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Actu-Environnement

Publicité extérieure : une loi peu respectée aujourd'hui

La publicité extérieure est souvent organisée de manière anarchique et illégale, malgré une réglementation nationale. Grand oublié du Grenelle, le sujet devrait faire l'objet d'une session de rattrapage à l'automne, selon Nathalie Kosciusko-Morizet.

Aménagement  |    |  S. Fabrégat
   
Publicité extérieure : une loi peu respectée aujourd'hui
   
L'entrée de nos villes est souvent marquée par des forêts… Des forêts bien particulières… Un alignement de panneaux publicitaires, enseignes, pré enseignes et autres totems… Parfois, cela ressemble même à une jungle anarchique où la surenchère semble le seul mot d'ordre !
Ça défigure nos paysages, dénonce Michel Blain, de l'association Paysage de France, qui milite depuis des années pour une meilleure application de la loi en vigueur mais aussi pour une clarification des textes.
Car l'affichage publicitaire extérieur, apparu dans les années 60, est encadré par la loi depuis 1979. Cette loi est très peu respectée aujourd'hui... La situation est désastreuse. Il y a une multiplication d'affichages dont la moitié est illégale. La réglementation est trop peu appliquée, il faut faire davantage respecter la loi.
“ La situation est désastreuse. Il y a une multiplication d'affichages dont la moitié est illégale. La réglementation est trop peu appliquée, il faut faire davantage respecter la loi. ” Nathalie Kosciusko-Morizet
A partir des textes existants, on peut déjà faire beaucoup mieux. Je vais envoyer une lettre aux Préfets pour leur demander d'être beaucoup plus stricts
, déclarait la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet qui était en déplacement le 16 juin dernier aux abords de la RN 20 pour constater l'ampleur du phénomène.

Une réglementation complexe…

Le maire ou le préfet ont autorité conjointe à faire appliquer la loi aujourd'hui. Mais beaucoup d'infractions passent encore inaperçues aux yeux de ces autorités. Et pour cause !
Aux abords de la RN 20, même le plus grand spécialiste de publicité extérieure y perdrait son latin ! Ce panneau est-il légal ? entend-on a bord du bus qui emmène la Ministre le long de la nationale. Un spécialiste tente de donner une réponse ! A priori non. La hauteur n'est pas légale, à moins que le publicitaire ait obtenu une dérogation…
Car les dérogations semblent légion… Si une réglementation nationale, jugée trop complexe par les associations, encadre la publicité extérieure, celle-ci peut-être adaptée au niveau local, créant ainsi une multitude de règles, autorisations, dérogations…
La loi encadrant l'affichage extérieur (loi n°79-1150 du 29 décembre 1979) vise à permettre la liberté d'affichage tout en assurant la protection du cadre de vie et des paysages. Le texte règlemente les dimensions, les hauteurs et les emplacements des dispositifs publicitaires là où ils sont admis et défini les zones où la publicité est interdite (hors agglomération, zones protégées, parcs naturels, monuments historiques…). Un règlement local de publicité (RLP) peut venir compléter la réglementation nationale. Pris à l'initiative du conseil municipal, le RLP définit en principe des règles plus restrictives que la réglementation nationale pour protéger certains sites. La réalité est toute autre… Paradoxalement, un RLP peut être beaucoup plus laxiste que la loi et réintroduire la publicité là où elle est interdite, explique Michel Blain. En 2006, le MEEDDAT a comptabilisé 1 189 RLP communaux et 50 RLP intercommunaux.

… et mal appliquée

Les RLP ne sont pas forcément nécessaires ! Il suffirait dans un premier temps de faire appliquer la loi existante, note le défenseur des paysages.
En 2006, 6.350 déclarations préalables ont été déposées contre 7.741 en 2003 selon le MEEDDAT. 2.397 procès verbaux ont été dressés, suivis de 1.508 mises en demeure. Selon le ministère, la réalité de terrain montre que beaucoup de procès verbaux ne sont pas exploités. De même, l'utilisation des amendes administratives est tout à fait marginale. Après un délai de 15 jours de mise en conformité, il est prévu par la loi une amende de 92 € par jour pour chaque installation publicitaire non conforme.
Pourquoi un tel laxisme ? Certains maires sont réticents à faire appliquer la loi… Prenons l'exemple d'un élu qui s'est battu pour obtenir une zone d'activité sur son territoire. Il est délicat pour lui de dire aux supermarchés qui sont venus s'y installer que leurs affichages sont illégaux… explique Michel Blain. Il y aussi les contrats de mobiliers urbains passés entre les municipalités et les publicitaires. Mobiliers urbains et publicités extérieures mobilisent les mêmes acteurs. Les élus ferment donc les yeux sur les seconds pour pouvoir louer les premiers… Les intérêts financiers sont considérables. Les gains perçus dépendent du quartier où l'affichage est installé. Une publicité installée sur la façade d'un immeuble en bord du périphérique parisien peut rapporter jusqu'à 100.000 € par mois… Face à ça, les associations de défense du paysage apparaissent comme des petits poucets.
Grand oublié du Grenelle de l'environnement, le sujet devrait faire l'objet d'une session de rattrapage à l'automne selon la secrétaire d'Etat à l'Ecologie : Les acteurs participant au Grenelle de l'environnement n'étaient pas spécialisés sur les questions de paysage, cette question a très peu été abordée… Je voudrais qu'à l'automne, à l'occasion du vote parlementaire des lois Grenelle, soient organisées des Assises du paysage pour revenir sur cette question.
Les associations demandent plus que l'application des textes existants, une révision des textes : Nous revendiquons une diminution de la taille des panneaux publicitaires qui sont trop intrusifs aujourd'hui… Nous souhaiterions également que les affichages extérieurs soient soumis à autorisation, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, commente Michel Blain.

