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AccueilJulien CalabreEnergies renouvelables : une dynamique territoriale multi-objet

Energies renouvelables : une dynamique territoriale multi-objet

Julien Calabre, gérant de la société Solaterra, nous propose un avis d'expert sur la territorialisation des unités de production dans le domaine des EnR. Un atout pour leur acceptabilité locale et notre capacité à réaliser tout le potentiel EnR français.

Publié le 26/10/2011

Mode de production énergétique décentralisé et valorisant les ressources naturelles locales, les énergies renouvelables sont liées à la notion de territoire. Le développement d'unités de production d'énergies renouvelables constitue une dynamique territoriale récente qui répond à une mutation du modèle de production énergétique vers la durabilité. La bonne compréhension de cette dynamique territoriale est indispensable pour maîtriser l'acceptabilité locale des projets et espérer atteindre les objectifs français de production d'ici à 2020.

Dynamique territoriale et acceptabilité des projets EnR

En principe, les énergies renouvelables relèvent entièrement d'une structure exogène au territoire : développeurs, bureaux d'études, constructeurs, exploitants et investisseurs sont souvent extérieurs au réseau d'acteurs qui composent un territoire. Il est également rare que l'initiative d'un projet en énergies renouvelables éclose à l'intérieur du territoire sans une incitation étrangère à celui-ci. Les unités de production de grande envergure telles que les parcs éoliens ou les centrales photovoltaïques au sol sont généralement des nouveaux objets géographiques. Dans ces conditions, l'intégration territoriale des filières « énergies renouvelables » est stratégique.

Le plus souvent, l'interaction entre les énergies renouvelables et le territoire est limitée à la valorisation de la composante physique et matérielle d'un espace géographique : capter le gisement, se raccorder au réseau électrique, obtenir le foncier, accéder au site, etc. Le reste des rapports au territoire n'est que la résultante du projet d'implantation, à connotation positive (retombées financières) ou négative (modification du paysage, acceptation des riverains). Une autre lecture des projets peut également concerner la dimension sociale des énergies renouvelables : la lutte contre le réchauffement climatique qui bénéficie à la société toute entière, par exemple.

Ces différentes grilles d'appréciation du développement des énergies renouvelables induisent une construction territoriale difficilement appréhendable par tous et expliquent les problématiques liés à leur acceptation locale et sociale.

Les outils de territorialisation des énergies renouvelables

La mise en œuvre d'une dynamique territoriale requiert, d'une part, la connaissance du territoire, et d'autre part le développement d'un système de relations avec le territoire.

Un SIG pour déterminer le potentiel EnR d'un territoire

Afin d'identifier les éléments structurants du territoire relatifs à l'implantation d'unités de production, le rôle de l'information géographique est primordial. Il s'agit de données à référence spatiale ou géolocalisées qui décrivent toutes les composantes naturelles et humaines du territoire : relief, végétation, réseau hydrographique, habitat, réseau de transport routier...

Combiné dans un système d'information géographique (SIG), l'ensemble devient un puissant outil d'analyse qui permet d'évaluer le potentiel en énergies renouvelables d'un territoire et de concevoir des projets d'installations. D'un simple instrument de représentation, la carte devient un instrument d'analyse avec l'utilisation des SIG. Cette démarche analytique est une première étape vers la territorialisation des énergies renouvelables. Mais elle ne suffit pas à elle seule car un territoire est un espace socialisé dont le fonctionnement explique la structure et vice-versa.

Intégrer la composante sociale des territoires

La dynamique territoriale est formée par un système de relation entre les porteurs de projet et le territoire. Cette connexion doit être initiée le plus en amont possible des projets et auprès du plus large réseau territorial possible. A l'échelle du territoire, le système d'acteurs du projet doit être défini et animé par le porteur de projet. Car, plus le consensus social autour d'un projet sera large, plus son acceptation locale sera facilitée. Dans ce sens, différents outils d'information peuvent également être mis en place comme un site internet dédié au projet, un bulletin électronique d'information en plus des démarches plus usuelles de réunions et d'expositions publiques réalisées autour du projet.

