Pour la première fois en zone urbaine, la technique de l'insecte stérile (TIS) est en cours de test à la Réunion pour lutter contre le moustique tigre. Vecteur de graves maladies comme la dengue et le chikungunya, l'Aedes aegypti fait l'objet depuis avril d'essais pilotes. « Deux sites d'étude sur le littoral de la commune de Saint-Joseph ont été ciblés car les populations d'Aedes aegypti y sont isolées, ce qui permet d'espérer leur élimination locale », explique Jérémy Bouyer, entomologiste au Cirad et coordinateur du projet Revolinc et Mosquarel. Ces deux projets visent à optimiser la lutte contre les insectes nuisibles en utilisant une TIS dite « renforcée ».
La TIS consiste à élever en masse des moustiques mâles, les stériliser par irradiation et les relâcher sur le terrain où ils vont stériliser les femelles sauvages. Avec la technique de l'insecte stérile renforcée, les insectes mâles sont traités, avant lâcher, par un biocide qu'ils transmettent par contact aux femelles lors de la reproduction ou par simple contact. Ces biocides entraînent la mort de leur progéniture.
Une première phase de marquage-lâchers-recapture a démarré en avril : durant cette phase, 10 000 moustiques mâles stériles sont lâchés par semaine, afin d'estimer leur survie, leur dispersion et leur compétitivité sexuelle avec les moustiques sauvages. Deux techniques de lâcher sont testées : au sol puis par drone. La meilleure technique de lâcher sera sélectionnée durant la deuxième phase de lutte. Cette phase correspondra au lâcher de 50 000 mâles stériles par semaine.
Ces essais sont complémentaires de ceux de l'IRD qui visent à contrôler un autre moustique, Aedes albopictus. Le projet Revolinc vise à démontrer que la TIS renforcée permet d'éliminer localement un vecteur relativement isolé comme c'est le cas d'Aedes aegypti à La Réunion. L'objectif est d'éviter la recolonisation des niches écologiques d'Aedes albopictus par Aedes aegypti. « Si ces essais sont concluants sur des populations localisées d'Aedes aegypti, cette solution pourrait alors être déployée à plus grande échelle », précise Jérémy Bouyer du Cirad.