m2 pour des revêtements très qualifiés.

A l'heure actuelle, les enduits sur polystyrène sont les produits les moins chers et les plus employés par les professionnels, suivis par la laine de roche qui présente une très bonne résistance au feu. Le coût moyen des systèmes de vêtages et de vêtures oscillerait autour de 85 € HT/m2, selon Thomas Delépine, porte-parole de la commission technique du Syndicat national des bardages et vêtures isolés (SNBVI). Les prix dépendent aussi de l'objectif de performance à atteindre qui détermine l'épaisseur de l'isolant : "les mousses polyuréthane sont les plus performantes. Avec 60 à 70 mm d'épaisseur, vous obtenez la même performance que le polystyrène avec 110-120 mm", selon M. Delépine.

Profiter d'un temps de retour "économique et patrimonial"

Face à la crainte du surcoût, l'Etat a prévu que l'obligation de ravalement ne s'applique pas si le projet "n'est pas rentable", c'est-à-dire si son temps de retour sur investissement est supérieur à 10 ans. "Ce sont des cas où les façades sont complexes à traiter. On va traiter aussi les points singuliers comme les jonctions avec les menuiseries, avec les coffres de volets roulants. Sur les façades pignon par exemple où il n'y a aucune fenêtre, là le retour sur investissement sera inférieur à 10 ans. Economiquement, on se retrouve face à un double choix : ravaler sans isolation avec zéro temps de retour et ravaler avec isolation et profiter d'un temps de retour économique et patrimonial", explique Charles Arquin de Pouget Consultants. Selons les calculs de l'Ademe, dans le cas d'un immeuble collectif des années 60, chauffé au gaz, d'une surface de 4.560 m2 et comprenant 81 logements : le coût des travaux de ravalement avec isolation, au niveau CITE, s'élève à 617.198 €. Le surcoût, déduction faite des aides financières (CITE et Certificats d'économie d'énergie) est de 119.247 €. Les gains d'énergie annuels sont de 399.410 kWh. Le temps de retour sur investissement est ici de six ans.

Mais Philippe Boussemart du Groupement Mur Manteau, se veut rassurant : "Les motivations des maîtres d'ouvrage ne se mesurent pas exclusivement en terme de retour sur investissement. Le bien-être au quotidien et le confort d'été et d'hiver des occupants, la valeur patrimoniale ou valeur verte sont des facteurs de plus en plus pris en compte".

1. Décret n° 2016-711 du 30 mai 2016 modifié par le décret n° 2017-919 du 9 mai 2017.2. Arrêté du 22 mars 2017 modifiant l'Arrêté du 3 mai 2007 relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants.3. A l'exception pour la zone climatique méditerranéenne H3 à moins de 800 m d'altitude qui est de 2,2 m2.K/W.

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