Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Méthanisation : un rapport officiel dénonce le tabou français des cultures énergétiques

Faute de recourir à des cultures dédiées, la méthanisation agricole ne se développera pas comme son homologue allemand, prévient un rapport des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie qui évoque un "tabou" basé sur une vision "simpliste".

Energie  |    |  P. Collet

"L'essor de la [méthanisation dans le secteur agricole] n'a pas été à la hauteur des espoirs des porteurs de projet et des ministères impliqués", déplorent les services des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie dans un rapport rendu public mardi 5 février 2012. Le document d'une trentaine de pages, intitulé "Freins au développement de la méthanisation dans le secteur agricole (1) ", évoque "quelques dizaines d'unités qui fonctionnent, dont certaines à l'équilibre financier fragile". "On est loin des milliers d'unités du parc allemand", regrette les auteurs qui font état d'un développement outre-rhin qui "a certes démarré plus tôt, mais est aussi plus rémunérateur et bénéficie semble-t-il d'un cadre règlementaire moins contraignant pour les digestats".

Pourtant, la filière française "a retenu la bienveillante attention des ministères de l'agriculture et de l'environnement", via notamment un soutien financier dans la phase de démarrage. En effet, les pouvoirs publics ont montré de l'intérêt pour "un procédé qui, à partir d'effluents d'élevage, auxquels on ajoute des déchets divers et variés, produit de l'électricité, de la chaleur, mais aussi des matières résiduelles au pouvoir fertilisant", rappelle le rapport qui qualifie l'approche d'"assurément (…) séduisante".

Vision simplificatrice, voire simpliste

"Sur le fond, le frein principal au développement massif de la méthanisation agricole est certainement le refus des cultures énergétiques à titre principal", estiment les rapporteurs qui jugent que "le problème des cultures énergétiques, mis à part le cas particulier de la filière agrocarburant (Ethanol et Diester), semble avoir un côté tabou en France".

Quant aux arguments à l'origine du "tabou", ils sont liés selon les auteurs "aux émeutes de la faim, près de nous en Afrique du Nord, mais aussi dans d'autres régions du monde". A cette occasion, les Français "ont pris conscience que pour des millions de personnes dans le monde, il y avait un minimum vital au sens fort du terme, à pouvoir acquérir du riz ou de la farine de blé". Au delà de ce constat, la mission note que le lien entre le renchérissement des prix agricoles et le recours aux cultures énergétiques a été porté par "certains économistes et sociologues" et que "les leviers médiatiques ont amplifié ce courant d'opinion sans discernement". A une réalité "multifactorielle" le rapport oppose une vision "simplificatrice, voire simpliste".

Si le document rappelle qu'"il s'agit là d'une question de doctrine qu'il n'appartient pas à la mission de trancher", les commentaires des auteurs laissent transparaitre leurs regrets… Leur constat est sans appel : "force est de reconnaître que, si l'on doit rester à ce dogme, il serait illusoire de vouloir développer massivement la filière méthanisation agricole en France".

Trois arguments en faveur des cultures énergétiques

Même si les auteurs rapportent qu' actuellement, personne ne propose d'introduire des cultures principales purement énergétiques, ils avancent cependant trois arguments en faveurs d'une évolution de la doctrine française.

Tout d'abord "un argument de bon sens" : l'activité agricole a toujours eu besoin d'énergie. Et de rappeler qu'à l'époque de la traction animale, "les chevaux et les bœufs arrivaient à consommer jusqu'à 10% voire 15% des quantités de fourrage produites sur l'exploitation" pour ensuite fournir de l'énergie. Sur l'exploitation moderne, le tracteur remplace les animaux de trait et pourrait donc être alimentés en biogaz produit sur la ferme. Selon les agriculteurs méthaniseurs interrogés, l'ensemble du machinisme agricole n'aurait "guère besoin de plus de 2 à 3% de la surface agricole utile (SAU) dédiée" pour atteindre l'indépendance énergétique. Le rapport suggère de limiter ces cultures dédiées à 1 ou 2% de la SAU, rapportant que les "allemands ayant pourtant un fort courant politique de sensibilité écologique n'ont aucun problème sociétal à cultiver des milliers d'hectares de maïs ensilage (800.000) aux seules fins de "nourrir" les méthaniseurs".

Les deux autres arguments sont de nature techniques. Il s'agit tout d'abord du recours aux cultures intercalaires  (2) pour la méthanisation. La question se poserait notamment lorsque les sols doivent être fertilisés. Le dernier argument concerne l'équilibre du digesteur qui pour être maintenu peut parfois nécessiter l'ajout de céréales "sans créer pour autant de cultures à vocation principalement énergétique".

