
Président de la Fédération des PNR de France
Actu-Environnement.com : Quels sont les grands défis auxquels sont confrontés les parcs naturels régionaux aujourd'hui ?
Jean-Louis Joseph : Les parcs ont beaucoup évolué depuis leur création, il y a 45 ans. D'abord en nombre. Ils sont aujourd'hui 46 et trois vont voir le jour en 2012 : Ardennes, Baronnies provençales et Préalpes d'Azur. Ils gèrent 15% du territoire, constituent la première infrastructure écologique du pays et le premier opérateur Natura 2000. En bref, c'est un réseau structurant fort ayant une forte empreinte écologique.
AE : Et au-delà de ces indicateurs quantitatifs ?
JLJ : Il s'agit de réussir dans un contexte de changement. Les questions sont celles des ressources financières, du développement de l'intercommunalité et du caractère attractif des parcs pour la population. Les parcs sont maintenant des espaces en croissance démographique. Se posent donc les questions de la relation urbain/rural et du lien social. Cette dernière question, liée à celle de la culture, fait d'ailleurs l'objet du congrès qui s'ouvre le 5 octobre.
AE : Quels sont les problèmes financiers que vous évoquez ?
JLJ : Le financement des parcs est assuré par les collectivités territoriales : principalement les régions, suivies par les départements et les communes. Et, pour une faible part, par l'Etat. Depuis trois ans, les recettes stagnent. De plus, une disposition de la loi relative à la réforme des collectivités territoriales menace l'action des parcs : elle impose 20% d'autofinancement dans les investissements réalisés par les syndicats mixtes. C'est la mort annoncée de tous les projets Natura 2000.
AE : Quels sont les enjeux liés au développement de l'intercommunalité ?
JLJ : Les groupements de communes sont tentés de mener des missions identiques à celles des parcs. Ce développement est une bonne chose. On l'appelle de nos vœux mais il ne faut pas qu'il soit trop rapide. Les parcs doivent conserver leur capacité d'innovation qui font leur force et leur droit à l'innovation. Ils ont inventé le développement durable. Nous devons conserver nos missions et accompagner la mutation des territoires.
AE : Les parcs sont-ils confrontés à d'autres difficultés ?
JLJ : Il faut simplifier le dispositif réglementaire sur la révision des chartes. Le système s'alourdit. Une autre difficulté vient d'une remise en cause de l'obligation de compatibilité des plans locaux d'urbanisme avec les chartes des parcs. Tout cela doit être clarifié rapidement par la loi.
AE : Quelle est votre position sur le gaz de schiste ?
JLJ : Notre opposition est totale, quelle que soit la technique, qu'il s'agisse de permis de recherche ou non. Lorsque l'on entend la dernière interview du président de Total, nous disons "c'est trop". Sept parcs sont concernés. On nous entend habituellement peu mais là nous sommes mobilisés pour partir en croisade. On n'a pas besoin du gaz de schiste, il faut développer les énergies renouvelables. Ce n'est pas une utopie.
AE : Quelles sont les autres initiatives des parcs dans la protection de l'environnement ?
JLJ : Nous avons beaucoup travaillé sur les trames vertes et bleues. On peut même dire que nous en avons constitué l'ossature. En matière d'agriculture, nous avons accueilli favorablement les dernières propositions du commissaire Ciolos sur la PAC. Trois rapporteurs viennent d'être nommés au Parlement européen. Nous allons suivre ça de près. On peut citer aussi notre soutien aux circuits courts ou encore notre concours national des prairies fleuries qui associe les ministères de l'Agriculture, de l'Ecologie et des partenaires privés, et qui rencontre un gros succès.
AE : Alors, les PNR, des outils d'avenir ?
JLJ : Les parcs naturels régionaux, c'est une gouvernance particulière, un réseau militant et un label à succès. Au-delà des trois parcs qui seront créés l'année prochaine, dix autres projets sont bien avancés. Les parcs doivent toutefois adapter leurs missions pour apporter une nouvelle réponse aux relations urbain/rural et à la question du lien social.