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Actu-Environnement

“L'eau est une des priorités de l'adaptation au changement climatique”

Une demi-journée sera consacrée à l'eau et l'adaptation au changement climatique lors de la COP 21. Explications des enjeux avec Jean-Francois Donzier, secrétaire technique permanent du Réseau international des organismes de bassin, directeur général de l'Office International de l'Eau.

Interview  |  Eau  |    |  D. Laperche
   
“L'eau est une des priorités de l'adaptation au changement climatique”
Jean-Francois Donzier
Secrétaire technique permanent du Réseau international des organismes de bassin, directeur général de l'Office International de l'Eau
   

Actu environnement : Quelle sera la place de l'eau dans la COP 21 ?

Jean-Francois Donzier : A la suite de la COP 20 qui s'est tenue au Pérou, il a été décidé que se tiendrait une demi-journée consacrée à l'eau et l'adaptation au changement climatique dans la zone officielle du forum, la zone bleue. Cette journée est aujourd'hui définitivement actée et se déroulera le 2 décembre : c'est un soulagement dans la mesure, où jusqu'à quelques semaines encore l'eau n'apparaîssait pas dans le programme officiel de la COP 21.

Un certain nombre d'évènements parallèles sont aussi prévus en dehors de cette zone de négociation, mais ils n'auront évidemment pas la même portée qu'une journée en présence des délégations officielles des pays et des organismes accrédités auprès des Nations Unies.

AE : Cette prise en compte, à travers une demi-journée consacrée à l'eau, est-elle suffisante selon vous ?

JFD : L'enjeu majeur de la COP 21 reste d'obtenir des engagements gouvernementaux sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l'utilisation des énergies fossiles. L'eau est un sujet important, mais qui n'apparaît qu'au second degré dans les enjeux prioritaires des négociations de la conférence de Paris.

Le fait que la question de l'eau soit maintenant affichée dans le programme officiel des Nations Unies, au même niveau que la protection de la forêt ou l'alimentation de la population mondiale, est déjà une victoire. C'est la reconnaissance officielle que l'eau est indiscutablement une des priorités de l'adaptation au changement climatique (1) .

Aujourd'hui, on constate des inondations catastrophiques au Bangladesh et en Inde ou à l'inverse, des sécheresses en Californie, dans l'état de Sao Paulo au Brésil, sur la côte nord de la Méditerranée ou encore au Mexique où l'agglomération de la capitale Mexico avec 24 millions d'habitants à 2.000 mètres d'altitude subit un sévère stress hydrique. Tous ces exemples finissent par se cristalliser et poser des questions non seulement aux techniciens, mais aussi aux décideurs politiques ainsi qu'à la population qui est en première ligne. L'eau s'impose pour être un des sujets majeurs des décennies à venir, en plus de celui central de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

AE : Qu'attendez-vous comme avancée pour l'eau durant la COP 21?

JFD : Ce que nous souhaitons - et ce n'est pas révolutionnaire pour les Français et les Européens – c'est un accord pour que l'adaptation au changement climatique s'organise au niveau des bassins qu'ils soient nationaux ou transfrontaliers. La ressource se trouve au niveau des bassins, il faut donc la gérer à cette échelle. Cela implique au niveau national ou transfrontalier de renforcer ces politiques par une gestion coordonnée des eaux de surface et des eaux souterraines et d'introduire très vite des mesures d'adaptation dans de véritables plans de gestion de bassin.

Nous n'allons pas pouvoir nous adapter en six mois. Comme l'impose la Directive cadre européenne sur l'eau (2) , par exemple, il faut concevoir des plans de gestion de bassin qui prennent en compte les mesures d'adaptation. La plupart des mesures efficaces nous les connaissons déjà : les principes de base de lutte contre les inondations, réduire la consommation et contrôler la demande en eau, rechercher des fuites (3) dans les réseaux urbains, renforcer l'efficacité de l'irrigation en agriculture mais également réduire les consommations d'eau pour refroidir les centrales thermiques de production d'électricité ou installer des écluses à économie d'eau sur les canaux de navigation fluviale.

Nous devons surtout renforcer les systèmes de monitoring et d'observation. Jusqu'à présent, nous utilisions des séquences historiques de données pour les calculs. Notre principe était : ce qu'il s'est passé il y a 100 ans se reproduira statistiquement tous les 100 ans. Aujourd'hui, c'est fini, nous allons travailler dans l'incertitude et cela change toutes nos approches. Pour pouvoir s'adapter à de nouvelles conditions, nous allons devoir observer de façon fine les évolutions sur le terrain, mettre en place des systèmes d'information sur l'eau beaucoup plus performants que ceux que nous utilisons encore actuellement.

AE : Les crédits du Fonds vert vont-ils contribuer - et dans quelle proportion - à la mise en place de mesures d'adaptations concernant l'eau ?

JFD : Nous n'imaginons pas que l'eau puisse ne pas figurer dans les orientations prioritaires du "Fonds vert" !

L'équipe du Fonds vert est en train de se mettre en place, elle fait un appel à accréditation d'organismes observateurs qui travailleront avec elle sur la priorisation des actions à financer. Le Réseau international des organismes de bassin (Riob) a fait une demande d'accréditation à ce titre.

La première interrogation est combien d'argent allons-nous réellement mettre sur le Fonds vert, est-ce que les pays qui ont fait des promesses de dons vont pouvoir les tenir ?

Ensuite, la seconde question porte sur la capacité des autorités - même si des sociétés privées interviennent, la gouvernance reste publique - à monter de bons dossiers d'adaptation présentables rapidement pour que le Fonds vert intervienne vite.

AE : Quelles initiatives va engager le Riob durant la COP ?

JFD : Nous avons lancé le "Pacte de Paris pour l'adaptation au changement climatique dans les bassins versants, les fleuves, les lacs et les aquifères". C'est un texte de référence simple… comportant des engagements pour agir….

Nous sommes en train de le faire signer par un grand nombre non seulement d'organismes de bassins, mais aussi d'institutions internationales, de gouvernements, d'entreprises ou d'ONG qui travaillent dans les bassins afin qu'ils s'engagent à entreprendre des mesures concrètes d'adaptation. D'ores et déjà, c'est un grand succès international car plus de 130 organisations du monde entier ont aujourd'hui signé le Pacte de Paris, dont la présentation sera le moment fort de la Journée sur l'eau de la COP 21, le 2 Décembre prochain…

1. Lire notre dossier Changement climatique : le casse tête de l'adaptation
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/adaptation/adaptation-enpc.php
2. Lire Qualité de l'eau : le challenge de la DCE
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/directive-cadre-eau/qualite-eau.php
3. Lire Fuites d'eau : des solutions existent
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/reseaux-eau-potable/fuites-eau-solutions.php

Réactions1 réaction à cet article

La directive européenne sur l'eau est déjà ancienne, elle obligeait à des objectifs de qualité des eaux (de consommation, souterraines ou de surface) à atteindre en 2015. On a déjà repoussé à 2023 et jusqu'à 2027 l'atteinte de ces objectifs, par la pression des lobbies agricole (FNSEA) parfois industriels et aussi par le fait que les élus ne veulent pas mettre la pression sur leurs électeurs. Par ailleurs, on continue à confier la gestion des eaux potables au privé sans se préoccuper si la tenue des réseaux est incluse dans les contrats ou si ces clauses sont respectées.
Balayons aussi devant notre porte...

rémy petiot | 16 novembre 2015 à 15h01 Signaler un contenu inapproprié

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