Encourager l'usage de la chaleur sur l'exploitation

Par ailleurs, le rapport étudie les textes règlementaires et les tarifs d'achat pour conclure que ceux-ci "ne constituent pas un frein au développement de la méthanisation agricole, même si certains points mériteraient d'être revus". Selon le rapport, les progrès possibles concernent surtout la mise en œuvre des textes, telle que la création de points d'entrée uniques, qui assureraient la liaison avec les services instructeurs des différents volets des dossiers.

Le cadre règlementaire n'est cependant pas exempt de tout reproche. Le principal concerne les conditions "trop restrictives" de la valorisation de la chaleur par les agriculteurs disposant d'un méthaniseur. Reprenant les conclusions d'un précédent rapport (3) , le document indique que l'exclusion de la chaleur substituée à une consommation électrique "est défendue par l'administration de tutelle au motif que cette substitution très rentable n'a pas besoin d'être aidée". Il s'agit là d'une approche "discutable et fragile [qui] laisse entendre que l'électricité doit être traitée différemment que les énergies fossiles". Le rapport recommande donc "la valorisation de la chaleur pour le chauffage des bâtiments d'élevage en substitution à l'électricité, ou encore le cas des toutes petites installations".

Un autre frein réglementaire est lié à l'utilisation et la valorisation des digestats. Pour passer du statut de déchet à celui de matières fertilisantes ou de supports de culture, les matières doivent impérativement être homologuées. Annonçant un rapport à venir sur le sujet, le document note que "le statut de déchet des digestats en pénalise fortement l'utilisation". La normalisation des digestats étant une démarche jugée trop lourde, le rapport préconise un allègement des procédures d'homologation.

1. Consulter le document.
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CGAAER_12025_2012_Rapport_cle0864be.pdf
2. Le document rappelle qu'après la moisson, selon les régions -fin juillet, début août-, on sème des cultures dites 3. Consulter le document.
http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CGAAER_11039_2011_Rapport.pdf

Réactions37 réactions à cet article

Oui, mais il faudrait alors interdire l'épandage de lisier de porcs en plein champ sinon on va être envahi par des exploitants d'autres pays Européens !

RealWheel | 06 février 2013 à 20h55 Signaler un contenu inapproprié

Information intéressante. Etant contre la culture énergétique avant la lecture de cet article, je dois bien reconnaitre que les 3 arguments avancés tiennent la route. En fait, on peut résumer ce tabou à un problème de vocabulaire, certaines pratiques ne relèvent pas de la culture énergétique au sens perçu par la population.
Je reste persuadé que; si le Retour sur Investissement et les délais administratifs s'améliorent, alors la filière décollera, et le reste suivra.
Il faut rester optimiste et se fier au bon sens paysan.

Biogaz excelsior | 07 février 2013 à 00h54 Signaler un contenu inapproprié

Attention au "modèle allemand". En matière sociale le SMIC n'y existe pas et particulièrement pour les travailleurs immigrés qui n'y ont pour seul droit que de s'y lessiver, pour crever ils doivent préalablement avoir quitté le pays.
En matière d'environnement il faut se rappeler de leur devise :"Deutschland über alles", proche de "Deutschland über allen" , L'Allemagne avant tout ( ou au dessus de tous).
Dans le cas précis des cultures énergétiques cela se traduit par : "Que les pays du tiers-monde manquent de nourriture, ce n'est pas notre problème". Ces champions autoproclamés de l'environnement rejettent à ce jour 50% de CO2 de plus que nous les mauvais français et ils s’apprêtent à faire encore pire dès l’arrêt du nucléaire.

VD69 | 07 février 2013 à 11h48 Signaler un contenu inapproprié

Je serai intéressé de savoir ce que font les allemands de leur biogaz.
avec du biogaz on peut faire tourner un moteur (pour avancer ou pour faire de l'électricité et de la chaleur), ce qui implique pour l'exploitant agricole un investissement direct énorme, ou redistribuer ce biogaz ce biogaz sur le réseau gérer par GrDF.
Cette 2ème solution me paraît la plus intéressante (a tord peut être, ce n'est qu'un ressenti) pour la valorisation et surtout pour l'investissement initial de l'exploitant agricole.
Hors quand on connait un peu les difficultés qu'a eu la ville de Lille pour revendre son biogaz sur le réseau (après avoir fait tourné tous ses bus il y avait une sur-production) je me demande si la difficulté n'est pas la même que pour le réseau électrique, c'est à dire passer d'un réseau centralisé à un réseau décentralisé. Freins techniques mais surtout stratégiques et politiques ?

chocard | 07 février 2013 à 12h05 Signaler un contenu inapproprié

article m'intéssant
je dispose de 20 hectares et même plus actuellemnt en jachères; je vais étudier des solutions énergétiques

