Deux ans après son lancement en juin 2017, le label volontaire "produit biosourcé", créé par l'entreprise Karibati, "prend son envol doucement, mais sûrement", souligne Virginie Gautier, responsable développement chez Karibati.
A l'occasion d'une conférence de presse organisée à Paris, le 25 juin, Karibati réaffirme "le potentiel" du label et "la place significative" des matériaux de construction biosourcés dans la réglementation des bâtiments. Ces solutions "répondent concrètement", ajoute l'entreprise, aux exigences de la loi Elan (Evolution du logement, de l'aménagement et du numérique) promulguée fin 2018. Cette loi précise les objectifs de la prochaine réglementation environnementale des bâtiments neufs en 2020 (RE 2020), notamment son volet carbone.
Un indicateur stockage carbone créé dans la RE 2020
La loi Elan "intègre de nouvelles exigences liées à la limitation de l'empreinte carbone par le stockage du carbone de l'atmosphère durant la vie du bâtiment, et au recours à des matériaux issus de ressources renouvelables. La réglementation environnementale 2020 intègrera également des exigences liées au stockage carbone", explique Yves Hustache, associé fondateur et responsable innovation chez Karibati. Un indicateur stockage carbone sera créé dans le cadre de la RE 2020."Reste à savoir si cet indicateur sera simplement indicatif ou intègrera une exigence par le biais d'un seuil minimal", précise-t-il. Ce "n'est pas encore tranché" par les pouvoirs publics. Karibati estime que son label pourrait anticiper le calcul de cet indicateur et préparer "ainsi les produits biosourcés du marché à la future réglementation".
Une quinzaine de produits labellisés aujourd'hui
Le référentiel du label a été établi par Karibati. Il atteste du caractère renouvelable des produits biosourcés pour leur fabrication et de leur capacité à stocker du carbone. Le label fixe, par famille de produits, un pourcentage massique minimum de matières premières issues de la biomasse. Il est de 70 % pour les isolants semi-rigides par exemple. Sur les bétons biosourcés, ce taux va actuellement de 30 à 50 % pour les meilleurs produits. L'origine de la matière première biosourcée doit être précisée ainsi que le lieu de fabrication du produit. Une évaluation technique est menée permettant de garantir l'assurabilité de ces produits sur ce marché.
"A ce jour, quinze produits sont labellisés", annonce Virginie Gautier. Cela concerne des isolants en panneaux et en vrac en chanvre, lin, coton et ouate de cellulose, ainsi que des isolants rigides en fibres de bois, des membranes d'étanchéité et des enrobés bitumineux. "Une petite dizaine" d'autres produits sont en cours de labellisation. Le délai est de quatre mois d'instruction par le comité de pilotage du label, après le dépôt du dossier de demande de labellisation par le fabricant. Ce comité est composé de Karibati, de plusieurs maîtres d'ouvrage (Bouygues Immobilier, Eiffage, Vinci et Icade), des représentants des filières biosourcées et du Plan Bâtiment durable. Le contrôle du respect du label est assuré par un auditeur externe.
10 % des opérations d'isolation thermique intègrent les biosourcés
La volonté du label est d'accroître l'utilisation des produits biosourcés dans la construction mais aussi dans la rénovation. "D'après les retours des industriels, le marché affiche plus de 15 % de croissance annuelle en volume", souligne Yves Hustache."Une opération d'isolation thermique sur dix" intègre les biosourcés, ajoute Virginie Gautier. "Nous ne sommes plus sur un marché de niche". Cette part concerne essentiellement le marché de l'isolation thermique par l'intérieur (ITI). Quelques solutions biosourcées "se développent" (fibres de bois par exemple) pour l'isolation thermique par l'extérieur (ITE). L'Association des industriels de la construction biosourcée (AICB) devrait "d'ici quelques mois" réactualiser ses chiffres du marché des isolants, selon M. Hustache.