Depuis 2012, la pollution aux métaux lourds à proximité des anciennes mines métalliques du Gard fait polémique. Une étude officielle a mis en lumière des taux d'imprégnation des riverains aux métaux lourds supérieurs aux valeurs de référence. Ces résultats nécessitent un suivi médical particulier. Cette fois-ci, c'est au tour du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) d'alerter : il faut prendre au plus vite des mesures conservatoires pour protéger la santé des populations concernées. Leur rapport (1) , publié mi-mai, recommande notamment de rendre inconstructibles certains terrains et de clôturer les zones les plus polluées.
Le problème concerne d'anciennes mines de plomb, zinc et pyrite de fer exploitées dans le Gard jusqu'aux années 1970. En 2008, un premier rapport démontre que "d'importants problèmes environnementaux subsistaient" sur quatre communes (2) . L'inquiétude monte dans la population et en 2012, des associations et des particuliers alertent les élus. Une nouvelle expertise juge la contamination incompatible avec l'usage actuel de certains anciens sites miniers. En 2015, l'Agence régionale de santé (ARS) réalise un dépistage du saturnisme et de l'imprégnation en cadmium et en arsenic auprès des populations exposées. "Sur les 675 personnes volontaires pour ce dépistage (soit 23% de la population des communes concernées), 46 personnes ont présenté des taux d'imprégnation supérieurs aux valeurs de référence, demandant un suivi médical particulier."
Prendre sans délai des mesures
Le constat des services des ministères chargés de l'environnement et de la santé est sans appel : les concentrations en métaux lourds à proximité des anciennes mines métalliques gardoises "sont de nature à faire peser un risque important sur la santé des populations". Ils recommandent donc "de prendre sans délai des mesures conservatoires tendant à protéger la santé des populations concernées" par cette pollution. Le rapport pointe en particulier des usages "en contradiction avec les règles d'urbanisme et de salubrité publique". Il s'agit d'une activité non encadrée de motocross ou quads sur certains terrils, de l'organisation de rave parties par plusieurs personnes installées dans "des logements de fortune" sur les terrains du GFA de la Gravouillère, d'un site de transformation réhabilité en résidence secondaire et d'une maison habitée sur le site de l'ancienne laverie de minerais.
Au-delà de ces mesures d'urgence, le rapport préconise de modifier les documents d'urbanisme lorsque l'étude de l'interprétation de l'état des milieux est alarmante. Il s'agit de rendre inconstructibles les terrains pollués et d'interdire l'extension, les aménagements et le changement de destination de certains bâtiments. De même, il faut informer explicitement le public et clôturer les zones les plus sensibles pour y interdire l'accès aux promeneurs.
Le rapport recommande aussi d'actualiser régulièrement les recommandations relatives à la consommation de produits issus des zones concernées ou à proximité. De même, l'ARS devrait organiser un dispositif permanent de veille, de dépistage et d'information des personnes exposées.
Confiner les terres polluées
A moyen terme, les services ministériels "invitent" les maires à mettre en œuvre les dispositions imposant au producteur ou au détenteur des déchets miniers les mesures nécessaires pour leur confinement. Les préfets se substitueront aux maires si ceux-ci ne le font pas. Il faut définir "un plan de gestion pour rétablir la compatibilité entre l'état des milieux et leurs usages", explique le rapport. Les mesures précises à mettre en œuvre sur les sites dépendront notamment des résultats des analyses en cours sur les sols, l'eau et les poussières. Toutefois, les grandes orientations sont données par le rapport.
Sur la plupart des sites étudiés, sont préconisés des travaux de confinement des terres polluées. Les mesures envisagées sont des enrochements pour limiter les érosions, des couvertures de terre végétale et des tapis anti-érosifs sur les pentes fortes pour faciliter la fixation des végétaux. S'agissant de la pollution des eaux, les solutions à apporter au problème de la formation de lixiviats par les eaux pluviales ne sont pas décrites.