Le groupe national loup s'est réuni le 14 octobre dernier à Lyon mais la réunion ne semble pas avoir calmé la colère des éleveurs, très remontés contre la pression exercée par le prédateur, jugée aujourd'hui insupportable, et contre l'inertie de l'Etat.
Plusieurs organisations professionnelles remettent en cause le plan loup présenté en février dernier et mis en œuvre par trois arrêtés parus fin mai. Tandis que cette colère est relayée également par des élus à travers le dépôt de nouvelles propositions de lois visant à réguler l'espèce.
Réaliser effectivement les tirs de prélèvement
C'est tout d'abord quatre organisations professionnelles (FNSEA, JA, APCA et FNO) qui dénoncent l'inefficience du plan loup 2013-2017, d'ailleurs attaqué en justice par un collectif d'éleveurs, et demandent à l'Etat une régulation efficace du prédateur.
Les éleveurs exigent la réalisation effective des tirs de prélèvement avant la fin de l'année, pour aller jusqu'au plafond de 24 loups prévu par l'arrêté du 16 mai 2013. "Ces tirs doivent être effectifs, y compris pendant la période d'enneigement, y compris dans les cœurs des parcs nationaux qui sont aujourd'hui des lieux de non droit en matière de régulation des prédateurs", insistent les organisations.
Ces dernières estiment que l'Etat a une obligation de résultat. "Il faut sécuriser juridiquement ces prélèvements, notamment dans le cas où ils sont réalisés avec le concours des chasseurs dans le cadre de battues encadrées", ajoutent-elles, faisant allusion à l'annulation par la justice de plusieurs arrêtés préfectoraux autorisant ces battues à la demande des associations Aspas, FNE et Ferus.
"Même les 24 prélèvements annuels ne changeront rien aux dégâts, ce quota garantit l'augmentation de la population à terme", estime de son côté la Confédération paysanne, en pointe sur cette question et qui apportait son soutien le 10 octobre dernier à un éleveur qui comparaissait pour avoir frappé un agent qui devait constater les dégâts causés par un loup. "Nous ne pouvons cautionner la violence envers ces agents, mais la violence que subit un éleveur, victime de plusieurs attaques par semaine, retrouvant ses bêtes blessées ou déchiquetées, qui la prend en compte ?", s'indigne la confédération.
Une demande relayée par des propositions de lois
Parallèlement, plusieurs propositions de lois ont été déposées par des parlementaires ces derniers mois en vue de mieux réguler les populations de loups. La dernière en date est celle du député UMP de Lozère Pierre Morel-A-L'Huissier et plusieurs de ses collègues, dont l'ancien ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard.
Son objectif ? La mise en place de "zones de protection renforcée" au sein desquelles la destruction du loup serait autorisée, indépendamment du plafond de prélèvement défini au niveau national. "Ces zones ainsi que le plafond de destruction autorisée seront définis chaque année au niveau préfectoral. Elles correspondront aux communes dans lesquelles les dommages causés par les loups sur l'activité pastorale sont particulièrement importants", expliquent les signataires.
Une autre proposition de loi, déposée quant à elle par le sénateur UMP des Alpes-Maritimes Jean-Pierre Leleux et plusieurs de ses collègues, vise à donner le droit aux bergers dont le troupeau est menacé par un loup de l'abattre. Elle permettrait également aux éleveurs d'obtenir une autorisation simplifiée de port d'arme pour exercer ce droit. "Cette proposition de loi ne remet pas en cause les mesures de régulation de la population des loups par les tirs de prélèvement engagés par l'État : elle en est complémentaire", précisent les élus.
Sortir le loup de la liste des espèces protégées
La FNSEA, les JA, l'APCA et la FNO demandent également aux ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture de sortir le loup de la liste des espèces protégées, tant dans le cadre de la convention de Berne que de la directive habitats. "Le loup n'est pas une espèce menacée à l'échelle du continent européen. En France, il n'apporte aucune plus-value à la biodiversité. Au contraire, il la fait régresser. Les paysages se ferment lorsque le pâturage disparaît", justifient-elles.
Cette demande de retrait de la liste des espèces strictement protégées est également réclamée par la Confédération paysanne. "L'Etat a perdu le contrôle sur le terrain et maintenant devant les tribunaux. La situation est grave. L'Etat doit prendre ses responsabilités, reconnaître son impuissance et exiger, comme il en a la possibilité, le retrait du loup comme espèce strictement protégée par la directive habitat", estime le syndicat.
Cette revendication est également portée par la proposition de loi de Pierre Morel-A-L'Huissier qui souhaite "poser la question de la réforme du statut du loup au niveau européen et international, par la saisine des institutions internationales compétentes par la France dans un délai maximal d'un an".
"Un choix de société en faveur du pastoralisme s'impose car aujourd'hui ce sont bien les loups qui prennent le dessus", conclut la Confédération paysanne traduisant le profond désarroi des éleveurs.