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Jour du dépassement : le système agricole pointé du doigt

L'humanité vient d'épuiser les ressources renouvelables disponibles pour 2022. Le système agricole est l'un des principaux consommateurs de ressources. Global Footprint Network et WWF proposent trois solutions pour réduire son empreinte écologique.

Gouvernance  |    |  P. Collet
Jour du dépassement : le système agricole pointé du doigt

Ce jeudi 28 juillet marque le « jour du dépassement de la Terre », c'est-à-dire le jour où l'humanité a épuisé l'ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an. Et cette année encore, le jour du dépassement intervient encore un peu plus tôt, déplorent le Global Footprint Network, qui calcule la date du jour du dépassement, et le WWF.

Cette année, les deux ONG attirent l'attention sur la place du système agricole et alimentaire dans la consommation de ressources. Ce système, en première ligne des secteurs impactés par les conséquences des changements climatiques, est « l'un des principaux responsables de la surexploitation des ressources et contribue fortement à ce dépassement ».

1,75 Terre

Au rythme actuel, l'empreinte écologique de l'humanité représente l'équivalent de « 1,75 Terre ». En d'autres termes, « nous vivrons cinq mois dans le rouge en entamant le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre », expliquent les deux ONG. Et pour illustrer la dégradation régulière de cet indicateur, elles rappellent que l'humanité est passée la première fois dans le rouge en 1971. Depuis, la date n'a cessé d'arriver plus tôt dans l'année, hors crise économique majeure (1979, 2008 ou encore 2020).

L'essentiel de l'empreinte écologique de l'humanité est constitué des émissions de gaz à effet de serre (GES) (60 % du total), des cultures (19 %) et des produits forestiers (10 %).

L'autre indicateur clé est la biocapacité de la Terre. Elle est estimée à 12,1 milliards d'hectares globaux, soit 1,6 par habitant en moyenne. Près d'un tiers de ces hectares sont des terres cultivées, 12 % des pâturages, 43 % des forêts, 9 % des pêcheries et 4 % des routes et des infrastructures urbaines.

55 % de la biocapacité planétaire

Cette année, le Global Footprint Network et le WWF veulent pointer une « cause majeure du dépassement », à savoir le système agricole et alimentaire mondial « non soutenable ». « Au total, la moitié de la biocapacité de la planète (55 %) est aujourd'hui utilisée pour nourrir l'humanité », expliquent les deux ONG. Bien sûr, la production de céréales, de viande, de produits laitiers ou encore de fruits et légumes mobilise d'abord les cultures (même si une partie importante est consacrée aux agrocarburants et au textile). Elle mobilise aussi d'autres composantes de l'empreinte écologique de l'humanité, et notamment les émissions de carbone.

Plus précisément, l'empreinte alimentaire est composée à 47 % des surfaces cultivées, à 28 % par les émissions de carbone, à 11 % par les pâturages, 8 % par les zones de pêches, à 5 % par les produits forestiers et à 2 % par les espaces bâtis.

Autre façon d'envisager l'empreinte écologique de notre alimentation : l'agriculture est responsable de 80 % de la déforestation et représente 70 % de l'utilisation de l'eau douce, les systèmes alimentaires rejettent 27 % des émissions de GES, ou encore la production alimentaire est responsable de 70 % de la perte de biodiversité terrestre, et de 50 % de la perte de biodiversité en eau douce.

63 % des terres agricoles européennes

Les deux ONG dénoncent surtout un système alimentaire « profondément dysfonctionnel », puisqu'au-delà de son impact écologique « 690 millions de personnes ne mangent pas à leur faim et près de 2 milliards sont obèses ou en surpoids ». Pour y remédier elles proposent trois mesures.

La première commence à être bien connue : il faut réduire la part de la viande dans les régimes alimentaires. Un chiffre (parmi beaucoup d'autres) illustre l'impact environnemental de la viande. « Sur les 65 millions de tonnes de maïs produites dans l'Union européenne en 2020-2021, 50 millions de tonnes ont été utilisées pour l'alimentation animale. » Au total, se sont 63 % des terres arables européennes qui sont directement associées à la production animale. Et de rappeler que la surconsommation de viande nuit à la santé.

La deuxième mesure préconisée est de stopper la transformation d'espaces naturels en terres agricoles. « Entre 2005 et 2017, quelque 3,5 millions d'hectares de forêts ont été détruits pour produire des produits agricoles destinés au marché de l'Union européenne, soit une superficie supérieure à celle des Pays-Bas », expliquent les deux ONG. Sur ce sujet, elles mettent notamment en avant la consommation européenne de soja qui s'élève à 61 kg par habitant et par an. Il s'agit du produit agricole « qui a provoqué le plus de déforestation entre 2005 et 2017 » (89 000 hectares par an, soit 31 % des surfaces déforestées).

