Face à la colère des éleveurs suite à une multiplication des attaques de loups, Nathalie Kosciusko-Morizet a affirmé le 28 juillet dernier la volonté de l'Etat de diminuer la pression de ce prédateur sur les élevages.
Multiplication des attaques
Cette annonce a été faite lors d'une rencontre avec les députés, les présidents des chambres d'agriculture, des élus locaux et des éleveurs des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Elle faisait suite à deux attaques de loups dans la vallée de l'Ubaye survenues à Méolans-Revel et Enchastrayes qui ont provoqué la mort ou la disparition d'une centaine d'ovins.
"Au 25 juillet 2011, on dénombrait 583 attaques et 2 115 victimes, soit une augmentation d'environ 25% des attaques et de 18% des victimes par rapport à 2010", indique la ministre.
La dernière attaque signalée a eu lieu le 10 août dernier dans la vallée de la Haute-Meurthe (Vosges) où onze brebis auraient été égorgées selon l'Est Républicain.
Tirs de défense ou tirs de prélèvement ?
Les tirs de défense sont des autorisations individuelles accordées aux éleveurs pour protéger leur troupeau.
Les tirs de prélèvement sont des opérations de traque et d'abattage du loup organisées collectivement sous la responsabilité de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Le statut d'espèce protégée au titre de la Convention de Berne et de la directive "habitats" ne s'oppose "en aucune façon à la volonté ferme de l'Etat de diminuer la pression du loup sur les élevages", a indiqué la ministre.
Pour Stéphanie Morelle, chargée de mission loup à France Nature Environnement (FNE), "si les textes européens autorisent le tir du loup pour prévenir les dommages importants et récurrents sur les troupeaux, la France glisse insidieusement du tir en dernier recours au tir de régulation".
Le Groupe national loup a validé cet hiver un assouplissement du "protocole loup" facilitant la mise en œuvre des tirs de défense ou de prélèvements lorsque la situation le justifie.
Un spécimen mâle de 27,5 kg a d'ailleurs été tué d'un tir de défense le 3 août dernier à Combovin dans le Vercors drômois, à proximité d'un troupeau de brebis attaqué à six reprises depuis le début de l'été. "Cet éleveur a subi six attaques depuis le 20 juin, alors qu'il a mis en place des mesures de gardiennage renforcé et d'effarouchement du loup", deux préalables nécessaires pour obtenir le droit de tirer sur le prédateur, a précisé Michaël Sibilleau, sous-préfet de Die, selon des propos rapportés par l'AFP.
Estimant toutefois que les différentes possibilités d'intervention prévues par l'arrêté du 9 mai 2011 étaient encore trop peu connues, la ministre a adressé une circulaire (1) aux préfets le 29 juillet dernier leur demandant de renforcer l'information et la formation des personnes habilitées à effectuer ces tirs : éleveurs, bergers, lieutenants de louveterie, chasseurs.
Territorialisation des tirs de défense
NKM a également annoncé qu'elle proposerait au prochain groupe national loup "d'ajuster le protocole à la réalité de l'expansion de la population de loup en étudiant la possibilité d'une "territorialisation" de la mise en œuvre des tirs de défense. Il s'agit de permettre à l'ensemble des éleveurs situés dans une zone reconnue à risque de défendre leur troupeau dès les premières attaques sans autre procédure administrative ".
Le nombre maximal de six spécimens de loups dont la destruction est autorisée pour la période 2011-2012 pourrait, en outre, être revu chaque année en fonction "de la population estimée, du rythme de son accroissement et des dégâts occasionnés".
Annonces qui devraient susciter quelques réactions parmi les associations de protection de l'environnement, puisque, avant même celles-ci, FNE dénonçait les mesures décidées cet hiver. "Le préfet peut autoriser directement un tir de prélèvement si les dommages se répètent d'une année à l'autre et non plus dans la même saison. Pire, les tirs de prélèvement peuvent être déclenchés pendant la période hivernale, alors même que les troupeaux ne sont plus en alpage. Comment alors justifier de dommages importants aux troupeaux si ces derniers sont en bergerie ?", s'indigne Stéphanie Morelle dans La Lettre du Hérisson.