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Logements neufs : les prochains seuils de la RE 2020 seront difficiles à atteindre

De l'expérimentation E+C- à la RE 2020, qui s'applique dans le résidentiel depuis cette année, une nouvelle étude pointe des difficultés pour atteindre les seuils renforcés prévus en 2025 et en 2028. Le futur label RE 2020 pourrait changer la donne.

Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Logements neufs : les prochains seuils de la RE 2020 seront difficiles à atteindre

Quels sont les modes constructifs et les vecteurs énergétiques qui permettent de respecter la nouvelle RE 2020 et les futures exigences renforcées pour 2025 et 2028 ? Pas évident de répondre pour l'instant du fait de l'entrée en vigueur récente, en janvier 2022, de la nouvelle RE 2020. Mais une analyse des constructions neuves ayant participé, dès la fin de 2016, à l'expérimentation Énergie-Carbone (E+C-) peut nous y aider. C'est ce qu'ont réalisé l'Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb), le cabinet de conseil Carbone 4 et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) dans une nouvelle étude, présentée le 5 avril.

Avec l'entrée en vigueur de la RE 2020, pour la première fois, l'empreinte carbone des logements neufs est mesurée sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, à l'horizon de cinquante ans. Au travers l'expérimentation E+C-, menée pendant plusieurs années en amont, les acteurs du secteur ont pu s'acculturer au nouvel indicateur carbone via l'analyse du cycle de vie (ACV) des bâtiments. Deux nouveaux indicateurs permettent de mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une construction : l'indicateur Ic énergie (Indice carbone énergie), qui calcule l'impact carbone des consommations énergétiques pendant l'exploitation du bâtiment. Et l'indicateur Ic construction, qui évalue les émissions des produits de construction et équipements et de leur mise en œuvre pendant le chantier. Le seuil maximum de ces indicateurs s'applique, dès 2022, aux logements neufs et évoluera progressivement à la baisse en 2025, 2028 et 2031.

L'Ifpeb, Carbone 4 et le CSTB ont donc étudié une cinquantaine de logements collectifs et 250 maisons individuelles ayant participé à l'expérimentation E+C-. Ils ont évalué la proportion de ces bâtiments ayant atteint les seuils carbone du label E+C- fixés pour les matériaux et équipements et qui parviennent aujourd'hui à respecter les seuils progressifs de l'indicateur Ic construction de la RE 2020. Ils ont effectué la même démarche pour évaluer l'atteinte des indicateurs Ic énergie et Bbio (besoins bioclimatiques).

Ic construction : ça se complique dès 2025

“ Environ 60 % de l'échantillon de logements collectifs E+C- atteignent le seuil Ic construction max en 2022 de la RE 2020 ” Juliette Sorret, consultante bâtiment à Carbone 4
Concernant les modes constructifs du panel de l'étude, que ce soit pour les logements collectifs ou les maisons individuelles, environ la moitié des bâtiments sont en béton, environ un tiers en terre cuite et, en plus faible proportion, sont des bâtiments en bois ou construits avec des modes mixtes. Résultats : « Environ 60 % de l'échantillon de logements collectifs E+C- atteignent le seuil Ic construction max en 2022 de la RE 2020 », indique Juliette Sorret, consultante bâtiment à Carbone 4. Ce taux se monte à 70 % pour les logements ayant atteint les seuils carbone 1 (C1) et carbone 2 (C2) d'E+C-. Environ 30 % des logements collectifs du panel parviennent également au seuil 2025 de cet indicateur. Mais seul « un bâtiment passe le seuil 2028 ».

« L'ensemble des logements collectifs C1 et C2 pour les produits de construction de l'échantillon passent le seuil 2022. Quand on se projette en 2025, on voit que, pour le C1, ça commence à être compliqué, et que le C2 commence à être le bon calibrage pour réussir à passer le cap », explique Christophe Rodriguez, directeur général adjoint de l'Ifpeb.

Juliette Sorret ajoute qu'environ 40 % de l'ensemble des maisons individuelles E+C- de l'échantillon atteignent aussi le seuil 2022 de l'indicateur. En 2025, elles ne sont plus que trois à y parvenir (soit 1 % du panel). Et aucune d'entre elles n'atteint le seuil 2028 d'Ic construction. « Pour les maisons individuelles, des efforts importants sont à faire, avec un changement des pratiques dès 2022 et on retrouve aussi une rupture des pratiques à horizon 2028 », observe M. Rodriguez.