Enfin, le Global Footprint Network et le WWF demandent une conversion des systèmes agricoles à l'agroécologie. « L'agriculture industrielle, telle qu'elle est pratiquée actuellement dans l'Union européenne et dans certaines autres parties du monde, repose sur un modèle extractif qui érode la base de ressources naturelles dont elle dépend », justifient-ils.

Réactions13 réactions à cet article

Vu mon âge avancé, je me souviens de l'alimentation dans les années 1950. Chaque jour il fallait faire les courses chez les commerçants locaux, épicier, boucher, boulanger, etc.. origine fermes et petits transformateurs. L'alimentation avait plus de risques de maladies, bactéries, etc... Pâtisserie le dimanche. Le vin coulait beaucoup.
Le business alimentaire, faire comme si c'était tous les jours dimanche et moins cher, avec paiement à la sortie, un peu comme si le Père Noël nous avait fait entrer dans sa caverne, faisait qu'on remplissait le chariot comme si c'était cadeau.
Revenir en arrière provoquera la frustration, au travail les psychologues!

28plouki | 28 juillet 2022 à 09h11 Signaler un contenu inapproprié

Très étonné de ne pas trouver la surpopulation galopante dans les trois premières raisons ...

Mouetterieuse | 28 juillet 2022 à 09h34 Signaler un contenu inapproprié

La recherche de la cause profonde ? La seule question qui n'est pas posée est : " Pourquoi ne serait-il pas possible de fixer comme objectif pays par pays de revenir en 2050 à la population de l'an 2000 ? En effet, la disparition des espèces, le réchauffement climatique, la pollution généralisée, les famines... sont directement liés à l'accroissement sans limite de la population mondiale. Il est normal que les humains déjà nés boivent de l'eau pure, mangent bien et roulent en voiture... Pour mémoire, un Chinois de 1990 polluait peu, il gagnait 100€ par mois et n'avait pas de voiture et il n'y avait pas d'autoroutes. Aujourd'hui, la situation est transfigurée et personne n'aborde le vrai problème qui est la limitation volontaire de la taille de la population mondiale, sans attendre une pseudo régulation naturelle.

cnfy | 28 juillet 2022 à 10h06 Signaler un contenu inapproprié

il parait que l'on manque de terres agricoles ! autour de chez moi (Bretagne côtière ) beaucoup de friches pas mal de terrains privés qui ne servent à rien d'autre qu'à isoler les propriétaires de leurs voisins et puis cerise sur le gâteau, si j'ose dire des hectares consacrés aux chevaux de loisir, enfin les jeunes que je connais ont un mal fou à trouver des terres pour s'installer. Cette situation ne doit pas être particulière, c'est désespérant.

Ednalri | 28 juillet 2022 à 10h07 Signaler un contenu inapproprié

Et que va-t-il se passer avec le développement des biocarburants qui utilisent les ressources alimentaires (et pas que les déchets agricoles) pour faire rouler nos voitures et autres véhicules ?
Manger ou rouler : faudra-t-il choisir ?

Ibiza91 | 28 juillet 2022 à 13h56 Signaler un contenu inapproprié

A Cérilly méthaniseur de 200 000 T/an son 180 000 de cultures dédiées. un autre dans les cartons à Ti Chatel (mais chuttt) le premier sort de l'enquête publique - même volume avec Dijon Céréales et Nature Energy (Danemark) les mêmes que pour Corcoué 480 000 t/an. avant c'était dérogatoire, ça va devenir la norme. et pour nous faire croire que ça remplacera le gaz russe. Si on devait produire avec la méthanisation les 80 TWh importés, il faudrait entre 6 et 8 départements sans ville, rivières et autre que de culture

AUCASOU | 28 juillet 2022 à 18h34 Signaler un contenu inapproprié

En réponse aux commentaires précédents (@cnfy et @Mouetterieuse) :
La surpopulation n'est pas le problème. Une toute petite minorité de la planète (nous, les pays riches) cause la majorité des problèmes écologiques que nous connaissons maintenant.
Si il y a une chose à réguler, c'est nos modes de vie qui sont complètement hors-sol, pas la démographie des pays du Sud qui polluent beaucoup moins que nous !
Cf définition de la décroissance : "La réduction planifiée et démocratique de la consommation et de la production dans les pays riches (!!), pour réduire les pressions environnementales et les inégalités, tout en améliorant la qualité de vie"

