Les recommandations formulées dans l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) visent à limiter la commercialisation de certaines diodes électroluminescentes (LED) présentant un risque sanitaire. L'Agence juge que les LED présentant plus de risques liés à lumière bleue que les éclairages traditionnels devraient être retiré du marché. Par ailleurs, l'Anses recommande d'adapter aux spécificités des ampoules LED la norme NF EN 62 471 relative à la sécurité photobiologique des lampes. Il s'agit notamment "de prendre en compte les populations sensibles et les personnes particulièrement exposées (certaines populations de travailleurs : installateurs éclairagistes, métiers du spectacle, etc.)."
De même l'Anses juge nécessaire une bonne application des normes relatives au confort et à l’ergonomie visuelle, en particulier sur les lieux de travail et dans les foyers. Dans ce cadre, les luminances des LED devraient être limitées avec, par exemple, des dispositifs optiques ou des luminaires adaptés. Le but est de limiter les risques d'éblouissement.
Enfin, la troisième recommandation concerne l'amélioration de l'information des consommateurs, notamment par le biais d'un étiquetage plus précis. L'information à afficher concerne en particulier la qualité de la lumière et le niveau de sécurité photobiologique.
Une lumière éblouissante et bleue
Deux risques ont été identifiés et justifient l'avis rendu par l'Agence "par la gravité des dangers associés" : des luminances très élevées et un déséquilibre du spectre lumineux des LED.
En matière de luminosité, les mesures effectuées "font apparaître que certaines LED accessibles à l’achat pour le grand public […] appartiennent à des groupes de risque plus élevés que ceux des éclairages traditionnels." De plus, l'Agence estime que la norme NF EN 62 471 "n’est pas tout à fait adaptée à des éclairages utilisant des LED", notamment parce que les valeurs limites d’exposition ne sont adaptées, les protocoles de mesures sont ambigus et certaines populations sensibles ne sont pas prises en compte.
Pour justifier cet avis, l'Anses rappelle que les LED peuvent présenter des luminances 1.000 fois plus élevées que le niveau entraînant une gêne. Au-delà de l'inconfort visuel, cette luminance importante peut entraîner des risques d'éblouissement. Cette forte luminosité des ampoules LED s'explique par le fait que les modèles vendus dans le commerce laissent apparaître les diodes électroluminescentes pour ne pas atténuer la luminosité des ampoules. Cette pratique "pourrait conduire à un non respect de ces exigences normatives", selon l'Anses.
S'agissant du déséquilibre du spectre lumineux, les mesures soulignent un risque d’effet photochimique associé à lumière bleue de certaines LED. Le niveau de ce risque "dépend de la dose cumulée de lumière bleue à laquelle la personne a été exposée" et "résulte généralement d’expositions peu intenses répétées sur de longues durées." L'Anses qualifie d'important, le niveau de preuve associé à ce risque qui touche surtout les enfants, les personnes atteintes de certaines maladies oculaires et certaines populations de professionnels soumis à des éclairages de forte intensité.
Cependant, les conclusions de l'Anses concernent uniquement les LED utilisant une diode bleue pour produire de la lumière et "ne peuvent donc être extrapolées aux LED qui mettraient en œuvre d’autres méthodes." En effet, il existe actuellement trois méthodes pour fabriquer une lampe à diode électroluminescente émettant de la lumière blanche. Tout d'abord, il est possible de combiner une diode émettant dans le bleu avec une substance qui modifie la lumière bleue en lumière jaune. La deuxième méthode est identique à la première, mais une diode émettant dans l'ultraviolet remplace la diode bleue. Enfin, la dernière technique consiste à assembler au moins trois diodes émettant dans des longueurs d'ondes visibles qui en se combinant émettent une lumière blanche. Or, "à ce jour, la méthode la plus rentable économiquement et la plus utilisée est la première méthode", note l'Anses.
L'expertise de l'Anses s'est focalisée sur les questions liées à l'usage des LED pour l'éclairage public et sur les lieux de travail. Ce travail est présenté dans un rapport de 282 pages rédigés par un groupe de travail composé d’experts en ophtalmologie, en dermatologie, en éclairage et en physique des rayonnements optiques. Ce groupe s'est réuni dix fois entre mai 2009 et mars 2010 pour passer en revue la littérature scientifique sur le sujet, étudier les mesures faites dans leurs laboratoires et interroger des scientifiques et des représentants de l’Association française de l’éclairage (AFE). De même l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a été consultée via une contribution écrite portant sur le marché de l’éclairage français et européen et sur le recyclage des lampes.