L'Afrique peu bénéficiaire, malgré des progrès
Sur les 5.500 projets MDP en cours ou en stade de validation dans le monde, seuls 112 sont situés sur le continent africain, dont 36 enregistrés (élus pour les crédits carbone). La majorité des MDP se trouve en Asie Pacifique avec près de 3.700 projets, en Amérique latine et aux Caraïbes (820).
Malgré une accélération des projets en Afrique au cours des dernières années (78 projets en 2008 contre 2 en 2004), leur part reste relativement faible et concentrée sur certains pays.
23 pays africains participent aujourd'hui aux MDP. L'Afrique sub-saharienne concentre près de 80 % des MDP, l'Afrique du Sud en tête avec 28 % des projets en préparation ou en cours d'exécution, suivie par le Kenya (14 %), l'Ouganda (10 %) et le Nigeria (6 %). Les 20 % restant sont développés en Afrique du Nord (Egypte, Maroc).
18 % des projets africains concernent la production d'électricité à partir des décharges, 12 % concernent des projets d'énergie renouvelable (8 éoliennes, 3 panneaux solaires et 2 projets géothermiques), 15 % sont des projets de reboisement.
Le PNUE estime que 260 projets MDP en Afrique pourraient être réalisés ou en cours d'approbation en 2012.
Quelles solutions pour inverser la tendance ?
Si la Chine et l'Inde concentrent aujourd'hui 70 % des réductions de carbone réalisées à travers les MDP, c'est que les gros projets portés par ces pays séduisent davantage les acteurs du Nord que les petits projets africains, peu porteurs en termes de crédits carbone. Faut-il abandonner ce mécanisme, jugé inefficace par certains, ou faut-il le réformer pour que les pays en développement en profitent davantage ?
Parmi les solutions envisagées pour favoriser l'émergence des projets africains, le MDP programmatique, qui consiste à regrouper plusieurs petits projets en un seul grand projet.
Le programme CASCADe, qui sera lancé en 2010 par le PNUE, vise également à développer les MDP en apportant une aide aux institutions nationales, des ateliers de formation, une assistance technique aux porteurs de projets. Sept pays sont ciblés : le Bénin, le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Gabon, Madagascar, le Mali et le Sénégal. Plusieurs projets pilotes devraient être lancés.
La lourdeur de la procédure est également mise en cause par certains. En octobre dernier, six chefs d'Etat africains ont lancé un appel pour l'allégement des procédures et l'assouplissement des conditions d'accès des Africains à ces ressources.
Enfin, certaines associations proposent de limiter le dispositif aux pays les moins développés, en excluant les gros émergents. Rappelons que l'une des conditions inscrite dans le protocole de Kyoto poursuivait en filigrane cet objectif : ne valider que les projets qui n'auraient pas vu le jour sans les MDP…