Les niveaux de bruit constatés à proximité des nouveaux points d'attente d'approche finale (les FAP pour Final Approach Point) pour l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle à Roissy (Val-d'Oise) sont conformes aux prévisions de l'enquête publique. Par contre, "les résultats divergent (…) essentiellement en raison d'une concentration des vols plus forte que prévue" pour les communes plus à l'ouest. Tels sont les principaux résultats des deux campagnes de mesurage sonore réalisées en neuf sites à l'ouest de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle, avant et après le relèvement de 300 mètres des altitudes d'arrivée des avions. Cette mesure controversée avait été prise en novembre 2011 par la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet à la suite du Grenelle de l'environnement.
Ces résultats confirment ainsi les craintes du Collectif inter-associatif du refus des nuisances aériennes (Cirena) qui estimait qu'avec cette mesure les communes proches de l'aéroport souffriraient moins du bruit au détriment de populations plus éloignées et jusqu'alors moins impactées.
Mardi 15 janvier, le ministère de l'Ecologie a publié le rapport de synthèse rédigé par la direction générale de l'Aviation civile (DGAC), ainsi que sept rapports de communes : Beauchamp, Cergy, Conflans-Sainte-Honorine, Cormeilles-en-Parisis, Eragny, Jouy-le-Moutier et Saint-Leu-la-Forêt.
Les villes éloignées en pâtissent
Concrètement, l'étude cherche à évaluer le nombre de vols par jour dont le niveau sonore est supérieur ou égal à 65 décibels (dB); le NA65, dans le jargon de la mesure de bruit. Une première campagne de mesurage a eu lieu entre le 5 octobre et le 16 novembre 2011 avant le relèvement intervenu le 17 novembre et une seconde campagne a eu lieu entre le 15 février et le 31 avril 2012.
Il ressort de ces campagnes que les deux communes les plus proches de l'aéroport ont effectivement vu le nombre de NA65 baisser sensiblement, comme annonçé dans le dossier d'enquête publique. En moyenne ce nombre est passé de 81 à 42 à Beauchamp et de 181 à 131 à Saint-Leu. Néanmoins, si Saint-Leu affiche des résultats conformes à ceux anticipés dans le dossier d'enquête publique, Beauchamp présente des résultats bien supérieurs. Pour cette dernière, l'enquête publique évaluait à 43 le nombre moyen de NA65 avant le relèvement (contre 81 mesurés par la DGAC) et à 3 après relèvement (contre 42 constatés).
En revanche, les résultats sont sensiblement différents de ceux envisagés lors de l'enquête publique pour les villes éloignées de l'aéroport. Cergy nord subit en moyenne 12 dépassements quotidiens, contre 4 prévus, Conflans ouest 39 contre 25 annoncés, Conflans sud 26 contre 6, Eragny 20 contre 8 et Jouy 14 contre 4.
A noter par ailleurs que l'étude s'intéresse aux bruits extrêmes et n'indique rien concernant les niveaux sonores inférieurs à 65 dB qui constituent pourtant des nuisances aériennes. Dans une étude sur l'impact sonore le bruit du relèvement des trajectoires aériennes, Bruitparif s'intéressait aussi au bruit supérieur à 62 dB. Les prévisions de Bruitparif indiquaient que la diminution des dépassements du seuil des 62 dB serait deux fois plus faible que celle escomptée pour les bruits supérieurs à 65 dB.
Adaptation des contrôleurs aériens
Face à de tels écarts, le document de la DGAC ne peut que constater que "les résultats relevés divergent de ceux de l'enquête publique loin du FAP vers l'ouest", se gardant de préciser que l'écart est exclusivement en défaveur des riverains.
En cause ? "Essentiellement (…) une concentration des vols plus forte que prévue constatée à l'altitude d'interception ILS [c'est-à-dire à l'altitude de 4.000 pieds qui correspond au nouveau point d'attente d'approche finale], engendrant ainsi une augmentation de la longueur du palier". Selon la DGAC, "Ces profils de vol différents engendrent probablement une conduite machine moins favorable pour les émissions sonores si les traînées sont sorties plus tôt".
Cependant, les services de l'Etat restent optimistes et jugent qu'"après une nécessaire période d'adaptation du contrôle aérien en région parisienne, l'impact sonore relevé ici pourrait alors décroître". Il ne reste qu'à attendre que les contrôleurs aériens s'adaptent aux nouvelles règles…