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La nouvelle ligne à THT France-Espagne, une première mondiale à venir

Souterraine sur ses 64,5 kilomètres, enterrée dans la plaine du Roussillon et en tunnel sous les Albères, dans la partie orientale des Pyrénées, la ligne à 320 kV en courant continu de deux fois 1.000 MW Baixas-Santa Llogaia est en voie d'achèvement.

Energie  |    |  C. Saïsset
La nouvelle ligne à THT France-Espagne, une première mondiale à venir

A la fin du mois d'octobre, le tunnelier Canigou commencera à creuser depuis la France le tunnel électrique de la cinquième ligne à très haute tension (THT, 320 kV) interconnectant les réseaux de transport électrique français et espagnol. Empruntant son nom au pic de la partie orientale de la chaîne des Pyrénées labellisé Grand site de France en juillet dernier, il s'en détournera pour aller à la rencontre de son jumeau Alberas. Parti depuis l'Espagne début mars, ce dernier a déjà creusé le massif des Albères sur 3,6 kilomètres à raison de 25 mètres par jour.

Une ligne THT s'appuyant sur les infrastructures terrestres existantes

Ce tunnel électrique de 8,5 km (7,5 en France) longe le double tunnel transpyrénéen du Perthus de la LGV Perpignan-Figuéras avec une section 4 à 6 fois inférieure. Et ce, conformément à l'accord de coopération sur l'interconnexion électrique conclu en 2008 entre la France et l'Espagne selon lequel la réalisation de la liaison électrique souterraine entre le poste électrique de Baixas en France (Pyrénées-Orientales) et celui de Santa Llogaia en Espagne (Catalogne), empruntera un cheminement s'appuyant dans la mesure du possible sur des infrastructures existantes.

Ainsi, au milieu des champs de vignes et des vergers, 4 des 26 km qui séparent l'entrée du tunnel électrique du poste de Baixas sont déjà réalisés en tranchées à raison de 100 à 200 m/jr. Les fourreaux dans lesquels seront tirés les câbles sont posés au fond de deux tranchées parallèles, puis recouverts de béton.

Une première française et mondiale

Cette ligne à 320 kV de deux fois 1.000 MW à courant continu et souterraine sur ses 64,5 km pourrait bien constituer une première à plus d'un titre. Pour le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE d'abord, maître d'ouvrage de ce projet côté français, c'est la première fois qu'il construit un tunnel pour une ligne à THT. "La plus longue ligne THT en courant alternatif qui existe en souterrain à ce niveau de puissance est à Tokyo. Elle fait 40 km et a une station de compensation à chaque extrémité. C'est un maximum, personne ne s'est risqué aujourd'hui à faire plus long en insérant une compensation intermédiaire", souligne Yves Decoeur, directeur d'aménagement de la ligne THT France-Espagne au sein d'Inelfe, la société mixte constituée par l'accord de Saragosse à parts égales des gestionnaires d'électricité français RTE et espagnol REE.

Le choix du transport de l'électricité à THT en courant continu étant imposé par la longueur de la ligne et son caractère souterrain, il a été décidé de déployer la technologie VSC (Voltage Source Converter) pour relier cette nouvelle ligne aux réseaux français et espagnol qui sont, eux, en courant alternatif à 50 Hz. Le VSC échantillonne le courant alternatif sinusoïdal et synthétise des signaux continus. "C'est la première fois que cette technologie est déployée en France pour une ligne THT. Actuellement, la plus puissante au monde utilisant le VSC est celle reliant Pittsburg à San Francisco en Californie, précise Yves Decoeur. Mais avec une puissance de 400 MW et une tension de 200 kV, elle perdra son record lorsqu'en 2014 cette nouvelle ligne THT France-Espagne deviendra opérationnelle".

Un projet huit fois plus cher que prévu, mais pas suffisant

Le coût total de la ligne THT Baixas-Santa Llogaia est estimé à 700 M€ : 350 M€ pour les stations de conversion, 230 M€ pour les travaux de pose, 110 M€ pour le tunnel et 10 M€ de frais généraux. Cet investissement est supporté à parts égales entre la France et l'Espagne, à quoi RTE doit ajouter 20 M€ pour le raccordement du poste de Baixas à la station de conversion. Ce projet étant classé Projet Prioritaire d'intérêt Européen par le Conseil européen de l'énergie de 2002, il bénéficie d'une subvention de 225 M€ accordée dans le cadre du plan EEPR (European Energy Program for Recovery), et d'un prêt de 350 M€ de la BEI (Banque Européenne d'Investissement).

