Surprise. La commission mixte paritaire relative au projet de loi climat et résilience est parvenue à un accord. Un aboutissement inattendu alors que de nombreux points de divergence existaient entre la majorité présidentielle et celle du Sénat.
C'est l'une des plus longues commissions mixtes paritaires (CMP) de la Ve République. Réunie lundi 12 juillet pendant 9 heures sous la présidence de la députée Laurence Maillart-Méhaignerie (LReM) pour examiner les dispositions du projet de loi climat et résilience en discussion entre les deux chambres, cette CMP a, contre toute attente, débouché sur un accord.
Pourtant, les points de friction entre les deux chambres étaient nombreux. « L'ambition écologique du texte a été terriblement affaiblie par les sénateurs. En l'état, la loi climat (…) ne permettra pas à notre pays de respecter nos engagements en matière de lutte contre le dérèglement climatique », déplorait Jean-René Cazeneuve (LReM), rapporteur général du projet de loi à l'Assemblée nationale, au moment de l'adoption du texte par le Sénat le 29 juin.
« Pour que la CMP soit conclusive, nous n'avons retenu que les mesures qui confortaient l'ambition du texte », explique aujourd'hui le député. « Sur la base des propositions issues de la convention citoyenne sur le climat, nous avons enrichi le texte de 1 002 amendements à l'Assemblée nationale et 1 172 au Sénat. Afin d'œuvrer ensemble à un grand texte, nous nous sommes mis d'accord pour corédiger 138 articles. Au total, le projet de loi comporte 376 articles qui visent tous à accompagner notre transition écologique », s'autocongratule le groupe des députés LReM.
« Le débat en commission mixte paritaire a été particulièrement exigeant avec une volonté ferme de la majorité parlementaire de rétablir l'ambition des mesures structurantes du texte. C'est chose faite », assure la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili après cet accord. Et de citer « les piliers de la loi » qui ont été restaurés : zones à faibles émissions (ZFE), menus végétariens dans les cantines, rénovation des logements, encadrement de la publicité, lutte contre l'artificialisation des sols. De même que la conservation d'avancées votées au Sénat : certificats verts en faveur du biogaz, interdiction d'utilisation d'engrais azotés dans les zones non agricoles.
« Le Sénat a démontré sa crédibilité »
« Le Sénat a définitivement démontré sa crédibilité sur la question du développement durable, comme il avait pu le faire récemment dans le cadre de la loi Agec ou encore de la loi énergie-climat », estime Jean-François Longeot (Union centriste), président de la commission du développement durable de la chambre haute.
« Heureusement, de nombreux apports du Sénat sont préservés », se félicite Marta de Cidrac (LR), rapporteure au sein de cette même commission. Et de citer : le déploiement de l'affichage environnemental, la régulation de la publicité, la lutte contre l'écoblanchiment, le développement du vrac, la lutte contre la prolifération des déchets dans la vente à emporter, la réparation des véhicules des particuliers, les pouvoirs donnés aux élus en matière d'implantation des éoliennes.
La faiblesse du texte adopté aujourd'hui est une honte eu égard aux enjeux auxquels nous faisons face.
Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement
«
Nous avons obtenu plusieurs avancées », se réjouit également son homologue Philippe Tabarot (LR). Ce dernier met en avant le prêt à taux zéro dans les zones à faibles émissions (ZFE), l'objectif de doubler la part du fret ferroviaire, le cumul du forfait développement durable avec des abonnements de transport en commun, ou encore le prolongement du suramortissement pour les camions. En revanche, le sénateur «
regrette profondément l'inflexibilité du Gouvernement tant sur la mise en œuvre des zones à faibles émissions que sur la TVA à 5,5 % sur les billets de train, qui aurait permis de marquer le fait que le train est un bien de première nécessité pour réussir la décarbonation de nos déplacements ».