La territorialisation des énergies renouvelables passe également par la démarche de planification menée par les collectivités territoriales publiques, comme la procédure d'élaboration de Zone de Développement de l'Eolien (ZDE) ou celle du Plan Territorial Climat-Energie (PTCE), ou par les administrations publiques (Schéma Régional Climat Air Energie). Toutefois, ces démarches sont, dans la plupart des cas, concomitantes à la réalisation de projets en énergies renouvelables et perdent donc de leur pertinence territoriale.

La méthanisation territoriale, exemple de projet de territoire innovant

Parmi les différentes filières en énergies renouvelables, la méthanisation territoriale est celle qui présente la dynamique territoriale la plus élaborée. Elle est constituée d'un ensemble d'interactions territoriales où convergent des objectifs de production énergétique, de traitement/valorisation de déchets et de substitution aux fertilisants chimiques. Ces interactions permettent l'association de différents acteurs locaux (agriculteurs, collectivités, industries, entreprises) au sein d'un système complexe qui se rapproche d'un projet de territoire.

D'après l'état des lieux réalisé par l'ATEE Club Biogaz en septembre 2011, on compte en France seulement 7 projets de méthanisation territoriale sur 197 installations de méthanisation existantes. La perspective d'évolution est donc grande et dépendra de la territorialisation de ces unités selon 3 axes détaillés ci-dessous.

Une source d'énergie territoriale

En premier lieu, la production énergétique, dans un système de valorisation du biogaz en cogénération (production d'électricité et de chaleur), assure une première logique de territorialisation par la fourniture locale de chaleur sous forme d'eau chaude et de vapeur d'eau. Les collectivités et les industries sont des clients potentiels d'énergie thermique. Le tissu économique local est intéressé par la création de richesse (revente d'électricité). Les consommateurs peuvent acheter de l'énergie thermique de substitution aux énergies fossiles à un tarif concurrentiel.

Des déchets valorisés

Le traitement et la valorisation de déchets est un second axe de territorialisation dans la mesure où il s'agit d'une problématique récurrente à l'échelle de chaque territoire, que ce soit pour la collectivité ou les industries et entreprises. En général, ces déchets de collectivités et sous-produits industriels constituent des substrats à fort potentiel méthanogène qui sont stratégiques pour la productivité de l'unité de méthanisation et donc sa rentabilité. La méthanisation territoriale fournit alors une solution de traitement de la matière organique produite localement, sous forme d'un service rendu au territoire, et assure, en retour, le rendement de l'installation et sa pérennité à plus ou moins long terme.

Toutefois, pour certains sous-produits industriels (agroalimentaire en particulier), des circuits de traitement existent déjà et peuvent être concurrents dans la mesure où une valorisation économique de ces sous-produits est réalisée. Dans ce cas, la dimension immatérielle du territoire, comme par exemple le sentiment d'appartenance à une région, l'image véhiculé localement, peut jouer dans la décision des acteurs locaux concernés à intégrer cette démarche collective et « culturelle ».

Un fertilisant issu des territoires

Enfin, le résidu du processus de digestion mis en œuvre dans une unité de méthanisation, appelé digestat, permet de disposer d'un fertilisant à forte valeur agronomique. D'une valeur initiale amendante, le fumier issu des élevages locaux est restitué sous forme d'un digestat solide qui présente une valeur fertilisante, avec une proportion d'azote plus élevée et directement assimilable par les plantes. Ce fertilisant peut remplacer aisément les engrais chimiques et générer de substantielles réductions de charges d'exploitation. En contrepartie, l'épandage du digestat est assuré pour le bon fonctionnement de l'unité de méthanisation.

Les EnR font place à un nouveau territoire social

A l'instar de la méthanisation territoriale, les énergies renouvelables participent de plus en plus à la construction d'un nouveau territoire social, par l'assimilation locale des enjeux climatiques et énergétiques globaux auxquels notre société est confrontée. Inversement, l'acceptation locale des projets en énergies renouvelables est dépendante de la compréhension de ces enjeux. Ainsi, par ce jeu d'interactions et de changement d'échelle, cette dynamique territoriale doit se réinscrire dans une démarche avant tout sociale.

Avis d'expert proposé par Julien Calabre, gérant de la société Solaterra

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