lucie | 29 juillet 2022 à 10h15 Signaler un contenu inapproprié

Lucie, la définition de la décroissance "réduction planifiée" mais par qui puisque ensuite est évoqué "démocratique" !!!! ce n'est pas demain que "démocratiquement" nous adopterons l'idée de décroissance qui restera longtemps destinée à ceux qui ont tout, voire trop! donc pas la majorité des Français. Si vous connaissez certains pays Africains et autres territoires isolés ou pas, vous vous apercevez que la nourriture, la boisson, ... snot largement importées, que les productions vivrières ont été abandonnées et que le bilan carbone n'est pas terrible, comme l'évolution de la santé. En ce qui concerne la population de ces pays le premier souhait est de venir en Europe pour profiter de notre mode de vie (entre autre).

jmf | 29 juillet 2022 à 17h41 Signaler un contenu inapproprié

Cette notion de jour de dépassement, cible les ressources renouvelables, que la nature peut régénérer et les déchets qu'elle peut recycler, mais occulte la dégradation des conditions de régénération par pollution, infestation ou stérilisation des milieux, mais aussi par les conséquences du réchauffement climatiques, hors le lien entre tout cela est notre capacité à modifier notre environnement et à satisfaire nos besoins vitaux, c'est à dire notre consommation d'énergie.
J'ai déjà expliqué ici, que pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut :
> nous satisfaire des énergies issues de la biosphère, que sont l'éolien, l' hydraulique et la biomasse,
> sortir de l'élevage à des fins carnistes et passer à l'élevage synergie. Ceci réduira :
- nos émissions de méthane, gaz très climaticide,
- l'espace nécessaire à l'alimentation humaine, en nous affranchissant des rendements biologiques des espèces intermédiaires de la chaîne alimentaire,
Ceci permettra de replanter des forêts qui alimentent les cycles de l'eau - processus régulateur climatique, protègent les sols de l'insolation, de l'érosion, du ruissellement, ce qui permettra de recharger les nappes phréatiques au niveau global planétaire.
La sortie des énergies fossiles, nucléaires, nous conduit à la frugalité énergétique, à un modèle socio-écologique plus sobre et respectueux de notre environnement, du vivant et opèrera une régulation démographique naturelle.

Dan ARDUYNNA | 30 juillet 2022 à 19h23 Signaler un contenu inapproprié

Notre mode de vie occidentalisé qui tend à se généraliser partout sur la planète ET la surpopulation sont les deux jambes du problème. Car très nombreux sont les humains qui rêvent de maison individuelle avec clim et piscine, de vêtements et de montres de luxe et de voyages partout sur la planète (faut bien alimenter son compte Insta et ses pages Facebook).

Pégase | 31 juillet 2022 à 16h31 Signaler un contenu inapproprié

Notre espèce a sa magie, chacun de nous est un dieu qui veut son empire. Effectivement, il n'y a pas de solution car notre comportement ne se modifiera pas. Sans doute l'empire chinois, qui investit pour contrôler l'individu, y arrivera peut-être, c'est son but.
Désolé d'être pessimiste, mais les développement en sciences humaines et médicales montrent un avenir qui peut surprendre.

28plouki | 31 juillet 2022 à 21h35 Signaler un contenu inapproprié

lucie: personne n'a envie de vivre comme les populations sous alimentées et sous dotées d'Afrique ou d'Asie. Les 7 milliards d'êtres humains veulent profiter du modèle occidental, et d'un certain côté ça se comprend ! ça fait envie ! surtout pour ceux qui n'ont rien. Donc la surpopulation est bel et bien le nœud du problème , couplée au modèle consumériste qui n'est pas prêt de s'éteindre. Et sans aller jusqu'en Afrique, personnellement j'ai vécu en plein Paris pendant 30 ans dans des appartements anciens et exigus, dans une atmosphère très polluée et bruyante, donc je ne culpabilise aucunement de posséder aujourd'hui une très belle maison avec un grand jardin. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il faut raser les pavillons pour les remplacer par des immeubles en béton en éradiquent les jardinets. Marre. Oui ! limitons les naissances ET éduquons à une consommation responsable, ce qui ne veut pas dire se priver de tout. La Terre a encore 4 milliards d'années à vivre, donc cela laisse de la marge en temps et en biens pour les générations futures qui s'y incarneront; par contre si tout est détruit, on ne pourra plus rien pour personne.

gaïa94 | 31 juillet 2022 à 23h17 Signaler un contenu inapproprié

Qui croit encore à la notion de "jour du dépassement" ?

François | 16 août 2022 à 17h33 Signaler un contenu inapproprié

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