Pour la première fois, une équipe scientifique internationale, dont l'Ifremer fait partie, a analysé la teneur en plastiques des profondeurs de la Méditerranée. Leur étude se concentre sur une zone de partage entre la France, Monaco et l'Italie et a été publiée en septembre dans la revue Science of the Total Environment. Résultat : des déchets partout et de toutes tailles.
En prélevant l'eau et les sédiments à 2 200 mètres de fond, les chercheurs ont constaté qu'ils contenaient des microplastiques en quantité non négligeable. Au fond des canyons sous-marins, les vidéos recueillies par Victor 6 000, le submersible de l'Ifremer, montrent des gobelets, canettes, ballons et autres boîtes de conserve à perte de vue. « Les canyons jouent un rôle de conduit et les déchets descendent vers les grands fonds sous l'effet des courants marins », explique Michela Angiolillo, l'auteur principale de la publication. Dans les canyons situés en face de grandes villes comme Saint-Tropez, Nice, Cannes ou Monaco, ces déchets sont dominés par les plastiques. « Plus au large, au niveau des monts sous-marins, les déchets sont de nature différente, davantage liés à la pêche, avec des lignes perdues ou des filets », continue la chercheuse. Olivia Gérigny, également auteur de l'étude souligne : « 70 % des déchets ont une interaction avec la faune vivant sur le fond : soit les espèces se servent des déchets pour se fixer et accroître leur zone d'habitat, soit elles sont victimes de blessures, d'étranglement, d'emmêlements. On ne s'attendait pas à trouver un pourcentage si élevé ».