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Mobilisation des financements privés : un élan à confirmer et surtout à bien cadrer

Depuis le sommet de New York de septembre 2014, de nombreux acteurs financiers ont fait part de leurs intentions de réorienter leurs investissements vers l'économie bas-carbone. Un élan à bien cadrer pour éviter tout greenwashing.

Gouvernance  |    |  F. Roussel

La journée de l'Agenda des Solutions de la COP 21 consacrée aux financements privés a été l'occasion pour de nombreux acteurs de présenter leur politique de fléchage en faveur d'une économie bas-carbone. Lancées en septembre 2014 lors du sommet de New York, plusieurs grandes coalitions d'investisseurs ont semble-t-il bien évolué en un an. "Les objectifs sont en passe d'être atteints. Le comportement des capitaux privés évolue", a déclaré Janos Pasztor, sous-directeur général au changement climatique des Nations Unies. "Le secteur financier est au rendez-vous de cette COP 21. Il faut que les négociateurs et ministres soient à la hauteur", a déclaré Laurent Fabius, président de la COP et ministre français des Affaires étrangères.

Des déclarations d'intentions multiples

Le Conseil de stabilité financière (FSB) a annoncé aujourd'hui avoir mis en place un groupe de travail sur la mise à disposition par l'industrie d'informations sur les risques financiers liés au climat. Présidé par Michael R. Bloomberg, ce Groupe de travail sur les divulgations financières liées au climat (TCFD) fournira des informations "comparables, fiables, claires et efficaces" aux prêteurs, aux assureurs et aux investisseurs.
Selon le rapport (1) présenté en octobre par l'ONU, 1.000 investisseurs, représentant 30 milliards d'euros d'actifs gérés, ont engagé des actions en faveur du climat. L'engagement de Montréal pour le climat (Montréal Carbon Pledge), rassemblant les investisseurs qui s'engagent à mesurer leur empreinte carbone, a été signé par près de 120 investisseurs, représentant plus de 10.000 milliards de dollars d'actifs. La Coalition pour la décarbonation des portefeuilles (Portfolio Decarbonization Coalition - PDC) mise en place pour fédérer les investisseurs voulant réduire l'empreinte carbone de leurs portefeuilles a dépassé six fois son objectif, en réunissant 23 investisseurs avec 600 milliards de dollars d'actifs. Par ailleurs, à travers le mouvement Divest-Invest, 115 organismes caritatifs vont désinvestir les 200 principales entreprises de production d'énergie fossile et investiront 5% de leurs portefeuilles dans des solutions favorables au climat.

Plusieurs acteurs en ont profité pour annoncer de nouveaux engagements ou confirmer des engagements récents comme la Caisse des Dépôts ou encore le Crédit Agricole qui s'est engagé à structurer 60 milliards d'euros de nouveaux financements dans les trois prochaines années et à doubler le niveau de ses financements des énergies renouvelables en deux ans. ABP, le principal fonds de pension néerlandais, s'engage à décarboner de 25% d'ici à 2020 son portefeuille d'actions qui représente 100 Md€. 
Le fonds de retraite de l'Etat de New York - New York Common retirement Fund (CRF) - troisième fonds de pension des Etats-Unis, annonce le lancement d'une nouvelle stratégie qui se traduira, dans un premier temps, par l'application d'un nouvel indice bas carbone à un portefeuille initial de 2 milliards de dollars.

Par ailleurs, sachant que 70% des catastrophes naturelles ne sont pas encore couvertes par une assurance, la Fédération internationale des assurances mutuelles et coopératives - International Cooperative & Mutual Insurance Federation (ICMIF) - lance l'initiative 5-5-5 qui vise à protéger 25 millions de personnes de plus dans les régions les plus pauvres d'ici à 2020.

Des engagements qui restent insuffisants

Si les initiatives se multiplient, Janos Pasztor reste prudent et rappelle que ces engagements sont "inférieurs aux besoins nécessaires au respect du seuil de 2°C". Le sous-directeur général au changement climatique des Nations Unies reconnaît que "les signaux sont bons" mais il remarque que pour l'instant le secteur financier s'est intéressé en priorité à l'atténuation des émissions des gaz à effet de serre. "Il va falloir trouver de nouveaux modes de financement pour s'attaquer à l'adaptation", prévient-il. Un avis partagé par Michel Sapin, ministre français des Finances, qui appelle "les investisseurs à se tourner vers le financement de la transition énergétique des pays en développement".

La vision globale des politiques publiques prévues par les INDC est un bon point de départ. Certains investisseurs s'en saisissent à l'image de l'association des investisseurs de long terme pour les infrastructures (Long Term Infrastructure Investors Association - LTIIA) qui lance un programme pour le financement de la composante "infrastructures" des contributions nationales (INDC). Le programme pilote apportera un appui aux pays volontaires. Le Sénégal est d'ores et déjà volontaire et le programme concernera six pays au démarrage.

Emergence du marché des obligations vertes

Le mouvement initié et amplifié au cours des 12 derniers mois est surtout marqué par l'émergence du marché des obligations vertes. Ce marché mondial a atteint 36,6 milliards de dollars d'émissions nouvelles en 2014 et 38,35 milliards à la mi-novembre 2015, selon l'annonce faite par le comité exécutif des Green Bond Principles. Pour être cohérent avec le scénario 2 degrés, il faudrait atteindre un volume de 500 milliards de dollars par an. Le marché des obligations vertes doit donc se développer plus largement dans le monde et se diversifier.

Reste que le dispositif doit être amélioré : pour l'instant les green bonds ne sont pas clairement définis, il revient donc aux entreprises de déterminer si les obligations qu'elles émettent sont vertes ou pas, au risque de faire du greenwashing. Eric Jan Van Bergen du comité exécutif des Green Bond Principles reconnaît qu'il va falloir "améliorer la transparence des produits, mettre en place des procédures pour sélectionner les projets, assurer leur traçabilité et installer un reporting régulier".

Un groupe de travail informel, composé de onze institutions financières internationales (2) a présenté le 2 décembre une ébauche de cadre harmonisé (3) . Il énonce des principes de base et des recommandations et propose des indicateurs clés pour deux secteurs : l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Un premier pas vers des green bonds réellement "verts".

1. Télécharger le rapport
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25809-rapport-onu.pdf
2. Banque africaine de développement (BAfD), Agence française de développement (AFD), Banque asiatique de développement (BAsD), Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), Banque européenne d'investissement (BEI), Banque interaméricaine de développement (BID), Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), Société financière internationale (IFC), Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), Nederlandse Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelingslanden (FMO) et Banque nordique d'investissement (NIB).3. lien vers le PDF
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25809-green-bonds.pdf

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