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La méthanisation s'apprête à diversifier ses revenus

Le projet de PPE prévoit une importante réduction du prix d'achat du gaz vert. Faute de pouvoir réduire ses coûts rapidement, le secteur devra trouver des financements complémentaires pour poursuivre son développement.

Energie  |    |  P. Collet
Actu-Environnement le Mensuel N°392
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°392
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Le soutien public à la méthanisation s'appuie essentiellement sur la politique énergétique. En mettant en avant les co-bénéfices du gaz vert, les professionnels ouvrent le débat sur un partage des coûts entre l'ensemble des bénéficiaires. Le secteur doit-il se tourner vers de nouveaux financements pour compenser la baisse du tarif d'achat de l'énergie ? La question se pose en France, avec l'adoption à venir de la programmation pluriannuel de l'énergie (PPE), mais aussi en Allemagne, où les installations arrivent au terme de leur contrat de vente d'énergie. Elle a animé les échanges du colloque organisé début avril par l'Office franco-allemand pour la transition énergétique (Ofate).

Il faut trouver des financements complémentaires

L'objectif du projet de PPE est très clair : abaisser le tarif d'achat du biométhane injecté de 67 euros par mégawattheure (MWh) en 2023, à 60 euros en 2028, pour les projets soumis à un appel d'offres. Cette évolution "traduit la volonté du gouvernement de voir baisser le coût des renouvelables", explique Gérard Denoyer, chargé de mission biomasse et biogaz au ministère de la Transition écologique. Et d'ajouter : "il n'y a pas de changement à attendre" sur ce point.

Aujourd'hui, le coût de production est de l'ordre de 100 euros. L'IFP Energies nouvelles (IFPEN) estime que les progrès de la filière pourront difficilement abaisser ce coût au niveau fixé par la PPE. Quant aux prix de marché (20 à 30 euros par MWh pour du gaz fossile, jusqu'en 2030), ils sont inatteignables. Ce constat découle notamment de la petite taille des installations françaises : la production moyenne d'un méthaniseur est de 150 m3 par heure, quand la moyenne européenne est de 600 m3. Les coûts des investissements restent donc lourds et difficilement compressibles. Les trois quarts des investissements correspondent au digesteur et aux infrastructures annexes, précise l'Institut de recherche. En outre, le modèle français (basé sur les déchets, plutôt que les cultures énergétiques) ne simplifie pas l'équation. Il faut donc trouver des financements complémentaires, conclut Kader Lettat, chef de projet biométhane de l'IFPEN.

Mettre à contribution les gestionnaires de déchets

Ce constat est d'autant plus à l'ordre du jour que la filière ne cesse de mettre en avant les avantages de la méthanisation. Dans les couloirs du ministère de la Transition énergétique, les enjeux sont posés : "Est-ce à la politique énergétique de financer le traitement des boues d'épuration, le traitement des biodéchets ou les bénéfices agronomiques de la méthanisation ?" Les différents acteurs concernés s'attendent à être mis à contribution à plus ou moins brève échéance.

L'objectif de réduction des coûts inscrit dans le projet de PPE fixe les données du problème. La diminution du tarif d'achat du gaz vert peut ête annalysée comme un plafond à la subvention accordée au titre de l'énergie produite. Si le coût de production ne baisse pas assez vite, la filière devra trouver des financements complémentaires… C'est d'ailleurs l'approche retenue par IFPEN qui estime que pour abaisser réélement les coûts, il faudrait mettre à contribution les gestionnaires de déchets. Les scénarios de l'Institut de recherche montrent qu'avec un prix fixé à 70 euros par tonne pour les biodéchets et à 30 euros par tonne pour le lisier, le prix du biométhane est abaissé au niveau du gaz fossile. Le prix appliqué aux déchets correspond au coût de traitement sur une plateforme de compostage, fait valoir l'IFPEN. En revanche, "l'approche serait nouvelle pour les effluents d'élevage", admet Kader Lettat.

Ne pas limiter le sujet à la PPE

Le secteur agricole est aussi pointé du doigt, puisque les bénéfices tirés de la méthanisation sont systématiquement mis en avant. Les agriculteurs ont bien perçu l'enjeu. Interrogé sur un éventuel soutien complémentaire puisé sur les fonds de la politique agricole commune (PAC), Laurent Paquin se montre réticent. "La PAC, on veut s'en servir pour plein de choses", déplore le représentant de la FNSEA, expliquant que "c'est très compliqué, avec un budget en baisse de 15 % à cause du Brexit". Et de renvoyer la balle au ministère de la Transition énergétique : "mélanger agriculture et énergie ne me choque pas, mais on ne peut pas financer la politique énergétique avec la PAC".

Reste que le ministère de la Transition écologique fixe le cap. Il faut "décloisonner la question de la méthanisation", estime Gérard Denoyer, précisant que le sujet ne doit pas n'être limité à la PPE.

Réactions2 réactions à cet article

Alors, si on ne peut pas financer la politique énergétique avec la PAC, pourquoi compenser les déficiences de la PAC par une politique agri-énergétique, méthanisante ?

Daniel | 18 avril 2019 à 22h44 Signaler un contenu inapproprié

Etonnant de constater que si le grand éolien fait réagir tant d'opposants en avançant notamment l'argument du surcoût financé par le contribuable, qui n'est plus vrai désormais puisque la courbe de coût de production s'est croisée avec celle du nucléaire (également largement subventionné - et de plus en plus à l'avenir vu les déboires pharaoniques de la filière), il n'y a plus grand monde pour reprocher aux gros élevages industriels le coût de leur méthanisation agricole.
Vu la manne financière pour quelques uns de ses hauts cadres, on comprend que la FNSEA soit très vigilante sur le sujet... Force est aussi de constater que le grand éolien profite également aux grands céréaliers, nombre de machines étant implantées en zones de grandes cultures.

Pégase | 22 avril 2019 à 22h22 Signaler un contenu inapproprié

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