L'association agréée de surveillance de la qualité de l'air a révélé le 8 octobre des taux de dioxines dans l'eau de pluie quatre fois plus élevés que la normale dans la commune de Préaux (Seine-Maritime), rapporte France bleu Normandie. Cette commune a été survolée par le panache de fumée dégagé par l'incendie de l'usine Lubrizol le 26 septembre dernier. « Ces résultats veulent dire qu'il faut faire des examens complémentaires, mais ils ne permettent pas d'être rassurants », a déclaré Jean-François Gehanno, professeur au CHU de Rouen, selon la radio locale.
Le 3 octobre, l'Ineris avait communiqué des résultats beaucoup moins inquiétants. L'établissement avait effectué des prélèvements dans la ville de Rouen, à proximité du site de l'usine. La préfecture se voulait rassurante. Les résultats, bien que « partiels et peu nombreux », avaient montré une présence de dioxines sur des prélèvements exposés au panache dans des valeurs « parfois inférieures et parfois supérieures » à celles constatées sur un prélèvement témoin hors panache. La valeur la plus élevée était toutefois plus de trois fois supérieure à celle du prélèvement témoin. « Comment peut-on prétendre sérieusement connaître le risque dioxine pour décrire la situation sur une zone de plusieurs centaines de kilomètres carrés sur la base de six prélèvements ? Pas plus qu'on ne connaît le risque lié aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), produits en quantité beaucoup plus importante, avec vingt prélèvements », a réagi le Réseau Environnement Santé (RES).
« Le principal problème dans un incendie de ce type est de savoir s'il y a présence de produits chlorés (ou bromés) en raison de la formation de dioxines chlorées (ou bromées), qui sont les perturbateurs endocriniens les plus puissants et les plus persistants dans l'organisme et dans l'environnement », explique l'ONG. « Oui, évidemment, il faut investiguer sur les dioxines et puis il faut évidemment savoir exactement quels produits ont brûlé », a déclaré Corinne Lepage sur France 3 Normandie. Le 4 octobre, l'avocate a obtenu du Tribunal administratif de Rouen la nomination d'un expert indépendant chargé de procéder à un constat des conséquences environnementales de l'accident. Cette désignation a été obtenue pour le compte de l'association Respire et d'une centaine de requérants alors que le préfet s'y était opposé, a expliqué l'ancienne ministre de l'Environnement. L'expert doit rendre son rapport avant le 31 octobre.
