Regroupées sous la coalition Med Sea Alliance, plusieurs ONG viennent de publier un nouvel atlas qui répertorie les zones fermées à la pêche en Méditerranée. Disons plutôt : les zones qui ne devraient pas voir un chalut parce que classées en aires marines protégées. Car ce que révèle cet inventaire est loin de la théorie initiale : entre janvier 2020 et décembre 2021, l'Atlas a enregistré la présence de 305 navires dans 35 zones fermées, ainsi que 169 infractions confirmées entre 2018 et 2020. En comparaison, au cours de la période étudiée, 80 infractions ont été constatées et sanctionnées officiellement par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), ce qui semble peu.
Pour arriver à ces résultats, les ONG se sont appuyées sur des données publiques du système d'identification automatique (SIA) des navires, un système de suivi utilisé pour la sécurité en mer. Ces données ont été ensuite croisées avec le fichier de la flotte de pêche de l'UE et « d'autres jeux de données pertinentes », et confortées par des témoignages locaux. Le but : en déduire le comportement des navires susceptibles de se livrer à des opérations de chalutage, potentiellement du chalutage de fond dans des zones interdites à ces engins de pêche. Or, le SIA est obligatoire pour tout navire de plus de 15 mètres battant un pavillon de l'UE, mais il n'est pas imposé par la plupart des États du sud de la Méditerranée. C'est pourquoi la majeure partie des infractions présumées ont été observées dans le nord de la Méditerranée et ne constitue que la partie émergée de l'iceberg.
Avec ce nouvel atlas en ligne et leur enquête sur les pratiques de pêche illicite, notamment en Italie (1) , les ONG veulent alerter les États de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée, qui se réuniront du 7 au 11 novembre en Albanie, et demandent une lutte plus active contre la pêche illicite. « La pêche illicite dans les aires protégées sape les mesures nationales et régionales de gestion des stocks de poissons, menace les sources de revenus des pêcheurs qui respectent les règles et ruine les efforts de conservation marine », déclare Aniol Esteban, membre du comité de direction de Med Sea Alliance.