Dans le contexte de l'examen par le Sénat du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, il s'agit d'aborder la biodiversité comme "ressource", préconise l'Académie des technologies, dans un avis voté en décembre 2015 et préparé conjointement avec l'Académie d'agriculture. L'approche conservatoire d'une biodiversité vue comme menacée ne doit pas être la seule, estime l'Académie. La biodiversité recouvre aussi la notion de systèmes écologiques en mouvement et en évolution. Elle désigne une forme de résilience de la nature.
Il s'agit surtout, selon l'Académie des technologies, d'éviter qu'une "application stricte" de la protection de la biodiversité n'entrave "des projets pourtant utiles", voire "le développement économique et la création d'emplois". "Tout le monde souhaite vivre dans un environnement plus agréable possible mais tout le monde souhaite également pouvoir travailler, se déplacer, se nourrir", explique-t-elle. Il s'agit donc d'élaborer des compromis. D'où la création d'un groupe de travail pluridisciplinaire au sein de l'Académie des technologies sur les liens entre biodiversité et aménagement des territoires.
La biodiversité étant évolutive, elle reste difficile à quantifier, les extinctions tendent à être "surestimées". "L'attention est souvent portée sur ce qui disparaît en oubliant ce qui apparaît ou se transforme", estime l'Académie, qui entend souligner que les actions humaines ne sont pas toujours délétères. La création variétale, voire la construction d'habitats peuvent même concourir à "l'augmentation de la biodiversité". Les recherches sur la biodiversité doivent guider les démarches de compensation, dont l'encadrement devra "maintenir une grande souplesse afin de préserver les richesses naturelles voire les accroître".