
En effet, avec l'évolution des modes de vie et de consommation, des nouvelles habitudes alimentaires et de la croissance démographique, la France produit chaque année entre 1 et 2% de déchets ménagers en plus. Selon l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), la production d'ordures ménagères (OM) atteint aujourd'hui 360 kg par an et par habitant en moyenne dont seuls 20% font l'objet d'un recyclage ou d'une valorisation matière et 80%, soit environ 290 kg, sont éliminés, c'est-à-dire enfouis ou incinérés. Vu les conflits et les conséquences environnementales et financières que cela entraîne auprès de la population, le Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (MEDDAD) s'est fixé l'objectif de réduire les quantités d'OM orientées vers le stockage ou l'incinération à 250 kg par an par habitant en cinq ans, puis à 200 kg d'ici 10 ans. Le gouvernement mise pour cela sur la réduction de la production de déchets et le développement du recyclage.
En ce qui concerne la Ville de Paris, des objectifs de performance de tri avaient été définis dans le PDEDMA (plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés). Ce plan approuvé le 16 octobre 2001 (arrêté préfectoral n°2001-289-1) après avis du Conseil de Paris et des conseils généraux des départements limitrophes après enquête publique avait vocation à organiser une gestion rationnelle des déchets ménagers sur la base d'un diagnostic de l'existant, d'objectifs à atteindre, de contraintes et de potentialités définies. Ses objectifs, fixés pour une période de 5 ans soit jusqu'à 2005, étaient la réduction de la part de déchets ménagers incinérés et mis en décharge et l'accroissement significatif du recyclage.
Depuis 2006, ce plan est devenu régional.
Si, dans ce nouveau contexte, la définition d'objectifs pour l'ensemble de la région Ile-de-France est en cours, la Ville ne tarit pas d'éloge sur le bilan du son Plan : selon elle, avec une moyenne de 36,7 kg de déchets triés par Parisien en 2006, soit 20% de plus qu'en 2005, le tri bat son record absolu. La mise en place, fin 2005, d'un 2ème jour de collecte chaque semaine des bacs à produits recyclables correspondait bien à une attente réelle des Parisiens. Ces très bons chiffres sont là pour le confirmer.
Pour accompagner cette tendance, la Mairie édite également un Mémo du tri 2007 plus simple. Par exemple, la liste non exhaustive des « interdits de tri » a été supprimée au profit d'un message uniquement positif : dans les bacs jaunes et blancs, le citadin ne doit jeter que les produits indiqués et uniquement ceux-ci. Rappelons que lorsque la topographie des lieux le permet, les immeubles parisiens sont équipés de 3 bacs. Le bac jaune ne doit recevoir que les cartons d'emballage, papiers et journaux, sans le film plastique, les bouteilles vides en plastique avec les bouchons, les briques alimentaires, les bidons, boîtes et canettes métalliques, ainsi que les petits appareils électriques, type sèche-cheveux. Le bac blanc doit quant à lui recevoir les emballages en verre recyclable sans les bouchons. Enfin, le bac vert reçoit tous les déchets alimentaires, les emballages non recyclables et le verre non recyclable, c'est-à-dire idéalement tout ce qui ne rentre pas dans les deux autres bacs.
Selon les données de la Mairie, 87 % des immeubles de la Ville de Paris bénéficient d'un dispositif pour le tri, ce qui représente 398.902 bacs. Parmi ceux-ci 241.815 bacs, soit 60,6% sont verts, 100.332 soit 25,2% sont de couleurs jaunes et enfin 56.755 bacs soit 14,2% sont blancs.
Le traitement des déchets collectés par la Ville de Paris est confié pour la plus grande partie au Syctom de l'agglomération parisienne, à l'exception du verre, repris directement par la société Saint-Gobain, et des ferrailles et gravats acheminés directement dans les filières de traitement. Au sein du Syctom, le traitement s'appuie sur 3 types d'installations : les centres de tri, les usines d'incinération et les centres de stockage de déchets ultimes (ou CSDU). Les centres de tri reçoivent les déchets triés par les habitants, et les objets encombrants collectés en déchetterie. Ces déchets sont alors séparés par type de matériau et dirigés vers les filières de recyclage (valorisation matière). La Mairie de Paris estime qu'en 2006, 18,8 % du total des déchets parisiens avaient été acheminés vers les filières de recyclage. La même année, 61,7 % des déchets collectés ont été incinérés. Un taux d'ailleurs inférieur de 25% par rapport aux années précédentes dû à la fermeture de l'usine d'Issy en février 2006… Le reste a été orienté vers les centres d'enfouissement (ou CSDU).
La qualité du tri à domicile est donc essentielle car la présence de déchets non recyclables ou non-conformes aux consignes peut entraîner la « pollution » de l'ensemble du contenu de la benne. Dans ce cas, elle est refusée au centre de tri et redirigée vers l'incinération. On la qualifie alors de « déclassée». À la mise en cause du gain écologique du recyclage s'ajoute alors le doublement du coût de traitement (collecte sélective puis incinération). De ce fait, en cas de doute sur un déchet, le mémo 2007 invite les Parisiens à jeter dans le bac vert.
Comme l'objectif final consiste à réduire la production, le mémo 2007 dispense également de conseil au particulier pour réduire la quantité de déchet, à l'instar de la Semaine de la Réduction des Déchets organisée par l'ADEME du 3 au 11 novembre sur tout le territoire national dans le cadre de la campagne « Réduisons vite nos déchets, ça déborde ». Cet événement vise à sensibiliser la population, responsabiliser les citoyens et inciter chacun à agir concrètement pour réduire ses déchets par le biais d'une consommation responsable et de petits gestes de la vie quotidienne. Elle s'adresse aussi bien aux institutions et collectivités qu'aux scolaires et au grand public de manière générale*.
Toutefois, au même titre que les particuliers, les entreprises doivent intégrer la prévention des déchets dans le pilotage global de leur activité. Selon l'ADEME, le flux de déchets des entreprises représente en effet à lui seul 807 millions de tonnes par an. 90 millions de tonnes sont issues des entreprises de production et de services, 374 millions de tonnes de l'agriculture et 343 millions de tonnes des entreprises du BTP. L'opération « Objectif déchets - 10% » a d'ailleurs été lancée en ce sens par l'agence en 2004 pour tenter de réduire ce flux.