DL | 07 février 2013 à 12h31 Signaler un contenu inapproprié

Les cultures énergétiques en UE ne représentent que moins de 2% des surfaces agricoles, pas de quoi provoquer les émeutes de la faim. L'UE n'est pas le centre du monde en cette matière.
Quand je pense que les mêmes qui sont anti étaient des pourfendeurs des surplus agricoles subventionnés d'il y a 20 ans et promoteurs des jachères (qui représentent encore davantage que les cultures énergétiques). Tous les prétextes sont bons pour être anti agricole... Même jusqu'à laisser le Brésil déforester pour exporter ses produits agricoles en UE, y compris son éthanol.

Albatros | 07 février 2013 à 13h11 Signaler un contenu inapproprié

Il faudrait aussi arrêter de raisonner cloisonné, la distribution et la restauration générent d'énormes quantités de déchets alimentaires ( provenant de productions agricoles). Ces secteurs doivent réduire le gaspillage mais il y aura toujours des déchets qui peuvent très bien alimenter les méthaniseurs et ce serait bien sur le plan énergétique que ces derniers soient bien répartis sur le territoire.

abeille | 07 février 2013 à 14h18 Signaler un contenu inapproprié

@ abeille,
Tout à fait d'accord pour le décloisonnement mais la méthanisation a du mal a être rentable pour traiter des déchets dont les détenteurs payent pour s'en débarrasser. Vouloir rentabiliser une culture ne peut être qu'un projet exclusivement politique. J'espère que pour soutenir ce genre de projet on exigera une rentabilité écologique incontestable.

vd69 | 07 février 2013 à 14h46 Signaler un contenu inapproprié

Merci pour ce résumé qui n'incite pas à lire le «rapport».

«L'essor de la [méthanisation dans le secteur agricole] n'a pas été à la hauteur des espoirs des porteurs de projet et des ministères impliqués»?

Non! L'effort des ministères concernés n'a pas été à la hauteur des espoirs des porteurs de projets.

En Allemagne, un projet est monté en six mois. En France, il faut au minimum cinq ou six ans.

Lorsque nos gouvernants et nos administrations auront compris que quand on propose une solution, il faut trouver des solutions aux éventuels problèmes qui subsistent, plutôt que de créer des problèmes pour empêcher la solution (et pour justifier son existence), alors là, on avancera.

«Quant aux arguments à l'origine du "tabou »... il ne faudrait pas nous prendre pour des demeurés. Vous en connaissez beaucoup des références aux «aux émeutes de la faim» faites pour s'opposer à des projets de biogaz ou les retarder? C'est d'une débilité sans nom.

Wackes Seppi | 07 février 2013 à 21h05 Signaler un contenu inapproprié

On sait aujourd'hui que la faim dans le monde n'est (globalement) pas due à des manques de production au Nord mais à des problèmes d'accès à la nourriture et de destruction des productions locales.

Les cultures énergétique française ne vont donc pas aggraver la situation alimentaire mondiale, en tout cas pas à court terme.

Par contre, il faut être vigilant sur le mode de production. Car on peut faire des cultures énergétique avec des cultures intermédiaires ou dans le cadre d'une rotation allongée mais on peut aussi faire de la monoculture de maïs ensilage intensif. Le bilan écologique et énergétique ne sera pas le même...

jujuniep | 08 février 2013 à 11h19 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour , j'ai eu l'occasion de visiter en Lorraine (site du "Haut des ailes") une ferme qui utilisait les déjections des vaches, un système de raclette les ramenant vers une vis sans fin et ensuite vers 2 unités de stockage , genre gros réservoir à pétrole. Une usine de soupe (très connue) déversant en plus, ses surplus périmées, dans ces mêmes cuves. Le biogaz alimentait un moteur de voiture qui entrainait un générateur, il avait de l'électricité pour toute sa maison et il utilisait son surplus pour alimenter un séchoir à foin... j'ai appris depuis qu'il fournissait de l'électricité aux maisons voisines !!! je suis maintenant en Normandie et je n'ai jamais entendu parler de choses similaires , doit pas y avoir des vaches ici !!! chercher l'erreur !! quid des déchetteries et de leurs déchets verts. Voir le site de Mr Jean PAIN qui avait développé cela dans les années 70 , quel retard avons nous !!

icnrv | 09 février 2013 à 13h35 Signaler un contenu inapproprié

Pour que ça marche bien – c'est-à-dire de manière rentable – il faut qu'il y ait un apport régulier de matières organiques « énergétiques ». Les déjections animales, bovines ou porcines, c'est pas terrible.

