Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », les 62 000 manifestants ont clairement démontré qu'ils ne voulaient pas de relance du nucléaire en France. Il est donc temps que la classe politique entende la voix d'une vaste majorité des Français qui ne veut pas rester prisonnier d'un modèle nucléaire dépassé, centralisé et dangereux. Le réseau sortir du nucléaire demande donc aux candidats à l'élection présidentielle de s'engager à annuler la construction de tout projet de réacteur nucléaire EPR, à Flamanville en Normandie ou ailleurs.
Inscrit dans la loi d'orientation sur l'énergie et adoptée le 13 juillet 2005 par les parlementaires, l'EPR, technologie de réacteur à eau pressurisée, est un projet franco-allemand développé depuis 1992 par Siemens et Areva, destiné à prendre le relais des 58 réacteurs qui équipent actuellement les 19 centrales nucléaires françaises. Sa mise en service est prévue en 2012. ?Le gouvernement pourrait signer prochainement le décret d'autorisation du nouveau réacteur nucléaire EPR.
Mais selon le collectif STOP EPR, la construction de l'EPR engagerait la France dans une relance massive du nucléaire pour les cent prochaines années et n'apporterait aucune solution aux risques déjà connus de l'activité nucléaire à savoir les rejets radioactifs dans les milieux, les déchets radioactifs et la vulnérabilité aux attentats, en plus des conséquences incalculables en cas d'accident.
Par ailleurs, selon l'étude «Un courant alternatif pour le Grand Ouest » commanditée par le Réseau Sortir du nucléaire, l'EPR coûtera au minimum 3.3 milliards d'euros, payés directement par les consommateurs d'EDF. Selon cette étude, cette somme permettrait de produire autant d'électricité à partir d'énergies renouvelables et de créer 15 fois plus d'emplois.
Certains candidats à l'élection présidentielle ont répondu à l'appel. Selon l'AFP, étaient présents le candidat de la LCR, Olivier Besancenot pour qui l'EPR est inutile et dangereux. Était présente également l'ex-candidate Corine Lepage, récemment ralliée à François Bayrou. L'intérêt de l'EPR est purement commercial dans une optique de privatisation du secteur énergétique, qui veut faire de la France le fournisseur exclusif de l'Europe en nucléaire, a-t-elle affirmé à l'AFP. Dominique Voynet, candidate des Verts était présente à la manifestation de Toulouse où elle s'est dit désolée du manque de volonté et de résistance de la gauche en général.
Même s'ils n'étaient pas présents, les autres candidats avaient déjà eu l'occasion de se prononcer au sujet de l'EPR et du nucléaire en général à l'occasion de la signature du pacte de Nicolas Hulot. Globalement Ségolène Royal (PS) et François Bayrou (UDF) souhaiteraient un nouveau débat sur le projet même s'ils reconnaissent que la France ne pourra pas se passer du nucléaire. En revanche, Nicolas Sarkozy (UMP) a fait valoir que les autres alternatives ne pourront pas remplacer le nucléaire. Il est donc favorable au projet.
Par ailleurs, le tribunal administratif de Caen a rejeté les requêtes déposées par Greenpeace et six autres associations qui visaient à annuler le permis de construire délivré à EDF pour les travaux de fondation du réacteur EPR pour non respect de la « loi Littoral ». Le tribunal a estimé que les travaux étant prévus dans la continuité des installations de Flamanville donc réalisés dans la continuité géographique d’une «zone déjà urbanisée», ils ne transgressaient pas la « loi Littoral ». Greenpeace va faire appel de ce jugement devant la cour d'appel de Nantes.
Les travaux de terrassement des fondations de la plate-forme qui accueillera le réacteur, commencés en août 2006, sont réalisés à 70% et devraient se terminer cet été. La construction proprement dite pourrait débuter en décembre pour un raccordement au réseau national prévu en 2012.