Comme pour toute activité professionnelle utilisant des produits chimiques, l'exposition des professionnels du soin et de la décoration de l'ongle pose question.
Dans un rapport et un avis (1) publiés ce jeudi 23 novembre, l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) identifie 700 substances, dont 60 sont jugées très préoccupantes, dans la composition des produits utilisés ou dans les atmosphères de travail des esthéticiennes et des prothésistes ongulaires, les deux professions concernées par l'étude. Ces substances très préoccupantes sont des cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR) ou des perturbateurs endocriniens (PE) potentiels.
Parmi les substances incriminées, les auteurs de l'étude pointent les (méth)acrylates, à l'origine de plus de la moitié des pathologies diagnostiquées, les composés organiques (semi) volatils, mais aussi des particules provenant d'opérations de ponçage de l'ongle et des résines, dont la caractérisation fine est méconnue. Parmi les pathologies les plus fréquemment diagnostiquées, l'Anses recense les affections cutanées (dermatites allergiques de contact), les affections des voies respiratoires et ORL (asthmes), les céphalées et les troubles musculo-squelettiques (TMS).
La campagne de mesure qui a permis de confirmer les expositions aux substances incriminées a aussi montré la faible mise en œuvre des mesures de protection par les professionnels. D'où la formulation d'un certain nombre de recommandations par l'Agence de sécurité sanitaire. Aux professionnels exposés, elle demande un renforcement des mesures de prévention : recherche de produits de substitution, utilisation de tables aspirantes et port d'équipement de protection individuelle (EPI) adaptés. Aux metteurs sur le marché des produits cosmétiques, elle recommande la substitution des agents chimiques dangereux ou, à défaut, le développement des produits ou techniques sans contact.
Les recommandations sont aussi tournées vers les pouvoirs publics. Outre les préconisations en termes de recherche et de formation des prothésistes, l'Anses leur demande de contrôler que l'évaluation des risques des professionnels est bien réalisée par les metteurs sur le marché et qu'elle est systématiquement prise en compte dans les évaluations de sécurité chimique des ingrédients cosmétiques par le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs.