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Micropolluants en sortie de station d'épuration : premiers pas vers une évaluation de l'impact global

Une étude à l'initiative du Synteau et réalisée par l'Inrae s'est penchée sur l'impact global des micropolluants présents dans les eaux usées traitées sur les écosystèmes aquatiques et la santé humaine. Détails de l'approche.

Eau  |    |  D. Laperche
 Micropolluants en sortie de station d'épuration : premiers pas vers une évaluation de l'impact global

Quel est l'impact sur les écosystèmes aquatiques et la santé humaine du rejet des micropolluants présents dans les eaux usées même après traitement ? Une petite partie de la multitude de réponses possibles a déjà été défrichée. Un certain nombre d'études (1) et projets de recherche en écotoxicologie ont déjà mis en évidence au cas par cas les effets délétères de micropolluants dont par exemple les effets de perturbateurs endocriniens sur des espèces de poissons.

Le syndicat national des entreprises du traitement de l'eau (Synteau) a souhaité disposer d'une réponse plus globale et s'est tourné vers l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) pour mener une étude dans ce sens. « Nous souhaitions savoir si l'impact supposé sur la santé humaine et l'environnement est significatif ou pas à l'échelle de la France, explique Antoine Legrand, président de la commission technique du Synteau. Nous posons cette question pour jouer un rôle d'alerte car certaines molécules ne sont pas traitées par les stations d'épuration or les substances chimiques sont potentiellement des milliers à se retrouver dans les eaux… Et des pays comme la Suisse (2) sont en avance sur ces sujets et ont choisi d'imposer un traitement complémentaire à leurs stations les plus grandes ou rejetant dans les milieux les plus sensibles ».

La France a quant à elle privilégié la réduction à la source pour lutter contre cette pollution.

Evaluer la toxicité potentielle

Pour répondre à la sollicitation du Synteau, une équipe du laboratoire de biotechnologies de l'environnement de Narbonne de l'Inrae a opté pour outil particulier : une analyse de cycle de vie (ACV) issue du Programme des Nations-Unis pour l'Environnement (PNUE) qui permet d'évaluer l'écotoxicité potentielle. La base de données utilisée « Usetox (3)  » fournit des facteurs de caractérisation de la toxicité de plusieurs polluants. Les impacts sont traduits en nombre d'espèces qui pourraient disparaître par kilogramme de substance rejetée et en nombre d'années de vie perdues pour la santé humaine.

« L'intérêt du modèle Usetox est qu'il agrège de nombreuses données de devenir et de toxicité et permet de donner une vision globale », souligne Dominique Patureau, chercheuse au Laboratoire de Biotechnologie de l'Environnement à Inrae.

Résultats pour les milieux aquatiques ? Pour les 88 micropolluants organiques qui ont pu rentrer dans l'analyse, l'étude estime en moyenne à 0,13 le nombre d'espèce potentiellement disparues en un an soit une espèce aquatique en dix ans. La cyperméthrine, le PCB 101, le β-estradiol, l'amoxicilline, l'aclonifène, l'aluminium, le fer, le cuivre, le zinc et le nickel sont identifiés comme ayant les impacts potentiels sur les milieux aquatiques les plus élevés.

« Nous montrons que pour l'environnement, l'impact est modéré et pour la santé humaine très faible : pour ce dernier point, cela s'explique par le fait que nous ne buvons pas l'eau qui sort de la station d'épuration : l'exposition est plus lointaine, après le filtre de l'environnement et des procédés de traitement de potabilisation, détaille Dominique Patureau.  Ces résultats sont toutefois à regarder avec les limites de cette analyse et notamment le fait que nous avons quantifié un impact pour seulement un tiers des molécules de notre liste de départ ».

Pour l'instant, la science n'en est qu'au début de l'appréhension de cette pollution.

Des manques de connaissance à combler

Initialement, les scientifiques avaient sélectionné 286 polluants (4) à étudier en se basant sur la liste des molécules suivies dans le cadre de la Directive cadre sur l'eau mais également les enseignements de l'action nationale de recherche et de réduction des rejets de substances dans les eaux (RSDE) ou du projet Ampères. Mais une partie des substances retenues a dû être écartée de l'étude par manque de données (notamment de facteurs de caractérisation pour alimenter l'ACV).

Autre effet non pris en compte : ceux liés aux rejets de nanomatériaux, microplastiques, gènes de résistance, de bioaccumulation dans la chaîne trophique ou encore l'effet cocktail. De la même manière, les possibles variations de volumes du milieu récepteur n'ont pas été prises en compte. « Le débit des cours d'eau va diminuer de manière importante au cours du siècle, provoquant une augmentation de la concentration des substances rejetées s'il n'y a pas de réduction », pointe l'étude.

Les scientifiques vont désormais s'atteler à réduire les données manquantes. « Nous travaillons sur l'obtention de facteur de caractérisation par modélisation en utilisant une approche par analogie structurale et comportementale : nous avons développé un outil de classification des contaminants organiques au regard de leurs paramètres moléculaires. Nous mettons ceci en regard de leur comportement dans l'environnement : absorption, dégradation, transfert, volatilisation, toxicité etc., développe Dominique Patureau. Si nous obtenons plus de facteur de caractérisation, nous pourrons compléter nos informations sur les impacts ».

La chercheuse compte également décliner cette approche ACV à l'échelle d'un bassin versant.

« Nous prendrons en compte à la fois par exemple le rejet de la station, celui des déversoirs d'orage, des activités agricoles etc. et nous pourrions faire des comparaisons de scénarii, précise Dominique Patureau. Ce serait intéressant d'obtenir des données suffisantes sur le rôle des traitements tertiaires – ozonation, adsorption sur charbon - sur les contaminants qui présentent l'impact potentiel le plus élevé ».

1. Lire les micropolluants dans l'eau : des enjeux environnementaux et sanitaires majeurs<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/micropolluants-eau/enjeux-sante.php4
2. Lire La Suisse généralise le traitement des micropolluants dans ses stations d'épuration<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/micropolluants-uie/suisse-generalise-traitement-micropolluants-stations-epuration.php
3. En savoir plus sur le modèle Usetox
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36632-usetox-acv-toxicologie-especes-aquatiques-sante-humaine.pdf
4. Lire « Réduire les résidus de médicament nécessite une approche globale couplée à des actions de sensibilisation"<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/ae/dossiers/micropolluants-uie/vivien-lecomte-sipibel-reduire-residus-medicaments-approche-globale-actions-sensibilisation.php

Réactions1 réaction à cet article

" ...La cyperméthrine, le PCB 101, le β-estradiol, l'amoxicilline, l'aclonifène, l'aluminium, le fer, le cuivre, le zinc et le nickel sont identifiés comme ayant les impacts potentiels sur les milieux aquatiques les plus élevés....." Sur 10 composés, 2 pesticides, deux médicaments et CINQ métaux lourds (dont un fréquemment utilisé en agriculture bio : le cuivre) !!!!!! On est donc loin de la tendance actuelle cliché du "tout pesticide". Merci de publier cet article qui recentre notablement la problématique (et les coûteux traitements à prévoir). Je m'interroge tout de même sur la présence d'un PCB.... j'en ai dosé en labo, le PCB 101 faisait partie de la liste des 7 principaux recherchés, mais à ma connaissance, on en trouvait très peu vu que c'est un polluant très "ciblé" au niveau de sa provenance.

nimb | 05 décembre 2020 à 22h59 Signaler un contenu inapproprié

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