À quel point les Français sont-ils exposés aux métaux dans leur quotidien ? C'est la question que s'est posé Santé publique France, à travers l'étude Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition). Cette dernière révèle que les niveaux de certains métaux sont en augmentation par rapport à une précédente étude (ENNS), que l'institution avait menée entre 2006 et 2007. Le cadmium, l'arsenic et le chrome dépassent ainsi les valeurs-guides définies par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Ainsi, un peu moins de la moitié de la population française adulte présente une cadmuirie trop élevée.
Les produits du quotidien mis en cause
À partir des concentrations en métaux, les scientifiques ont déduit les sources d'exposition. Il en ressort que l'alimentation, le tabagisme, certaines activités professionnelles et certains dispositifs médicaux favorisent l'exposition aux métaux.
En ce qui concerne les facteurs alimentaires, les chercheurs ont mis en évidence le rôle des poissons et des fruits de mer dans l'exposition à l'arsenic, au mercure, au cadmium et au chrome. Il est à noter que les enfants peuvent également être exposés aux dérivés de l'arsenic en buvant de l'eau en bouteille et au cadmium en mangeant des céréales au petit déjeuner. Notons que les céréales et les légumes issus de l'agriculture biologique participent à l'exposition au cuivre.
L'exposition aux métaux peut également provenir de produits du quotidien. Chez les adultes spécifiquement, les scientifiques estiment qu'une partie du mercure retrouvé dans les cheveux des participants provient des produits capillaires. La consommation de tabac est, quant à elle, identifiée comme responsable de la présence de cadmium dans l'organisme. Enfin les scientifiques ont identifié le mercure des plombages et autres amalgames dentaires, ainsi que le chrome des implants métalliques comme des sources d'exposition.
« Il est encore nécessaire de diminuer les expositions »
Tous ces métaux sont présents naturellement dans l'organisme et l'environnement mais peuvent devenir néfastes pour la santé s'ils dépassent un certain seuil. Risques de cancers, effets neurotoxiques, effets sur les os, les reins, le cœur… les conséquences sont variables et dépendent des métaux concernés. Aussi, le dépassement des valeurs-guides pour l'arsenic, le cadmium et le chrome inquiète Santé public France qui estime qu'il est « encore aujourd'hui nécessaire de poursuivre
les mesures visant à diminuer les expositions de la population générale à ces substances, en agissant en particulier sur les sources d'exposition », insistent les chercheurs dans le rapport de l'étude. Pour les autres métaux, l'agence déplore l'absence de valeurs-guides. Elle conclut donc à la nécessité de « poursuivre le programme national de la biosurveillance et de réaliser des études en population à intervalle régulier ». Santé Publique France a d'ailleurs déjà engagé des travaux avec différents partenaires (l'Anses, la plateforme de surveillance de la chaîne alimentaire et l'INRAE) pour expliquer l'élévation des concentrations en cadmium dans la population française. Et plus précisément, l'agence vise le volet alimentaire, « de la culture jusqu'à l'assiette ».