Ça marche en Allemagne parce qu'on y a mis les moyens et qu'on est pragmatique. On nourrit donc les digesteurs avec du maïs ensilage.

Ça ne marchera pas en France tant que la mentalité est de chercher des problèmes. Quand on lit un
Jujuniep (08 février 2013 à 11h19), qui ne fait qu'exprimer ce travers de l'écologie politique française, « [l]e bilan écologique et énergétique ne sera pas le même... » on peut remballer les plans de développement.

Wackes Seppi | 11 février 2013 à 12h51 Signaler un contenu inapproprié

"les chevaux et les bœufs arrivaient à consommer jusqu'à 10% voire 15% des quantités de fourrage produites sur l'exploitation"
A nuancer:
- la production énergétique était masquée dans la nécessaire prod de lait pour les vaches qui étaient utilisées quand elles étaient taries.

- pour les chevaux, on n'a pas ce problème. Mais:

- Les bêtes étaient beaucoup utilisées pour d'autres production et faiblement pour l'herbe(faucheuse, faneuse, transport =1 semaine de travail par an), d'où un % très élevé de surface nécessaire à l'époque...

-La prairie a l'avantage d'être un puits de carbone. Privilégier la culture temporaire productive, sans puits de carbone n'est pas assurément judicieux.

Le surplus énergétique de l'agriculture est une bonne nouvelle. Au vu des besoins énergétiques autres, il sera rapidement entièrement sollicité.

jp-42 | 11 février 2013 à 19h11 Signaler un contenu inapproprié

Wakes seppi ?
Quel est le problème avec la recherche du bilan (ou du compromis) le plus favorable (écologiquement et économique) pour la méthanisation ?

Cela ne semble pas vous déranger de consommer un max d'intrants, avec toutes les conséquences que cela comporte pour alimenter un méthaniseur... C'est conforme à vos autres positions et symptomatique de certaines personnes de voulant pas réfléchir plus loin que le bout de leur chéquier.

Avec de la volonté politique (il en faudrait plus, c'est vrai), il y a suffisamment de surplus alimentaire, d’excédent d'élevage dont on ne sait pas quoi faire, et d'opportunité agronomique (cultures intermédiaire, rotations allongées...) pour faire les choses bien, sans avoir à recourir massivement aux cultures énergétiques.

Arrêtez de chercher des méchants écolo partout...

jujuniep | 12 février 2013 à 09h12 Signaler un contenu inapproprié

Facile de dire qu'en France nous cherchons les problèmes et que ces allemands écologiques sont eux, pragmatiques.
Puisque vous soutenez ce projet de cultures énergétiques par voie de méthanisation, soyez donc pragmatique et fournissez nous un bilan énergétique montrant qu'ainsi les SAU seraient ainsi bien exploitées.
Dans ce domaine, il faut privilégier les solutions simples comme les taillis à courte (ou très courte) rotation en particulier sur des terres pauvres, mais ce serait moins clinquant, moins branché, moins geek, moins bobo. En étant , et de loin, le pays qui utilise le plus de bois énergie en Europe, nous faisons nous preuve de pragmatisme.
Quant à ces voisins autoproclamés respectueux de l'environnement , je suis d'accord avec vous sur leur coté pragmatique : "Nous avons du lignite, il faut l'exploiter. Mais pour faire passer la pilule , il est impératif de le cacher derrière un paravent d'écologie."
Notre culture française de l'analyse globale et ouverte devrait nous éviter de tomber dans le panneau

VD69 | 12 février 2013 à 10h59 Signaler un contenu inapproprié

Non, il n'y a aucun «problème avec la recherche du bilan (ou du compromis) le plus favorable (écologiquement et économique) pour la méthanisation». Il y a juste un problème avec votre réponse qui témoigne d'un refus des cultures énergétiques. C'est bien ce que dénonce le rapport, non?

Mais j'aime bien la référence aux rotations allongées. Si on allonge, c'est bien pour y mettre d'autres cultures, dans ce cas précis pour alimenter le digesteur, non? Ces autres cultures sont des cultures... énergétiques!

Votre commentaire, M./Mme Jujuniep, est symptomatique de ces personnes qui forgent leurs opinions à l'aune de leur idéologie et qui refusent de voir que les entrepreneurs – ceux qui investissent pour produire – arrêtent de réfléchir lorsqu'ils voient que la solution n'est pas au bout de leur chéquier: projet mort-né!

Nous aurions «suffisamment de surplus alimentaire, d’excédent d'élevage dont on ne sait pas quoi faire»? J'aimerais qu'on me dise ce que c'est. Et qu'on me précise aussi ce que ça fait dans le digesteur. Quant aux cultures intermédiaires, on me précisera le rendement (ah! Le vilain mot...), les itinéraires techniques, notamment pour la récolte et la conservation.