« Plus petit dénominateur commun »
Le son de cloche n'est pas le même que celui de la majorité du côté de l'opposition et des ONG environnementales. « Cet accord qui se résume au plus petit dénominateur commun entre les deux chambres du Parlement, nous prive de l'occasion de défendre notre vision alternative dans le cadre d'une nouvelle lecture. Le débat démocratique est clos et l'avenir de notre politique environnementale est décidé en petit comité, à l'abri du regard de nos concitoyens », dénoncent quatre députés socialistes membres de la commission spéciale qui a examiné le projet de loi.
Calendrier
Le texte issu de la CMP sera soumis pour approbation à l'Assemblée nationale le 20 juillet prochain, puis au Sénat à une date encore inconnue. En tout état de cause, le processus législatif se terminera avant la fin juillet, indique-t-on au ministère de la Transition écologique.
«
La faiblesse du texte adopté aujourd'hui est une honte eu égard aux enjeux auxquels nous faisons face », réagit Arnaud Schwartz, président de la pourtant modérée fédération France Nature Environnement (FNE). «
Une convention citoyenne pour le climat, 150 propositions qui devaient être reprises sans filtre, une promesse de concrétiser la réduction des émissions de gaz à effets de serre français de 40 % à l'horizon 2030 et, au bout du compte : un ensemble d'ordonnances, d'aides dans le cadre de France Relance et des projets de lois de finances, ainsi qu'une loi climat, dont les avancées, réelles, sont bien trop timorées pour atteindre cet objectif », estime FNE.
Du côté du ministère de la Transition écologique, on estime que cette loi, ajoutée aux lois déjà votées (énergie-climat, LOM, Agec), au plan de relance, aux mesures réglementaires et aux mesures européennes, permet de tendre vers l'objectif des -40 %. Ce qui constitue déjà « un pas immense » pour l'entourage de la ministre.
Reste que l'Union européenne va fixer le 14 juillet un nouvel objectif à la France dans le cadre du partage de l'effort pour atteindre son nouvel objectif de -55 % d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Mais aussi que la France est sous le coup d'une décision du Conseil d'État qui a ordonné au Premier ministre de prendre sous neuf mois toutes mesures utiles pour infléchir la courbe des émissions nationales.
« Nous ne sommes pas des tenants de la décroissance » (article paru le 03/05/2021) Le vote solennel de l'Assemblée nationale sur le projet de loi climat a lieu ce mardi 4 mai. Le rapporteur général fait le bilan de l'examen du texte par les députés et se projette sur la suite de son parcours parlementaire. Lire la news
Le Sénat veut une loi climat ambitieuse, pragmatique et territoriale (article paru le 04/06/2021) Après plusieurs semaines de travaux en commission, le Sénat dévoile un projet de loi climat et résilience modifié. Pas moins de 600 amendements ont déjà été adoptés alors que la séance publique débute le 14 juin. Focus sur quelques évolutions notables. Lire la news
Emmanuel Macron valide 146 des 149 propositions de la Convention citoyenne sur le climat (article paru le 29/06/2020) Le président de la République a précisé devant les 150 citoyens de la Convention climat ce qu'il allait advenir de leurs propositions. Il souhaite toutes les appliquer sauf trois d'entre elles et promet pour cela propositions de loi et référendum. Lire la news
Projet de loi climat : les lignes rouges de la majorité (article paru le 14/06/2021) La discussion du projet de loi s'ouvre en séance au Sénat. L'exécutif entend revenir sur certaines dispositions votées en commission. Soit directement par amendement, soit en laissant la navette parlementaire opérer. Lire la news
Le projet de loi climat fait la chasse aux véhicules les plus polluants (article paru le 25/02/2021) Le projet de loi climat prévoit de nouvelles zones à faibles émissions dans les grandes métropoles d'ici fin 2024 pour lutter contre la pollution émise par le trafic routier. Le texte interdit aussi la vente des voitures les plus polluantes pour 2030. Lire la news
Vers un menu végétarien quotidien dans les cantines publiques (article paru le 23/04/2021) L'Assemblée nationale a adopté un amendement qui impose une option végétarienne quotidienne dans les cantines publiques à compter de 2023. Les cantines scolaires échappent toutefois à cette obligation. Lire la news
Rénovation des logements indécents : des co-bénéfices économiques et sanitaires (article paru le 10/06/2021) Prévue par le projet de loi climat, l'obligation de rénovation énergétique des logements indécents induira des bénéfices économiques et sanitaires notables, selon une étude du CGDD, si les travaux permettent d'atteindre l'étiquette D au minimum.
