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Climat : les perspectives du deuxième mandat de Barack Obama

Réélu, le président des USA va avoir plus de latitude pour affirmer sa politique climatique. L'agence de protection de l'environnement sera le bras armé des prochaines mesures de contrôle des émissions liées à l'exploitation des gaz de schiste.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
Climat : les perspectives du deuxième mandat de Barack Obama

"Nous voulons que nos enfants vivent dans une Amérique qui ne soit pas menacée par le pouvoir destructeur d'une planète qui se réchauffe" : ces mots prononcés par Barack Obama à Chicago, mardi 6 novembre, après sa victoire à l'élection présidentielle américaine, ont ravivé chez les écologistes l'espoir de voir le pays relancer sa politique de lutte contre le changement climatique.

Le Sierra Club, la plus grande organisation américaine de défense de l'environnement, a félicité Barack Obama pour sa réélection, par la voix de son directeur exécutif Michael Brune : "Nous avons réussi. Malgré les millions de dollars de l'industrie fossile déversés dans la campagne de Mitt Romney, nous avons prouvé que les corporations ne sont pas le peuple. Seul un candidat dans cette campagne a doublé les efforts pour une économie verte. Seul un candidat dans cette campagne s'est battu pour rendre les compagnies pétrolières et gazières responsables et seul un candidat a pris des mesures de protection pour éviter le dégagement de toxines dans l'air et dans l'eau. Seul un candidat a fait des pas historiques pour réduire la crise climatique. En raison de ces positions, le Président Obama a été confronté à l'assaut sans précédent de la part de patrons du pétrole et du charbon aux poches pleines, qui ont inondé les ondes d'attaques publicitaires à coup de millions de dollars."

Les gaz de schiste au cœur des enjeux

Les impacts de l'exploitation des gaz de schiste par Jean-Philippe Tridant Bel, Alcimed
Ira-t-il jusqu'à l'affrontement avec les lobbies des énergies fossiles ? "Obama s'est clairement engagé en faveur de la diversification des sources d'énergie, y compris les énergies fossiles. Il faut donc s'attendre à ce qu'il donne son approbation au pipeline Keystone XL en provenance du Canada. Pour autant, il n'a pas annoncé qu'il se rétracterait de sa stratégie consistant à donner un rôle clé aux agences telles que l'Environmental Protection Agency (EPA) en matière de politique de protection de l'air, ce qui pourrait compliquer la donne, en particulier pour les industries du charbon. La fracturation hydraulique pour l'exploitation des gaz de schiste ouvre un nouvel enjeu. Sur ce point, le gouvernement fédéral n'a pas une autorité claire, ce qui revient à laisser le pouvoir de décision aux Etats eux-mêmes. Ceci aussi pourrait changer", nous explique Barry G. Rabe, professeur à la Gerald Ford School of Public Policy (Michigan).

Au milieu du fracas de l'ouragan Sandy, le maire de New York, Michael Bloomberg, a apporté, le 1er novembre, un soutien spectaculaire au candidat démocrate parce qu'il estimait que le président sortant était le mieux placé pour prendre des mesures contre le changement climatique. Oubliée pendant la campagne, la question climatique pourrait resurgir, même si le Président ne dispose pas du soutien de l'ensemble du Congrès : si les démocrates ont conservé le contrôle du Sénat, les républicains gardent la majorité à la Chambre des représentants depuis 2010.

Pour contourner ce blocage du Congrès, le président dispose du bras armé de l'Environmental Protection Agency, sorte de super ministère de l'environnement. "L'EPA a une autorité considérable sur la plupart des législations fédérales de l'environnement, y compris sur les politiques de l'air et de l'eau. Elle a donc beaucoup de latitude pour interpréter ces politiques, aussi longtemps que le Président est d'accord. Reconduit à la tête du pays, Barack Obama pourrait exercer une présidence "administrative" par laquelle il ferait aboutir ses objectifs politiques de fond en utilisant le pouvoir de ces agences au lieu de tenter de faire passer une nouvelle législation", analyse Barry Rabe.

Une femme à abattre

La présidente de l'EPA, Lisa Jackson a été perçue par une partie du monde industriel comme une administratrice agressive, prenant un pouvoir sans précédent sur les dossiers environnementaux. Aux yeux de la grande industrie, elle est considérée comme "la femme la plus dangereuse du pays". Selon M. Rabe, il n'est pas certain qu'elle soit reconduite dans ses fonctions sous le deuxième mandat du président Obama. Les autorisations accordées par l'EPA aux raffineries et aux centrales électriques fonctionnant aux énergies fossiles pourraient rapidement être conditionnées à leurs émissions de CO2. Pour limiter les fuites de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, les exploitants de gaz de schiste devront aussi brûler les rejets de méthane à la sortie des puits. Et, à partir de 2015, ils devront capter ces gaz pour permettre leur réutilisation. Les groupes écologistes font pression pour que Washington durcisse les lois fédérales sur l'air et sur l'eau afin de limiter les pollutions liées à la fracturation hydraulique, utilisée dans le forage des puits de gaz de schiste.

Qu'est-ce qui pourrait faire aller de l'avant les politiques environnementales aux Etats-Unis ? "Le gouvernement fédéral des Etats-Unis tend à être réactif, il lui faut une crise ou un désastre pour avancer", note Barry Rabe. "Souvent, ce sont les Etats qui prennent les devants sans attendre l'action du gouvernement central, comme cela a été évident pour le changement climatique", comme l'a fait la Californie en cherchant à augmenter massivement les économies de carburants dans les transports. Y'aura-t-il un tournant dans la politique climatique de Barack Obama ? Annoncera-t-il de nouvelles prises de positions à la faveur de la prochaine conférence sur le climat à Doha (Qatar) en décembre ? Selon le professeur Rabe, "il est difficile de savoir s'il y aura un basculement. Mais le fait que le président ait fait une brève référence au changement climatique dans son discours de victoire de la semaine dernière est un signal. Alors qu'il en avait très peu parlé au cours de sa campagne, cette évolution est intéressante à noter."

Réactions3 réactions à cet article

Un conférence sur le climat au Quatar??
Le pays du pétrole où il y a des pistes de ski en plein désert...
Indécent!

bob | 15 novembre 2012 à 14h14 Signaler un contenu inapproprié

et si même Obama avait réellement l'intention de faire quelque chose, que pourrait-il contre la puissance réunie des lobbys pétroliers et militaro-industriels ?!

dmg | 20 novembre 2012 à 20h11 Signaler un contenu inapproprié

Bob a bien souligné l'ineptie de ces sommets climatiques, occasions pour les VRP écolos aériens de capitaliser des points de voyage aux frais des gogos qui cotisent pour "sauver la planète".
Et à Michel Rocard d'aller parler aux manchots du Pôle Sud, entre autres.

Albatros | 23 novembre 2012 à 16h25 Signaler un contenu inapproprié

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