Quatre-cent kilomètres, soit l'équivalent d'un trajet Paris-Nantes : en moyenne, c'est ce que parcourent les Français chaque semaine. Alors que le secteur du transport est responsable de 29 % des émissions de gaz à effet de serre françaises, le Forum Vies mobiles publie aujourd'hui une grande enquête sur la mobilité et les modes de vie. Réalisée en 2019 auprès de 13 201 personnes réparties sur l'ensemble du territoire, l'enquête du think tank soutenu par la SNCF, permet de mieux appréhender les usages des Français en matière de déplacements, et proposent quelques pistes pour limiter leur impact environnemental.
Les Français toujours plus mobiles
Premier constat de l'enquête : en moyenne, les Français consacrent une grande partie de leur vie – dix heures par semaine, soit l'équivalent d'une journée et demie de travail – à leurs déplacements. Déplacements qui contribuent à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre liées au transport, en hausse de 11 % depuis 1990 selon le Citepa.
Il existe cependant de grandes disparités au sein de la population française : alors que 10 % de Français y consacrent seulement dix minutes par jour, 10 % peuvent passer jusqu'à cinq heures dans les transports quotidiennement. Ces disparités s'observent également sur le plan économique et social : en moyenne, les classes populaires se déplacent moins vite, et consacrent plus de temps à leurs déplacements professionnels que les Français les plus fortunés.
Les Français vivant au sein des villes moyennes (entre 10 000 et 50 000 habitants) sont également mieux lotis que les habitants des grandes villes comme Paris, Lyon ou Bordeaux, dont la mobilité est plus chronophage, et peut être source de souffrances psychologiques. Contrairement aux idées reçues, la densité urbaine ne permet donc pas de réduire la durée des déplacements.
Le télétravail, une fausse bonne solution
Étonnamment, l'enquête montre que le télétravail ne diminue pas les émissions de CO2 du secteur du transport, puisqu'il libère du temps pour d'autres déplacements et rend « acceptable » des déplacements professionnels plus importants, car moins fréquents. Le télétravail peut donc avoir des effets pervers : pratiqué moins de deux jours par semaine, il augmente le temps et les distances de déplacement, selon le think tank.
Décarboner la mobilité : quelques pistes
Fort de ces résultats, le Forum Vies mobiles présente quelques leviers d'actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En premier lieu, le groupe de réflexion propose de développer la marche et le vélo, qui restent trop peu plébiscités par les Français pour leurs déplacements vers leurs lieux de travail : plus d'un actif sur cinq continue en effet d'utiliser sa voiture pour des trajets qui pourraient être réalisés en moins de trente minutes à vélo. Le groupe invite également les entreprises à mettre à disposition de leurs employés des véhicules peu polluants, à développer le covoiturage, et à limiter autant que possible les déplacements professionnels superflus.
Le groupe de réflexion propose également d'instaurer progressivement une politique de rationnement des déplacements carbonés, à travers l'attribution de crédits carbone. « Ces crédits ne seraient pas forcément exactement les mêmes pour tout le monde », précise Sylvie Landriève, codirectrice du Forum, en évoquant le cas des urgentistes qui pourraient avoir besoin d'effectuer plus de déplacements dans le cadre de leur travail. « Définir collectivement ces quotas aurait l'avantage de pouvoir faire des politiques plus cohérentes et admises par une grande partie de la population. »
Une refonte profonde de nos modes de vie est donc nécessaire pour décarboner nos déplacements, note le groupe de réflexion. Christophe Gay, codirecteur du Forum, note qu'il est essentiel de repenser l'aménagement du territoire, notamment en « redécouvrant les villes moyennes », en « déconcentrant les activités » et en « repensant l'organisation du travail », par exemple en rapprochant les lieux de travail des habitations. Plus globalement, le