Wackes Seppi | 13 février 2013 à 17h01 Signaler un contenu inapproprié

M./Mme VD69,

Vous n'avez pas l'air d'aimer les allemands... au point de vous livrer à quelques dérapages.

«Puisque vous soutenez ce projet...» Non, je ne soutiens rien. Je ne fais que constater – comme les auteurs du rapport – que les cultures énergétiques pour la méthanisation sont un tabou «basé sur une vision "simpliste » et provoquent une levée de boucliers chez les bien-pensants.

Le résultat est que notre politique se veut favorable au développement de la méthanisation et, en même temps, crée des obstacles à ce développement.

Vous me mettez au défi de produire un «bilan énergétique montrant qu'ainsi les SAU seraient ainsi bien exploitées»? Je peux vous rendre la pareille à propos de votre « [d]ans ce domaine, il faut privilégier les solutions simples...»

Mais je ne suis pas forcément en désaccord avec vous. Le problème est que nous manquons cruellement de données fiables et réalistes. Pour les avoir, il faut expérimenter. Et pour expérimenter, il faut installer. Et pour installer, il faut cesser de créer des obstacles.

Et quand on ose dans une approche de filière, on a aussi l'industrie – les emplois, les bénéfices, les exportations, l'excédent de balance commerciale – qui va avec. Le biogaz, c'est unsere deutsche Freunde. Les meilleures chaudières à pellets, c'est unsere oesterreichische Freunde.

Nous, on a les meilleurs spécialistes en bâtons dans les roues.

Wackes Seppi | 13 février 2013 à 17h03 Signaler un contenu inapproprié

Que Wakes Seppi se rassure, j'aime beaucoup les allemands et leur reconnais des qualités indéniables.
Ceci ne m’empêche pas de lutter contre leur discours de proclamer qu'ils sont écologiques, qu'ils sont les rois de l'écologie alors qu'ils polluent 50% plus que nous et qu'ils n'hésitent pas à dégrader de grands pans de leurs paysages.
Je lutte tout autant contre notre penchant national, opposé, de nous auto-dénigrer alors que dans de nombreux domaines nous sommes excellents.
C'est l'objet des constats chiffrés que je distille régulièrement .
Autre cheval de bataille, privilégier les solutions simples par opposition aux usines à gaz (sans jeu de mot) dont la promotion est activement soutenue par ceux qui y ont intérêt, les concepteurs de matériels et les exploitants (J'ai travaillé un temps dans le groupe Suez).

VD69 | 13 février 2013 à 22h31 Signaler un contenu inapproprié

Complément pour Wackes Seppi.
J'avais évoqué "Deutschland über alles" , je me suis depuis renseigné, cet hymne datant de l'époque impériale a été supprimé de l'hymne suite à son détournement par les nazis qui justement avaient détourné sans le dire pour "Uber Allem". C'était un dérapage partiel .
Complément sur mes combats : La soit-disant "qualité" allemande (ou autrichienne ) que vous reprenez volontier. C'est un scandale que les rares production à vanter leur fabrication sur l'hexagone (hors luxe et alimentaire) sont celles de sociétés étrangères (Toyota pour le Yaris par exemple). Savez-vous que les deux monospace les plus fiables pour l'Automobile Club allemand sont : ... le C4 Picasso et le Scénic Renault . Interdit de le dire en France car contraire à notre dénigrement maladif. De nombreuses fabrication hexagonales de qualité se sentent obligées de se cacher derrière une sonorité germanique ( Vorwerk, De Dietrich, etc. ). Là où l'on atteint des sommets, c'est d'entendre nos propres ministres vanter les productions étrangères et dénigrer nos propres productions.

VD69 | 13 février 2013 à 22h55 Signaler un contenu inapproprié

Wakes seppi,
Vous vous contredisez... Vous avez vous même précisé que l'efficacité d'un digesteur tient plus en l'équilibre de ce qu'on y met que la quantité...

Donc rien d’incompatible avec une utilisation modérée (car aucun de même message ne dit que je suis contre, relisez-moi) de cultures énergétiques (effectivement dans une rotation longue ou en culture intermédiaire, souvent obligatoire avec l'éco-conditionnalité, et non pas en monoculture de maïs dont vous semblez être fan).

