L'InVS note toutefois une nette amélioration de la surveillance de cette maladie suite aux actions engagées pour améliorer la détection et le diagnostic de la maladie et de la mise en place du plan gouvernemental de prévention des légionelloses de 2004, qui a pour objectif de réduire l'incidence de la légionellose de 50 % d'ici 2008.
Autres constatations : la réduction des délais de déclaration. Les résultats 2006 confirment l'amélioration de la réactivité du système de surveillance avec une diminution des délais de déclaration, près des 3/4 des cas étant désormais déclarés dans un délai d'une période d'incubation soit 10 jours, affirment les auteurs. En effet, parmi l'ensemble des cas survenus en 2006, 72% (contre 40 % en 2001) ont été signalés aux Ddass dans un délai d'une période d'incubation et 90 % (contre 65 % en 2001) dans un délai de deux périodes d'incubation.
L'InVS remarque également que la létalité liée à la légionellose diminue depuis plusieurs années mais qu'il conviendrait de mieux documenter ces décès pour comprendre les raisons de cette diminution. Une étude nationale, pilotée par la Société de pathologie infectieuse de langue française en collaboration avec les Hospices civils de Lyon, l'InVS, le CNRL et les sociétés savantes de réanimation et de pneumologie, initiée en avril 2006 a été engagé en ce sens.
L'INVS considère enfin que pour voir diminuer le nombre de cas de légionellose en France, il serait nécessaire d'améliorer les connaissances sur la bactérie et son comportement afin d'intervenir en amont sur les installations les plus à risque et limiter ainsi l'impact sur les populations exposées. Les légionelles sont des bactéries présentes dans le milieu naturel (eau douce, terre) qui peuvent proliférer dans des circuits hydrauliques lorsque les conditions de leur développement sont réunies, en particulier à une température comprise entre 25 et 45°C. La contamination humaine se fait par voie respiratoire, lors de l'inhalation d'aérosols d'eau contaminée (taille < 5 µm) par des légionelles. Les bactéries inhalées prolifèrent ensuite à l'intérieur des poumons. Cette prolifération est la cause des maladies appelées « légionelloses » ou maladie du légionnaire, maladie à déclaration obligatoire depuis 1987 et mortelle dans environ 15% des cas. Rappelons qu'il n'y a pas de risque de contamination ni de maladie en buvant de l'eau contenant des légionelles.
Les principales sources de légionelles sont essentiellement les réseaux d'eau chaude sanitaire (douches, bains à remous, fontaines décoratives...) et les systèmes de refroidissement par voie humide (tours aéroréfrigérantes), à ne pas confondre avec les installations de climatisation individuelles qui sont « à voie sèche » et ne comportent donc pas de risque de développement de légionelles. Ces tours sont utilisées pour certains procédés industriels et pour les installations de climatisation centralisées. On les trouve dans l'industrie, et dans des secteurs comme les établissements hospitaliers et médico-sociaux, les grands ensembles d'habitations ou de bureaux, les centres commerciaux, les piscines ou les patinoires.
La multiplication de ces épidémies, en particulier l'épidémie de Lens a poussé les pouvoirs publics à réglementer la construction et la maintenance des tours aéroréfrigérantes humides. Un programme d'action définit dans le Plan National Santé Environnement (PNSE) et visant à réduire de 50% l'incidence de la légionellose prévoit notamment l'amélioration des connaissances, un renforcement de la réglementation sur la conception et le fonctionnement des tours aéroréfrigérantes, ainsi que le recensement de ces tours. Une circulaire des ministères de l'écologie et du développement durable et de la santé du 24 février 2004 a précisé les modalités de ce recensement. En décembre 2004, la réglementation relative aux tours aéroréfrigérantes a été renforcée par la création d'une rubrique spécifique de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Les activités industrielles qui relèvent de cette législation sont énumérées dans une nomenclature qui les soumet soit à un régime d'autorisation, soit à un régime de déclaration.
La déclaration concerne les activités les moins polluantes ou les moins dangereuses. Elle consiste à faire connaître au préfet son activité (le préfet remet alors un récépissé de déclaration) et à respecter des prescriptions standardisées.
L'autorisation concerne les activités les plus polluantes ou les plus dangereuses. La procédure d'autorisation débute par la constitution d'un dossier de demande d'autorisation où figurent une étude d'impact et une étude de dangers. Elle se termine par la délivrance ou le refus de l'autorisation sous la forme d'un arrêté préfectoral. En cas d'autorisation, celui-ci contient les prescriptions que doit respecter l'industriel. Par rapport aux prescriptions de la déclaration qui sont standardisées, les prescriptions de l'autorisation sont élaborées au cas par cas. Des prescriptions d'exploitation particulières s'appliquent ainsi à ces installations depuis mai 2005 et les exploitants de tours soumises à autorisation doivent en demander le contrôle par un organisme agréé. Un arrêté a également été publié le 30 novembre 2005 sur la température de l'eau chaude sanitaire des bâtiments d'habitation, des locaux de travail ou des locaux recevant du public afin de prévenir la prolifération des légionelles dans les installations de production et de distribution d'eau.
* Les légionelloses survenues en France en 2006, Christine Campèse, Catherine Maine et Didier Che, BEH numéro 43 du 6 novembre 2007