L'ASN a refusé d'accorder leur agrément aux laboratoires internes d'EDF chargés de mesurer la radioactivité autour des centrales. Les associations de protection de l'environnement s'inquiètent des raisons de cette suspension et du suivi des mesures.
En France, les exploitants des centrales nucléaires, EDF en l'occurrence, sont chargés d'effectuer une surveillance environnementale régulière. Depuis le 1er janvier 2009, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a rendu obligatoire une procédure d'agrément pour les laboratoires internes d'EDF. Au cours de l'instruction des demandes, l'ASN a mis en évidence des écarts dans les méthodes de mesure de la radioactivité dans l'environnement et a refusé le 16 décembre 2008 les nouvelles demandes et suspendu les agréments d'EDF en cours. Par conséquent, les laboratoires internes ne sont donc pas ou plus agréés pour les mesures de tritium et de radioactivité bêta dans l'eau et dans l'air.
“ nous sommes stupéfaits du silence de l'ASN qui aurait dû rendre ces décisions publiques ” Djamila SonzogniRendues publiques hier par le Réseau Sortir du nucléaire, ces décisions provoquent la colère et l'inquiétude de plusieurs associations de protection de l'environnement et des Verts :
nous sommes stupéfaits du silence de l'ASN qui aurait dû rendre ces décisions publiques, explique Djamila Sonzogni, Porte-parole du parti politique écologiste.
Quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ? s'interroge Réseau sortir du nucléaire.
Nous ne savons pas du tout à qui a été confiée cette mission depuis la suspension des agréments, s'inquiète de son côté Nicole Roelens, Présidente de Stop Fessenheim.
Face à ces interrogations, le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire et l'ASN ont précisé la situation et se sont voulus rassurants :
il n'y aura aucune interruption dans le suivi de l'environnement autour des centrales nucléaires, explique le MEEDDAT.
EDF déposera une nouvelle demande d'agrément début février 2009 qui devra être conforme aux exigences de l'ASN, ajoute-t-il. Jusqu'à obtention des agréments, EDF doit sous-traiter ces mesures de radioactivité dans l'environnement à des laboratoires extérieurs agréés, complète l'ASN. L'autorité rappelle en outre que l'IRSN effectue une surveillance de l'environnement sur l'ensemble du territoire français, y compris autour des sites nucléaires.
Mais les associations restent sceptiques et s'interrogent sur la précision des mesures réalisées antérieurement. Elles voient surtout dans cette interdiction une preuve supplémentaire de la mauvaise gestion de la surveillance environnementale des installations nucléaires :
la décision de l'ASN est peut-être un tournant. Tant mieux si le front de l'ignorance organisée commence à se fendiller, il faut continuer à faire pression sur les responsables de la sécurité publique qui dissimulent sciemment le désastre de la contamination progressive de l'environnement, explique Nicole Roelens, Présidente de Stop Fessenheim.
Une fois de plus, l'industrie nucléaire montre qu'elle est très loin d'être irréprochable alors que les conséquences et les risques qu'elle fait peser sur l'environnement et la santé des populations sont incommensurables et incomparables à tous les autres, estime le Réseau Sortir du nucléaire.
Article publié le 13 janvier 2009