Une biodiversité importante, souvent ignorée
Si l'Ile-de-France est, selon lui, une région très dense où l'agriculture est beaucoup trop intensive, son patrimoine est riche : les gens ne le savent pas mais près de 80% de notre territoire n'est pas habité ! Nos quatre parcs naturels régionaux, en Essonne, en Seine-et-Marne, dans la Haute vallée de Chevreuse et dans le Vexin cachent des trésors. En effet, la région recense sur son territoire de nombreuses espèces : 18.000 d'insectes, 60 de mammifères, 17 de reptiles, 12 d'amphibiens et 1.500 de végétaux tandis que 228 des 375 espèces d'oiseaux recensés en France fréquentent l'Ile-de-France. Un brin goguenard, Jean Vincent Placé ne résiste pas à l'envie d'égratigner ses adversaires politiques de droite au conseil régional : Roger Karoutchi s'est récemment indigné du prix investi par la région pour deux études : l'une sur les libellules et l'autre sur les orchidées de Madagascar. Il ne comprend pas toute l'importance que revêt ce type de recherches. Pour lui, la biodiversité est une question secondaire. Pour nous, c'est l'inverse. Préserver la nature est une priorité. Pour populariser la lutte contre l'appauvrissement de la biodiversité, l'élu veut s'appuyer sur quelques espèces : Nous réintroduirons le faucon pèlerin et même, je l'espère, une ou deux loutres ! Probablement dans les marais de la Bassée, dans le sud de la Sein-et-Marne. Venu inaugurer les locaux de Natureparif, situés au 86 rue de Grenelle à Paris, dans un immeuble occupé jusqu'à présent par l'association nationale d'Horticulture, Jean-Paul Huchon, le Président du Conseil régional d'Ile-de-France, s'est félicité de la création de l'agence : du temps où, jadis, je travaillais encore avec Michel Rocard, je me moquais gentiment de lui quand il allait négocier les accords de Kyoto. Aujourd'hui, j'ai compris mon erreur et je suis fier d'inaugurer cette agence. Ceux qui se moquent des libellules n'ont rien compris. Ici aussi se mène la bataille de l'humanité.
Une agence francilienne de la nature ouverte sur la société
Concrètement, comment l'agence fonctionnera t-elle ? La région investit 1,7 millions d'euros de subventions chaque année. Douze postes, dont le profil a été décidé en collaboration avec le monde associatif, des scientifiques et des chercheurs tournés vers la société, sont sur le point d'être créés dans les jours qui viennent. L'agence sera chargée d'accompagner les politiques publiques et d'informer les franciliens.Avant de mettre en place des indicateurs et des tableaux de bords, nous allons devoir tout reprendre depuis le début en expliquant aux gens ce que c'est la biodiversité et en leur montrant la richesse de la nature qui les entoure dans la région. Chaque chose en son temps explique Jean Vincent Parlé. Claude Bourquard, Vice-Président de l'association Graine IDF, membre du conseil d'administration de Natureparif, au même titre que plusieurs représentants du privé (EDF, Suez Environnement et Veolia), est tout joyeux : c'est l'aboutissement d'un long travail que nous menons tous ensemble depuis plus de dix ans. Les moyens ? L'intéressé estime que la plus grosse difficulté est ailleurs :les crédits ne seront pas difficiles à obtenir. Le plus complexe consiste à persuader les populations que le respect d'une friche, par exemple, est primordial. Chanteuse, officier du mérite agricole, fervente défenseuse de la vache canadienne, une race en voie de disparition, la française Fabienne Thibault a tenu, elle aussi, à faire le déplacement. En aparté, l'ex-vedette de la comédie musicale Starmania confie : Cette création est une excellente nouvelle pour nos terroirs et nos agriculteurs. Je ne crois pas qu'il existe encore d'agence similaire au Canada. Aidons-les à faire les bons choix pour préserver la vie dans nos champs. C'est une excellente initiative.
Des locaux neufs exclusivement réservés à l'administration
A l'étage, déguisé en clown, un comédien fait visiter les nouveaux locaux de l'agence. Cette « bio-visite », telle qu'annoncée, est très rapide. Tout se tient sur un seul étage et les bureaux seront tous en open-space. Florence Lamblin et Philippe Lankry, les deux architectes chargés de la conception des lieux, accompagnent les premiers visiteurs tout au long des 180m2 de visite. Pour le choix des matériaux, nous avons privilégié des matières qui limitent les impacts sur l'environnement et les émissions de gaz à effet de serre expliquent-ils. La peinture est garantie sans solvants, la moquette est en poils de chèvres et les bureaux ont été fabriqués à base de bois certifié de forêts françaises. Les lampes, réalisés sur mesure, accueilleront des ampoules à faible consommation et les chaises (importées de Suède) sont recyclables à 100%. Coûts des travaux ? Sans gros œuvre ni matériel informatique, pour juste repeindre les murs, changer la moquette et acheter du mobilier de bureau, les contribuables franciliens ont tout de même dépensé la modique somme de 180.000 euros. Politique bling-bling ? Les contribuables, toujours eux, ne seront d'ailleurs pas invités à visiter ces locaux. Aucune exposition sur la biodiversité n'y est prévue. Seule l'administration oeuvrera ici. Etonnant de la part d'une agence qui souhaite partager son savoir avec la population francilienne. Optimiste, Jean Vincent Placé confiait à l'issue de son intervention : chaque année, Natureparif dressera le bilan de ses actions. Je vous donne donc rendez-vous en juin 2009 » Le rendez-vous est pris.