Des initiatives locales pour encadrer l'affichage extérieur

En attendant, un certain nombre d'initiatives apparaissent ça et là pour s'attaquer à ce phénomène. Dans le Val de Loire, depuis février 2006, une charte d'excellence, établissant des bases cohérentes pour l'élaboration de règlements locaux de publicité, a été mise en œuvre afin de protéger ce site inscrit depuis 2000 au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Professionnels de l'affichage, collectivités territoriales, associations départementales, parc naturel régional et services déconcentrés de l'Etat se sont assis autour de la même table afin d'élaborer une charte encadrant plus strictement l'affichage extérieur. Si aujourd'hui tout n'est pas réglé et que des infractions sont encore relevées, la charte a permis néanmoins d'assainir la situation et d'ouvrir le dialogue.

Réactions5 réactions à cet article

Petit Poucet ou chèvres ?

Les associations elles deviennent chèvres, car lorsqu'elles font supprimer un panneau, il y en a un autre qui revient ou souvent même deux...

pierre | 26 juin 2008 à 07h56 Signaler un contenu inapproprié
Pas seulement le paysage

La publicité, dont une partie n'a jamais prouvé son efficacité ne relève pas seulement de la dégradation du paysage.
Citons aussi toutes ces publicités mensongères qui poussent à la consommation d'énergies, de voitures non propres comme les 4*4. Mais aussi de papier comme ces publicité reçues dans la boîte aux lettres et qui vont directement à la poubelle.
Nombre de supports publicitaires sont des consommations de matière inutiles. Nombre de publicité sont anti-écologiques.
Ici aussi le toujours plus est destructeur. Alors laissons à la pub des espaces plus écolos, comme la radio, la télé (merci à Copé) ou Internet. Puisque ces supports là existent déjà.

René-Pierre | 26 juin 2008 à 13h16 Signaler un contenu inapproprié
Re:Petit Poucet ou chèvres ?

Je vous apporte mon point de vue en ce domaine en tant que Policier municipal et formateur dans le domaine de l'environnement en CNFPT
Actuellement le code de l'environnement issue de la loi de 1979 et des décrets de 1980 et 1982 cerne bien le dossier, plaçant l'affichage et la publicité dans le nuisance.
Un certain nombre d'agents verbalisateurs pouvant constater les infractions dans ce domaine est cité dans l'article L 581-40.
les problèmes se posent comme dans beaucoup de domaines concernant l'environnement :
- la volonté des collectivités territoriales de faire respecter cette législation tout en sachant que souvent ces dernières (touchant des taxes - et mettant du mobilier urbain anarchiquement pour son usage) sont partie prenante
- apporter à ces agents verbalisateurs la connaissance de la loi et de sa pratique comme je le fais moi même aux policiers municipaux
- la volonté des services de police de prendre le temps ou de donner le temps aux agents verbalisateurs de faire respecter cette règlementation et la législation sur l'environnement

SERPICO | 01 janvier 2009 à 19h10 Signaler un contenu inapproprié
et le bruit ??

bonjour,

Moi j'ai un soucis, notre voisin a, sur son terrain, un panneau 4x3 en fer, où une société vient y coller des affiches. Ce panneau fait pratiquement face à notre maison et ce trouve environ à 20 mètres de notre maison et de nos chambres. Le problème qu'il nous pose, outre la superbe vue que l'on a de notre terrasse c'est que lorsque les employés viennent changer les affiches, celà fait un boucan d'enfer !!! Ils tapent leur long balais sur la tôle, et ce , le plus souvent le matin !!
Il est meme arrivé plusieur fois que celà ce passe carément le dimanche matin vers 6h30/7h30 !!! Je crise, on a fait construire il y a 2 an et ne pensions pas du tout que ce panneau ferait autant de bruit !!! Je ne sais pas comment faire pour que ce panneau soir enlevé Quelqu'un aurait il une idée ?

gwendo | 02 février 2009 à 09h19 Signaler un contenu inapproprié
l'atelier

La seconde réunion de l'atelier "Publicité et entrées de ville" vient d'avoir lieu.

Fabulatio | 25 février 2009 à 18h44 Signaler un contenu inapproprié

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