
© Baptiste Clarke
Le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat devient ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement (MEDDTL). Le portefeuille de l'énergie est désormais rattaché à l'Economie, celui de l'Aménagement du territoire à l'Agriculture et celui de la mer disparaît. Le ministère ne compte plus que deux secrétaires d'Etat contre quatre auparavant. Benoist Apparu reste au Logement et Thierry Mariani remplace Dominique Bussereau aux Transports.
Les Amis de la Terre s'inquiètent de la réduction du champ de compétence du ministère. Tout comme les Verts qui craignent que ''les arbitrages gouvernementaux soient encore plus rarement en faveur de l'écologie''. Pour Arnaud Gossement, "le super ministère est décapité''.
Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France est plus fataliste : ''depuis l'organisation du Grenelle de l'environnement, fin 2007, le tandem Sarkozy/Fillon n'a eu de cesse de revenir sur les promesses et les engagements en matière d'environnement. Et tout porte à croire que « Sarkozy/Fillon saison 3 » sera encore moins écolo que le précédent gouvernement''.
Énergie à Bercy : quel avenir pour le renouvelable ?
La plus grosse déception tient au rattachement du portefeuille de l'Energie (et du climat qui n'apparaît plus nulle part ?) au sein du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.
''On sait à quel point Christine Lagarde, ministre de l'Économie pour la deuxième fois, a toujours été extrêmement hostile à la dynamique du Grenelle de l'environnement et aux décisions qui ont été prises dans la foulée, déclare Pascal Husting. Que l'Énergie échappe à l'Écologie pour rejoindre le giron de Bercy est très inquiétant concernant la capacité de la France à tenir ses objectifs de réductions de ses émissions de gaz à effet de serre et de développement des renouvelables''.
Selon Serge Orru, directeur général de WWF-France, ''le monde de l'industrie fossile et nucléaire [a] gagné''. Même lecture pour Anne Bringault, directrice des Amis de la Terre, ''la reprise en main de ce secteur par Bercy laisse présager une relance décomplexée de la production avec davantage de nucléaire et davantage d'énergies fossiles, satisfaisant ainsi de grands lobbies aux dépends de l'intérêt des citoyens''.
Quid de la mer ?
Le nouveau ministère ne contient plus le portefeuille de la mer, à en croire sa dénomination. ''Si ceci était confirmé, ce serait un très mauvais signe alors que les quotas de pêche restent un sujet de tension avec le ministère de l'agriculture. Il pourrait s'agir d'une confirmation de ce qu'avait annoncé Nicolas Sarkozy lors du salon de l'agriculture : L'environnement, ça commence à bien faire !'', analysent les Amis de la terre.
Pour Anne Bringault : ''les tensions entre le ministère de l'écologie et celui de l'agriculture ont toujours été fortes, que ce soit au sujet des OGM, de la pêche ou de l'avenir de la PAC. Si la disparition probable de la mer des compétences du ministère de l'écologie était la marque d'une volonté affirmée de donner dorénavant la priorité au ministère de l'agriculture dans les arbitrages concernant les questions agricoles et marines, ce serait la victoire des lobbies contre la préservation de la biodiversité et la lutte contre les pollutions''.
Le retour de NKM
Les Verts s'interrogent : ''que penser de la nomination de Nathalie Kosciusko-Moriset au ministère de l'écologie ? Il est difficile d'y voir une bonne nouvelle. Non pas que les convictions ou les compétences de la ministre soient en cause''.
Celle qui a défendu la Charte de l'environnement devant le Congrès en 2004 et le Grenelle de l'environnement plus récemment suffira-t-elle à faire peser un ministère affaibli dans les futurs arbitrages gouvernementaux ? ''Nathalie Kosciusko-Morizet hérite d'un ministère diminué et rétrogradé dans la hiérarchie gouvernementale. La nomination d'une telle personnalité ne saurait faire oublier ce périmètre rétréci. On ne peut qu'être sceptique sur la marge de manœuvre dont disposera Nathalie Kosciusko-Morizet, là où Jean-Louis Borloo a eu les coudées franches'', analyse Pascal Husting qui va même plus loin : ''en matière d'environnement, le seul maintien de François Fillon suffit à donner… le ton. Le Premier ministre a entre autres œuvré pour délaver les engagements du Grenelle et pour faire capoter la taxe climat-énergie. Tout récemment, c'est lui encore qui a tranché concernant le thon rouge''. Et d'être tout aussi critique sur l'ensemble du casting ministériel : ''d'autres personnalités violemment anti-écolos rejoignent le gouvernement, comme Patrick Ollier, connu pour ses sorties anti-éoliennes et sa ferveur pro-nucléaire. Bruno Le Maire est maintenu à l'Agriculture, ce dont se félicitent déjà la FNSEA et les pêcheurs industriels de thon rouge. Quant à Thierry Mariani aux Transports ou Éric Besson à l'Énergie/Industrie, difficile d'en attendre beaucoup d'initiative en matière d'écologie, tant ces hommes se sont jusqu'à présent illustrés comme étant tout dévoués à Nicolas Sarkozy''.