Pour les logements collectifs par exemple, tous les modes constructifs sont représentés, et permettent d'atteindre les seuils 2022 et 2025 de l'indicateur, « même si on a pu observer [la nécessité] d'efforts supplémentaires pour les logements collectifs qui étaient en béton par rapport à d'autres modes constructifs qui sont un peu moins carbonés, comme notamment le bois », analyse Cécile Deloffre, consultante Impacts environnementaux et économie circulaire chez l'Ifpeb.

Des difficultés pour les maisons en matière d'énergie

Concernant l'indicateur Ic énergie (impact carbone des consommations d'énergie), 93 % des logements collectifs de l'échantillon E+C-, y compris ceux chauffés au gaz, atteignent le seuil en 2022, précise Natan Leverrier, consultant senior en bâtiment chez Carbone 4. Les logements collectifs raccordés à un réseau de chaleur ou à vecteurs électriques passent le seuil 2025. En revanche, pour les maisons individuelles, le choix du vecteur énergétique est déterminant pour respecter les niveaux de l'Ic énergie. Et ce sont les vecteurs électriques qui permettent d'atteindre le seuil 2022 (47 % des maisons).

Les logements collectifs valident aussi, « en grande majorité », les seuils Bbio (besoins bioclimatiques), mais aussi ceux des indicateurs Cep (coefficient d'énergie primaire) et Cepnr (consommation en énergie primaire non renouvelable) de la RE 2020.

Les maisons individuelles E+C- ont, quant à elle, « plus de difficulté » à atteindre les nouveaux seuils plus exigeants de la RE 2020 sur le Bbio, le Cep et le Cepnr. Seulement 10 % de l'échantillon atteignent en moyenne chacun des seuils des indicateurs, indique Natan Leverrier.

Réussir à atteindre le seuil Ic construction et aller plus vite avec le label RE 2020

Les auteurs de l'étude ont également identifié des leviers d'optimisation pour réussir à atteindre le seuil Ic construction afin de limiter l'impact carbone des matériaux et équipements. Le premier levier à activer est méthodologique, dans le but de réduire le recours aux données environnementales par défaut qui viennent pallier le manque de fiches de déclarations environnementales des produits de construction (FDES) et d'équipements du bâtiment (PEP) recensées par les fabricants dans la base Inies.« L'objectif est que, petit à petit, on n'ait plus besoin d'utiliser les données environnementales par défaut pour s'approcher de la réalité de l'empreinte carbone. Cela permet, une fois qu'on a bien fait ce premier travail, de pouvoir identifier les vrais leviers et d'aller décarboner les postes éventuellement les plus contributeurs », explique Cécile Deloffre, de l'Ifpeb.

En 2022, pour les logements collectifs par exemple, l'enjeu est de réaliser « finement » l'ACV avec la qualité des données. « Et quand on arrive sur 2025, on a l'obligation et la nécessité de regarder les lots aussi bien architecturaux gros œuvre et second œuvre pour pouvoir passer ce cap », recommande Mme Deloffre.

Les lots techniques restent également « un potentiel d'optimisation », de même que le travail de décarbonation des produits actuellement mené par les industriels, « avec l'arrivée sans doute de bonnes solutions pour respecter le seuil de 2028 », ajoute-t-elle.

Et si le futur label d'État RE 2020, prévu pour début 2023, changeait la donne ? En incitant les maîtres d'ouvrage à, d'ores et déjà, aller plus loin que la réglementation. Ceux qui désireront aller plus vite, « en voulant appliquer en 2022 les seuils exigés pour 2025 de la RE 2020 ou sauter directement au seuil 2028 », seront salués et pourront récolter « des points dans l'appréciation du label », déclarait Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable, le 31 mars, au salon EnerJ-meeting, à Paris. « Des aménageurs nous imposent déjà d'aller vers les niveaux carbone 2025, voire 2028 de la RE 2020 sur des opérations », indiquait, de son côté, Nathalie Tchang, directrice du bureau d'études Tribu Énergie. « Nos clients promoteurs, vis-à-vis de leurs investisseurs, souhaitent parfois aller au-delà et anticiper les futures étapes réglementaires. On a besoin d'un label pour aller plus loin, pour créer plus de signal prix, pour aller plus vite en matière, notamment, de réduction de l'impact carbone », ajoutait Mme Tchang.

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