Après le lait le 14 octobre, les préfets des cinq départements concernés (1) ont levé les restrictions de mise sur le marché des produits agricoles mises en place après l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen. Ces restrictions portaient sur le miel, les œufs, les poissons d'élevage et les produits végétaux.
Pour autoriser cette levée des restrictions, le ministre de l'Agriculture s'est fondé sur un avis (2) de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) rendu le 18 octobre. Cet avis est tiré de 502 résultats d'analyse portant sur des produits soumis à restriction prélevés entre le 28 septembre et le 10 octobre « dans des exploitations sentinelles présentes dans les cinq départements et choisies sur la base de critères d'exposition au risque », indique le ministre. Les contaminants recherchés étaient des dioxines et furanes, des PCB, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des éléments-traces métalliques (cadmium, plomb, mercure).
Concentrations supérieures aux teneurs réglementaires
Le ministre opère une lecture particulièrement favorable de l'avis, puisque celui-ci émet un certain nombre d'avertissements. Le groupe d'expertise de l'agence sanitaire a conclu que les résultats ne dépassaient pas les teneurs maximales réglementaires « sauf pour quatre échantillons de légumes sur 35 qui présentent des concentrations en plomb supérieures aux teneurs maximales réglementaires ». Les légumes concernés étaient des endives, betteraves et carottes prélevées dans la Somme. Ces légumes « ne correspondent pas à des formes directement consommables, car non lavées et non pelées », explique le ministre.
L'Anses a également relevé des concentrations en dioxines, furanes et PCB-DL « significativement supérieures à celles des plans de surveillance et de contrôle » dans les œufs, le maïs, les ensilages, herbe/foin/luzerne. Des concentrations en plomb dépassent aussi la valeur des plans de surveillance dans les aliments pour animaux mais restent inférieures aux teneurs maximales réglementaires. Le ministre relativise en faisant état d'un « bruit de fond classiquement retrouvé dans les plans de surveillance ».
« Ces résultats confirment l'importance de maintenir une surveillance rapprochée (…) afin d'assurer désormais une surveillance au long cours », indique toutefois Didier Guilaume. Il faut dire que l'Anses a formulé encore d'autres réserves. « L'éventuelle contamination des sols liée à l'incendie pourrait avoir un impact, à terme, sur les productions végétales du fait du transfert sols-racines-plantes », prévient-elle. D'autre part, ajoutent les experts, une accumulation de certains contaminants liés aux retombées n'est pas à exclure dans les œufs et le lait « du fait de l'ingestion par les animaux de terre et/ou d'aliments potentiellement contaminés ».