Et s'il vous plait arrêtez de parler idéologie à tout bout de chant quand le débat tourne autour de solutions concrètes... Gardez ces arguments pour les débats sur les OGM (vous en usez et abusez...). Je suis fils d'agriculteur et j'adore le mot rendement ! Mais étant en terres pauvres, j'adore encore plus les mots marge, bilan, rentabilité... Il faut être pragmatique, comme vous dites !

jujuniep | 14 février 2013 à 09h18 Signaler un contenu inapproprié

Petit complément également :
Je travaille dans une collectivité qui a comme projet de valoriser le biogaz issus d'un centre d'enfouissement et d'y adjoindre un méthaniseur. Le projet est de se tourner vers l'approvisionnement locale : 1/3 fumiers des agris du coin, 1/3 déchets verts des communes, 1/3 bio déchets (alimentaires...).

Pas de cultures énergétiques dédiées pour ce méthaniseur (en tout cas pas à ce stade de la réflexion), idée de toute façon rejetée par ma collectivité (loin d'être écolo pourtant) ET par les agriculteurs qui ne veulent pas produire pour alimenter un digesteur. Pas d’idéologie bobo donc.

Valoriser les déchets oui, quitte éventuellement à faire un peu de maïs ou autre pour équilibrer le tout (j'ai dit un peu), ça peut marcher... même en France.

Par contre est-ce que cela va prendre beaucoup plus de temps à monter que chez nos voisins, c'est probable. Je ne dis pas qu'une procédure et une réglementation plus simple ne ferait pas de mal...

jujuniep | 14 février 2013 à 16h01 Signaler un contenu inapproprié

Pourquoi s'évertuer a faire du mais ensilage pour nourrir des digesteurs?? Mieux vaut le produire pour nourrir notre bétail et limiter nos importations brésiliennes!!
Pourquoi ne pas généraliser les initiatives comme géotexia (centre bretagne), la création de méthaniseurs commun à plusieurs agriculteurs au sein d'une comunauté de commune permet de mieux valoriser la chaleur produite par la digestion des déchets agricoles et communaux!
C'est beaucoup plus complexe a monter certes, mais ça fonctionne et il y a très peu de complication pour les agriculteurs!!
et cerise sur le gateau ce modèle permet de créer de l'emploi rural ou rurbain durable... alors finissons en avec le sacro saint modèle allemand de méthanisation à la ferme et développons un modèle français de méthanisation par territoire!!!

matkar | 16 février 2013 à 20h01 Signaler un contenu inapproprié

Pour avoir travaillé sur des projets de méthanisation, je voudrais dissuader les rêveurs de croire que cette technologie est globalement capable de produire de l'énergie du berceau à la tombe.
C'est une technologie tout à fait intéressante pour traiter des déchets, des sous-produits dont on finance l'élimination et déjà dans ce cadre, il est illusoire de penser rentabilisation sans subvention.
Cette technique nécessite de rassembler
- un gisement à traiter varié avec un bon équilibre carbone sur azote, un peu de graisses comme booster mais pas trop (toxique en grande quantité) et avec si possible des produits dont l'élimination actuelle est chère.
- une utilisation simple du biogaz, l'idéal étant une industrie utilisant de la chaleur 12 mois sur 12. Les impuretés et les variations de ce biogaz rendant sont exploitation en moteur à explosion réservée aux grosses installations . Pour mémoire la ville de Lille est repassée au gaz naturel pour ses bus modifiés à grands frais pour etre alimentés au biogaz.
- une technologie à la fois simple et pilotable pour le traitement des solides. Pour mémoire la première installation mondiale de méthanisation des ordures ménagères est française, sur une technologie française à Amiens.

Il faut en somme éviter les "usines à gaz".

VD69 | 18 février 2013 à 10h48 Signaler un contenu inapproprié

Un des principaux intérêts de la méthanisation peut-être l'autonomie (énergie, amendement organique) de chaque exploitation agricole pouvant disposer d'une quantité de matière captive nécessaire à un projet. Cette approche "circuit court de la méthanisation" peut également permettre le développement d'activités économiques agricoles nouvelles par l'utilisation de la chaleur disponible.
Les projets méthanisation de type "collectifs" ont pour limite l'augmentation croissante de la valeur des déchets organiques.

biodav | 21 février 2013 à 00h25 Signaler un contenu inapproprié

Questions simples:
Quel bilan énergétique total?
Quel bilan CO2 total? (par rapport à l'éolien, le champion en la matière)
Quelle utilité par rapport à une production agricole classique "alimentaire"?
Quel cout pour le Français?
Quel risque sur l'alimentation?
Quel intérêt pour le cultivateur?
Quel rendement énergétique au m2?

arthur duchemin | 21 mars 2013 à 18h35 Signaler un contenu inapproprié

Article remarquable et rapport non en moins remarquable. Pour une fois que les Inspecteurs généraux, éminents ingénieurs des Ponts, Eaux et Forêt ainsi que de l'Agriculture osent dire la vérité !