Côté français, la réalisation de cette ligne est confiée à Eiffage-Dragados (galerie technique), Thepault-Ferrovial (tranchées et forages) et Prysmian (fourniture et pose des câbles). Au final, le coût du projet est huit fois plus cher que si la ligne avait été aérienne (projet initial mis en débat public en 2003). Outre la mise en souterrain sur toute la ligne, 28,4 M€ sont consacrés à des mesures en faveur de l'environnement (dont 25 M€ de surcoût pour le tunnel des Albères). Un comité de suivi s'assure de la réalité des 181 engagements en matière de respect de l'environnement (suivi hydrologique des ressources du massif montagneux des Albères, chantier respectueux des activités agricoles et préservant les espèces protégées, reconstitution du milieu naturel en périphérie du poste de Baixas, etc.) et de développement économique local (80 emplois créés par le chantier) pris par Inelfe à l'issue du processus de concertation.

Cet investissement considérable pour la ligne Baixas-Santa Llogaia s'explique par le "Non à la THT" général du département des Pyrénées-Orientales exprimé lors du débat public. Et aussi par l'abandon du premier projet de ligne THT transpyrénéenne décidé début 80, la ligne Cazaril-Aragon du Val-Louron (Hautes-Pyrénées) qui, selon le compte-rendu du débat public, a contraint la France à payer à l'Espagne près de 12 M€/an de 1996 à 2004.

Avec cette 41ème interconnexion transfrontalière portant à 2.800 MW la capacité d'échange avec l'Espagne, la France conforte sa position de plus grand réseau électrique d'Europe. Tandis que son voisin double sa capacité d'interconnexion, atteignant 6% de la demande maximale de la péninsule ibérique. Loin donc de l'objectif de 10% d'interconnexion entre les Etats Membres fixé par le Conseil européen de l'énergie du 25 novembre 2002 pour assurer la sécurité du réseau et un marché de l'énergie européen. Ce qui ne saurait durer au regard de la déclaration commune du Président de la République française François Hollande et du Président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy lors du sommet Franco-Espagnol du 10 octobre dernier : "La France et l'Espagne confirment leur volonté d'augmenter les capacités d'échanges à 4.000 MW d'ici 2020 par une nouvelle interconnexion électrique entre les deux pays, sur le versant atlantique. Elles privilégient l'option maritime en courant continu par le Golfe de Gascogne".

Réactions3 réactions à cet article

Saluons la tres belle realisation mais était-il necessaire de tant depenser (je pense a l'énorme supplement de cout par rapport a une ligne aerienne) alors que la première urgence concerne les economies d'energie et que ces sommes depensées sur cette merveille de techno auraient été plus utile pour l'isolement des maisons et services publiques.
Quelle a été la motivation ? Les dangers des lignes HT ? ces lignes existent depuis pres d'un siècle? Aucune etude scientifique serieuse n'a pau en montrer les effets nefastes sur la santé. Ne pas confondre avec l'amiante, le tabac ou l'alcool.
A trop ecouter les rumeurs on fait de la mauvaise politique

fleurent | 25 octobre 2012 à 10h14 Signaler un contenu inapproprié

@fleurent : Pour avoir entendu un fonctionnaire du ministère en charge de ces questions dire qu'il n'habiterait pas à proximité d'une ligne THT après avoir rappelé qu'aucune étude officielle n'avait montré d'effets sur la santé, je ne serais pas aussi affirmatif que vous...

N_Yoda | 29 octobre 2012 à 16h06 Signaler un contenu inapproprié

j'ai lu avec intérêt l’article de CS, mais tout comme pour le génie civil qui donne le nom des sociétés impliquées, serait-il possible de connaître les sociétés qui ont la technologie des câbles DC et des convertisseurs ?

Atalaya04 | 27 janvier 2013 à 15h34 Signaler un contenu inapproprié

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