Lire la news
Lutte contre le greenwashing : valse-hésitation à l'Assemblée (article paru le 02/04/2021) Les députés ont adopté plusieurs amendements pour lutter contre les pratiques d'écoblanchiment des entreprises. Mais ils ont refusé d'encadrer juridiquement les engagements volontaires en matière de publicité. Lire la news
Aménagement : comment diviser par deux le rythme d'artificialisation des terres d'ici 2030 (article paru le 20/01/2021) Pour limiter l'artificialisation des sols, la Convention citoyenne pour le climat a proposé des mesures fortes. Le projet de loi qui en est issu reprend l'objectif de diviser par deux le rythme d'artificialisation d'ici 2030. Les aménageurs s'inquiètent. Lire la news
Biogaz : un dispositif de certificats de production mis en place (article paru le 21/06/2021) Le Sénat a adopté le 18 juin un amendement du Gouvernement au projet de loi climat qui met en place des certificats de production de biogaz.
« Ce dispositif consiste à imposer aux fournisseurs de gaz naturel une obligation de restitution à l'État... Lire la news
Les engrais de synthèse interdits pour les usages non-agricoles d'ici 2027 (article paru le 24/06/2021) En commission, les sénateurs avaient introduit un amendement au projet de loi climat qui interdisait l'utilisation des engrais de synthèse dans les propriétés non agricoles, selon un calendrier échelonné entre 2024 et 2027. Lors de la discussion e... Lire la news
Les sénateurs interdisent les publicités qui offrent le malus automobile (article paru le 16/06/2021) Interdire les publicités sur les remises, de type « malus offert », qui annulent l'effet du malus applicable aux voitures particulières les plus polluantes. Tel est l'objet d'un amendement au projet de loi climat et résilience que les sénateurs on... Lire la news
Consigne pour réemploi et vente en vrac : les députés se penchent de nouveau sur les emballages (article paru le 09/04/2021) Dans le cadre de l'adoption des mesures du projet de loi climat relatives à la consigne pour réemploi, les députés ont adopté une interdiction des emballages en polystyrène et un bonus favorable aux emballages réemployables. Lire la news
Plan de relance : 30 milliards dédiés à la transition écologique (article paru le 03/09/2020) La Premier ministre a dévoilé le contenu du plan de relance dédié à la transition écologique : 11 Md€ pour les transports, 9 Md€ pour l'industrie-énergie, 7,5 Md€ pour le bâtiment-logement et 1,2 Md€ pour l'agriculture. Des dépenses engagées sur deux ans. Lire la news
Loi de finances pour 2020 : ce qui a été voté en matière d'environnement (article paru le 20/12/2019) L'Assemblée nationale a définitivement adopté le projet de loi de finances pour 2020. Au programme : réduction de l'avantage fiscal sur le gazole, déplafonnement du malus auto, éco-contribution sur le transport aérien et réforme du CITE. Lire la news
Climat : les États de l'UE s'accordent pour réduire les émissions d'au moins 55 % d'ici 2030 (article paru le 11/12/2020) Sur proposition de la Commission européenne, les Etats membres de l'UE ont validé un nouvel objectif climatique pour l'horizon 2030 : - 55 % par rapport à 1990. Une manière de ne pas arriver les mains vides au sommet climat du 12 décembre. Lire la news
Climat : le Gouvernement sommé d'agir de toute urgence (article paru le 01/07/2021) Le Conseil d'État donne satisfaction à la commune de Grande-Synthe menacée de submersion. Il enjoint au Gouvernement de prendre des mesures supplémentaires avant mars 2022 pour respecter la trajectoire de réduction de 40 % des émissions de GES d'ici 2030. Lire la news
Note Guillaume Garot, Chantal Jourdan, Gérard Leseul, Dominique PotierArticle publié le 13 juillet 2021