Ce sujet de la méthanisation, pour moi qui ai connu près de 50 secteurs différents dans 25 pays donne envie de PLEURER.
Tout y est : jalousie, mauvaise foi, mensonge, bêtise humaine à se tapper la tête contre les murs. Je suis très violent mais aussi très remonté contre la bêtise : mais arrêtons de parler des allemands... ils ne vous ont rien fait ! Ils bossent !
Je ne suis pas un philo-boche mais quand même...
Alors vive la métha à la ferme, droguée de subventions à 9 KE / KW.
C'est parceque nous n'avons plus les ambitions de nos pères (nucléaire, tgv, aéronautique...) que nous devenons tout justes bons à acheter les merdasses chinoises au supermarché.
Voilà un magnifique sujet pour booster la diversification agricole, l'énergie décentralisée, l'emploi, l'agronomique... et il faut le prendre seulement sous l'angle absurde du tout déchet ? Mais les déchêts deviennent des co-produits et là ils coutent... et ils font comment les écolos qui croyaient alimenter leurs méthaniseurs avec de la graisse ? Ils faut accepter de mettre des végétaux ! C'est ce qui nourrit la vache, c'est ce qui doit nourrir les méthaniseurs. Voilà.
Et 2% de la surface en rotation... ce n'est RIEN.
Les râleurs jaloux : roust !

D Q de la M | 05 juillet 2013 à 10h49 Signaler un contenu inapproprié

Qu'est ce qu'on peut lire comme aberration!
Le biogaz répond à une problématique de mix énergétique avec un avantage sur l'éolien, le stockage. En utilisant des cultures intermédiaires CIVE, il n'y a pas de concurrence avec l'alimentaire, le potentiel de production sur 20 millions d'ha, dans l'absolue, serait de 60 milliard de m3 de gaz, soit 1 fois et demi le volume ne nos importations, ajoutez les déjections animales, les déchets organiques industriels, qui sont compatibles. D'autre part il n'y à une comparaison entre du mais et du soja, l'un apporte essentiellement des protéines, l'autre de l'énergie, si vous nourrissez des animaux avec du mais, ils engraissent, mais ne produisent pas de viande, leur régime alimentaire doit être équilibré comme chez un humain.
Sur un plan purement environnemental, le bilan des émissions de co2 et neutre, par contre l'utilisation du méthane permet d'éviter le rejet d'un GES beaucoup plus puissant que le co2, ajoutez les économies d'engrais minéraux, de pesticides. N'oubliez pas de déduire les émissions de co2 engendrées par l'incinération.
Sur un plan économique, si les coûts sont supérieur, il vous faut intégrer les retombées indirectes, potentiellement 100 000 emplois à la clé, autant de recettes fiscales, sociales, ainsi qu'une réduction des dépenses. Enfin si vous voulez plus de détail, visitez les pages consacrées sur le site du ministère de l'agriculture, ou la documentation de l'Ademe (PDF), en googlant.

JFK | 10 septembre 2013 à 02h29 Signaler un contenu inapproprié

Je vous recommande le document édité par l'Adéme, en googlant Méthanisation agricole et utilisation de cultures énergétiques, c'est un PDF assez complet même si il n'intègre pas les dernières évolutions et techniques comme le biomax, la méthanisation BERT... Ce site ne permet pas de développer d'avantage.

JFK | 10 septembre 2013 à 02h40 Signaler un contenu inapproprié

JFK prend un ton assuré et péremptoire, mais pour dire quoi? Après avoir lu quatre fois son message, il parle d’aberration , mais quelle aberration? Promouvoir les cultures énergétiques ou au contraire les bannir. Ce caractère flou de ses conclusions est excusable vue l'heure tardive de rédaction.
J'ai plutôt l'impression qu'il veut les promouvoir en disant que cela peut combler largement les importations de gaz mais appelle à lire le rapport de l'ADEME qui en termes diplomatiques préconise de limiter la méthanisation au traitement des déchets organiques (agricoles, urbains et industriels).

VD69 | 10 septembre 2013 à 10h05 Signaler un contenu inapproprié

C'est vous qui parlez de ton péremptoire, relisez vos commentaires, vous semblez survoler le sujet, ce document évoque les Cives, associées aux techniques culturales simplifiées. Vous n'avez pas du lire le bon PDF, c'est vrai que l'Ademe est plutôt discrète quand il s'agit de promouvoir le biogaz agricole. D'autre part, même à 2 heures du matin, je maitrise mieux le sujet que vous à 10 heures, soyez mieux informé avant d'affirmer. La limitation des commentaires ne m'a pas permis de développer d'avantage.

JFK | 10 septembre 2013 à 14h17 Signaler un contenu inapproprié

VD69, le rapport fait 130 pages, même si il date un peu et n'est pas complet, je doute que vous l'ayez lu pour arriver à votre conclusion. Visitez aussi les pages du site du ministère de l'agriculture sur le même sujet.

JFK | 10 septembre 2013 à 14h35 Signaler un contenu inapproprié

Désolé JFK, mais même après deux commentaires supplémentaires, je n'ai toujours pas saisi si vous êtes pour ou contre les cultures énergétiques.

VD69 | 10 septembre 2013 à 15h57 Signaler un contenu inapproprié

Mon opinion n'a aucune importance en ce sens, il ne s'agit pas d'une approche manichéenne, si on produisait des cultures énergétiques dédiées mais qu'on compensait leur impact par la production de culture intermédiaire le résultat serait le même. Je suis pour la production agricole privilégiant les techniques culturales simplifiées, l'agriculture de conservation, la création d'emploi en territoire rural, la production d'énergie renouvelable, la défense de l'environnement. Pour la réduction du déficit de la balance commerciale lié aux importations d'énergie fossile, en créant de la valeur ajoutée et de l'activité économique...

JFK | 10 septembre 2013 à 16h56 Signaler un contenu inapproprié

Jfk,
Vous m'avez convié à lire le rapport de l'ADEME, ce que j'ai fait.
La seule culture énergétique qui n'est pas entièrement négative est, d'après ce rapport le sorgho. Vous noterez toutefois en relisant ce rapport que cette production est taxée d'une note "éthique " de 2/10, à égalité avec le maïs en queue de tableau.
Cela va-t-il confirmer ou infirmer votre perception? Vous seul pouvez répondre.

VD69 | 11 septembre 2013 à 22h35 Signaler un contenu inapproprié

Le rapport date de 89 et cette partie comme d'autre a du vous échappé:
D’où l’identification des besoins suivants en recherche/expérimentation :
- études sur l’intérêt des cultures dérobées pour la production de biogaz,
- plus largement études sur l’utilisation de systèmes de cultures « alternatifs » pour la production de biogaz : développement d’itinéraires à bas niveau d’intrants pour l’utilisation en méthanisation, expérimentations sur des espèces ou variétés plus rustiques, allongement des rotations, cultures associées, etc. Plusieurs projets de recherche en Autriche (Amon et al.) et en Allemagne (projet EVA en particulier) sont orientés vers ces problématiques.
Les données disponibles, que ce soit sur le potentiel méthanogène des cultures ou sur leurs rendements en biomasse et leurs itinéraires techniques, se limitent trop souvent aux cultures dites conventionnelles.
1.4. Performance "éthique" (concurrence avec l’alimentaire)
- Scenario Bandes enherbées : 10,
- Scenarii Cultures dérobées seules : 7,
- Scénario Culture conventionnelle + culture dérobée : 4,
- Scenarii Culture conventionnelle et prairie : 2 (nous considérons que l’agriculteur a plus de 20 ha et continue malgré tout de produire pour l’alimentaire).

JFK | 12 septembre 2013 à 13h16 Signaler un contenu inapproprié

Pour compléter, parce que je n'ai pas l'intention de poursuivre une discussion sur un site qui pratique la modération à posteriori, ni même d'essayer de vous convaincre.
J'ai évoqué le concept de Biomax, mélange de plante aux facultés méthanogénes qui peuvent encore être amélioré.
Celui des TCS (techniques culturales simplifiées) qui permettent de diviser par 2 à 3 la consommation de carburant et la charge de travail, par l'adoption du semis direct et la couverture végétale permanente. Avec des effets directs sur la réduction d'engrais minéraux, de pesticides et contribue à faire du sol un puits de carbone tout en améliorant ses qualités agronomiques en réduisant l'impact environnemental et économique.
Celui des CIVE (Culture intermédiaires à vocation énergétique) qui n'ont aucun impact négatif sur la production alimentaire, mais permettent d'augmenter la production par hectare de 50 à plus de 100% selon les cas.
Etonnant que vous puissiez être aussi catégorique alors que vos connaissances sur le sujet semblent aussi superficielles.

JFK | 12 septembre 2013 à 13h55 Signaler un contenu inapproprié

Dernière précision, l'utilisation des cultures énergétiques prend tout son sens dans un concept global, intégrant les effluents d'élevage, l'incorporation de déchets organiques de proximité, industrie, collectivité... et la possibilité d'épandage du digestat.
Sinon une alternatives comme la méthanisation BERT suffit pour les effluents d'élevage en réduisant le coût de l'installation de 50 à 70%.
Des technologies comme Enoferti pour la gestion du digestat...

JFK | 12 septembre 2013 à 14h10 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires